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Résultats de "l'expérience" 80 km/h : le Comité indépendant d'évaluation reste plus que sceptique

Le comité indépendant d'évaluation des 80 km/h communique aujourd'hui son analyse sur les résultats du mois de janvier en matière de sécurité routière et sur les commentaires qui en ont été fait par la DSR (Délégation à la sécurité routière). Contrairement à cette dernière, il reste plus que sceptique sur l'interprétation faite des résultats et le gain de mortalité dû aux 80 km/h.

Résultats de "l'expérience" 80 km/h : le Comité indépendant d'évaluation reste plus que sceptique

Le premier février dernier, la Sécurité routière présentait les résultats en termes d'accidentologie et de mortalité sur l'année 2019. En commentaire, un satisfecit sans ambiguïté sur la mesure de limitation de vitesse à 80 km/h sur le réseau secondaire, qui aurait permis d'épargner 211 vies.

Pour le Comité indépendant d'évaluation des 80 km/h (CIE), ces commentaires "dithyrambiques", cette "autocongratulation officielle" laisse penser que les chiffres sont historiques et que la baisse de la mortalité est spectaculaire.

Mais en réalité, le Comité pointe que les chiffres de baisse sont opaques, non justifiés par une analyse précise, et attribués à 100 % à la baisse de la vitesse de 90 à 80 km/h sur le réseau secondaire, sans tenir compte de rien d'autre. Et qu'en réalité, selon eux, les résultats sont "tristes", et l'analyse de la sécurité routière "insultante pour le bon sens des Français".

 

Des chiffres globaux stagnants

Pour eux, les chiffres de mortalité sont stagnants. Ils se basent sur les chiffres concernant la France entière, y compris l'Outre-Mer. Ces derniers font état qu'en 2019, il y a eu 5 morts de plus sur les routes (3 493 contre 3 488), mais 9 vies tout de même épargnées en métropole. Par rapport à 2013, qui correspond au plus bas historique du nombre de décès sur les routes, soit 3427, c'est 66 morts en plus. La baisse moyenne de mortalité a été de 246 tués par an sur les 50 dernières années, de 283 tués sur les 20 dernières années, et de 103 sur les 10 dernières. La stagnation est donc pour eux un "triste résultat". Et le présenter comme un succès historique une insulte pour le bon sens des Français, nous l'avons dit.

 

La France perd 184 millions d'heures et 2,6 milliards d'euros. Et la mortalité globale stagne, en réalité 

Quand la sécurité routière isole les routes secondaires, ils escamotent donc la réalité de la globalité du territoire. Cependant ils n'ont pas tort pour autant, n'en déplaise au Comité indépendant.

Là où c'est opaque, relève ce dernier, c'est qu'à l'intérieur du réseau dit HAHA (hors autoroute et hors agglomération), les tronçons auxquels s'appliquent les 80 km/h sont mal définis, et surtout dépourvus de véritables statistiques, alors même que le Comité les réclame de façon réitérée.

Il estime donc qu'il serait "hasardeux de prétendre que des estimations à la méthodologie opaque pourraient servir de base à un bilan objectif".

En outre, le CIE relève qu'il n'est pas sérieux d'attribuer la baisse du nombre de victimes sur le réseau passé à 80 km/h à cette seule mesure. Et ils en veulent pour preuve qu'avant la mise en place de la mesure, sur les 12 mois précédents plus exactement, la mortalité avait diminué de 96 tués, alors que la vitesse maximale restait fixée à 90 km/h.

 

La France mauvaise éleve, et elle perd du temps qui coûte cher

Le CIE élargit aussi son analyse en comparant la France à ses voisins, et constate que nous sommes de mauvais élèves (ils parlent de résultat "navrant"). En effet, le nombre de décès par millions d'habitants est de 39 en Allemagne, de 28 au Royaume-Uni, mais de 50 en France. Alors même que la vitesse limite sur le réseau secondaire est de 100 km/h en Allemagne et de 97 km/h au Royaume-Uni.

Le CIE ajoute que l'analyse de la sécurité routière oublie aussi de parler du temps perdu à cause de cette mesure. Ils font un simple calcul mathématique : un trafic de 257 milliards de véhicules sur l'année, avec 1,55 personne en moyenne à bord, qui roulait avant à 82 km/h en moyenne sur le réseau secondaire, et maintenant à 79 km/h. Ils arrivent à une perte de temps de 184 millions d'heures. Et multiplient ce résultat par 14,4 €, qui est la valeur moyenne de l'heure de transport officielle. Cela donne un coût en temps perdu de 2,6 milliards d'euros par an. Une perte qui pour eux touche surtout les zones rurales, déjà les plus fragiles.

Pour eux, il ne faut pas escamoter cela dans l'analyse de la mesure, car cela serait ignorer la dimension territoriale et sociale de cette dernière.

 

Bien sûr, on l'a remarqué, le CIE est depuis le début anti-80 km/h. Cependant, et même si leur analyse est également assez caricaturale, et qu'ils font parler les chiffres à leur idée, on ne peut leur retirer le fait qu'ils pointent du doigt certaines incohérences, qu'ils font face à une réelle opacité des pouvoirs publics dans la transmission de données fiables statistiques sur la mesure, et que la sécurité routière fait "aussi" dire ce qu'elle veut aux chiffres.

La vérité est donc comme souvent probablement entre les deux.

Pour ceux qui le souhaitent, le communiqué du CIE est consultable au format .pdf, en fin d'article.

Communique_CIE.pdf

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