Reportage exclusif à Shimoyama, le centre top secret où Toyota-Lexus à créé un mini-Nürburgring
REPORTAGE. Cap sur le Japon pour une visite exclusive de l’incroyable centre de R&D Toyota-Lexus de Shimoyama, qui vient d’ouvrir ses portes. L’occasion aussi de prendre les commandes d’un étrange prototype sur un circuit directement inspiré du mythique Nürburgring.
Il y a quelques jours, nous vous parlions de la façon dont Akio Toyoda, président de Toyota, avait crashé une Yaris de rallye, puis transformé sa mésaventure en une magistrale leçon managériale. L’histoire s’est déroulée sur l’une des pistes du centre de Recherche & Développement Toyota-Lexus de Shimoyama, actif depuis 2019 mais où les derniers travaux ont été achevés au mois de mars dernier. Ce complexe ultra-secret a récemment ouvert ses portes à une petite poignée de médias internationaux, et Caradisiac était l’unique représentant de la France invité à l’événement. Un honneur, donc. Situé dans une zone montagneuse du centre du pays, à environ une heure de route de la ville de Nagoya, ce complexe s’étend sur une surface 650 hectares (6,5 km2), dont 60% sont recouverts d’une forêt luxuriante assurant une parfaite tranquillité vis-à-vis des regards indiscrets. Toyota insiste d’ailleurs sur le soin apporté à la préservation de l’écosystème, et résume les choses ainsi : «tough on vehicles, friendly on nature», que l’on pourrait traduire par «maltraiter les voitures, mais préserver la nature.»
Car ici, les 3 000 employés travaillent dur à développer les futures Toyota, Lexus, ainsi que des modèles de sport et de compétition labellisés GR (Gazoo Racing). A cette fin, ils ont à leur disposition des bâtiments à l’architecture époustouflante, aux parties communes en harmonies de bois clair et de nuances de gris sombre, décor qui ne déparerait pas dans un James Bond. Les immenses open spaces, très aérés et avec d’immenses baies vitrées ouvrant sur la nature environnante, sont si vastes que des trottinettes électriques sont mises à disposition des employés qui veulent les traverser rapidement. Le tout se complète d’équipements de sport, de relaxation, d’une salle de yoga, et même d’une boulangerie ! Et pour faciliter les échanges entre les employés, les distributeurs de boissons sont gratuits à partir du moment où deux personnes scannent leur carte simultanément sur l’appareil.
A Shimoyama, on achève bien les Toyota (et les Lexus!)
Les voitures en cours de développement, ainsi que les modèles de la concurrence y sont bien sûr étudiés de près : le jour de notre présence, nous avons notamment aperçu une Tesla Model S, une Renault Arkana (!) et une Hyundai Ioniq 5. Ceux-ci sont soumis à la question sur les quatre circuits du site, dont un en terre, théâtre des «exploits» d’Akio Toyoda évoqués plus haut.
Mais celui dont Lexus est le plus fier est aussi le plus sélectif, puisqu’il tire pleinement parti des inégalités du relief pour s’inspirer directement du mythique Nürburgring, absence de dégagements inclus ! Longue de 5,4 km, la piste compte 32 virages plus ou moins serrés, sur un bitume de qualité variable, avec 75 mètres de dénivelé permettant d’alterner les phases de compression/décompression. En cas d’erreur de conduite sur ce circuit permettant d’assurer les tests dits de «route de campagne», la voiture butera illico sur des rails de sécurité ultra-renforcés, lesquels empêchent de finir sa course dans les cèdres et autres bambous géants avoisinants.Un environnement ultra-exigeant, donc.
« Environ 3 000 personnes, dont des membres du développement et des pilotes d'essai de GR et Lexus, conduiront, casseront et amélioreront les voitures ici. Plus nous conduisons et cassons des voitures, meilleures elles deviendront », résumait Akio Toyoda le jour de l’inauguration officielle. « En tant que maître-conducteur moi-même, j'ai hâte de passer beaucoup de temps à conduire sur les routes de Shimoyama. Les routes de Shimoyama façonnent nos voitures. »
"Conduisez chaque proto comme si vous aviez un crédit dessus!"
Le jour de notre visite, Toyota & Lexus nous avaient réservé une petite surprise en nous permettant de prendre en mains quatre prototypes sur ce mini-Nürburgring. Même chaperonnés par des employés chargés de modérer nos excès d’enthousiasme au volant, avouons que nous n’en menions pas forcément trop large à l’idée de conduire ces exemplaires uniques (ou presque). "Conduisez chaque proto comme si vous aviez un crédit dessus", nous a ainsi conjuré en souriant un responsable de la communication Lexus.
Le premier d’entre eux était un RZ 450 e « steer by wire », c’est-à-dire sans lien physique d’aucune sorte entre la direction et les roues. Une technologie encore rare, puisque le seul modèle à en disposer aujourd’hui est le Tesla Cybertruck. Ce n’est bien sûr pas après un tour de circuit que je suis en mesure de vous en dresser un bilan très détaillé, mais j’ai été frappé par le caractère «naturel» de cet équipement, qui met à l’aise dès les premiers mètres. Aucun flou dans cette direction à la consistance impeccable, et réponse instantanée qui permet d’affiner les trajectoires : équipement validé par votre serviteur, donc…en attendant l’arrivée d’une telle technologie dans les gammes Toyota (sur le bz4x) Lexus (sur le RZ), annoncée pour l’an prochain. De véritables tests routiers nous permettront de nous prononcer avec plus de précision.
Lexus électrique... à boîte manuelle!
Le deuxième modèle testé à Shimoyama était un Lexus UX électrique doté d’une « véritable » boîte manuelle, pédale d’embrayage incluse, et d’un système permettant de disposer d’une sonorité de voiture thermique (plusieurs modèles au choix, dont la VW Golf ou la Lexus LFA). Des fonctionnalités amusantes, quoiqu’un peu étranges, et donc on perçoit assez mal l’intérêt sur un paisible SUV. D’une part parce que les performances restent modestes, d’autre part parce que l’on ne peut même pas « frimer » vis-à-vis des passants avec un bruit de bolide comme on peut le faire avec la brillante Hyundai Ioniq 5N. Peut-être faudrait-il réserver un tel équipement à un modèle à vocation sportive...ce qui pourrait bien finir par arriver.
Enfin, mes deux derniers tours de manège ont été effectués au volant de la limousine Lexus LS, pré- et post-restylage. Une expérience intéressante, puisque cela permet de mesurer instantanément les progrès d’une génération à l’autre. Le takumi (terme qui désigne un maître au Japon, et en l'occurrence ici un "maître-conducteur") qui m’accompagnait parut satisfait de me voir constater de véritables progrès en matière de confort, notamment sur la partie la plus bosselée du circuit. Et c’est sur ce dernier test que s’est achevée cette visite de Shimoyama, qui nous a aussi permis d’entrapercevoir de nombreuses voitures camouflées qui forcément titillent l’imaginaire. Parmi celles-ci, une Lexus très sportive qui fera prochainement l’objet d’un essai vidéo exclusif sur Caradisiac. Mais chut, je vous en ai déjà trop dit...
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