Radars embarqués : pour quand dans nos voitures ?
Des voitures radar conduites par des salariés du privé, c'est pour l'automne prochain. Je trouve cela terrifiant, mais pas pour les raisons entendues partout...
100 000 € la voiture radar ! Pour 40 000 € de moins, j'aurais préféré que nos pandores s'équipent de la nouvelle Alpine, comme à la grande époque du "véhicule d'interception". On les aurait reconnues de plus loin, cela aurait mis un peu d'ambiance sur la route, mes amis motards auraient gardé leur chance et il y aurait eu de jolis films d'action sur youtube.
Mais il faut reconnaitre que la voiture radar est plus efficace pour nous faire lever le pied. Et puis surtout, confier des Alpine à des conducteurs du privé, c'est plus délicat que des Mégane, des 308, des Sandero...
Pourtant, cela aurait fait moins scandale que de leur confier des radars embarqués. La Sécurité routière a beau répéter que ces salariés ne seront pas intéressés au nombre de PV, qu'ils n'auront aucune possibilité d'action sur le dispositif et se borneront à conduire 6 à 8 heures par jour sur l'itinéraire GPS défini par les autorités locales, la colère ne retombe pas : l'Etat lâche des chasseurs de prime sur la route et privatise une mission régalienne sacrée.
Le radar invisible et imparable...
Je m'en veux de le penser, mais je trouve que c'est tout simplement de la bonne gestion. Les 383 voitures équipées déjà en service ne roulaient, en moyenne, qu'à peine plus d'une heure par jour faute de personnels disponibles.
A 38,3 millions l'investissement, on peut comprendre qu'il faille le rentabiliser. En terme financiers mais aussi de vies sauvées. Ceux qui martèlent que ces radars mobiles, les seuls indétectables et invulnérables aux Waze et Coyote n'auront aucun impact sur la mortalité routière sont les mêmes que ceux qui affirment que la brutale dégringolade de la courbe des tués de 2002-2003 n'a que peu, voire aucun rapport avec l'annonce et la mise en place des radars automatiques. Et souvent les mêmes aussi, qui réclament plus de moyens humains pour lutter contre la délinquance, le terrorisme et les trafics. Faut-il se satisfaire de savoir 766 gendarmes - deux par auto - sillonner incognito la campagne en distribuant des prunes ?
... dans la voiture de Papy Mougeot ?
Ce qui m'étonne le plus dans cette affaire, c'est que l'on se scandalise du caractère "privé" des conducteurs de ces voitures de police "publiques".(lien : https://www.caradisiac.com/voitures-radar-conduites-par-des-prives-une-experimentation-potentiellement-tres-polemique-112855.htm)
Pas de la vertigineuse perspective qu'ouvre cette innovation administrative : si des pékins moyens peuvent manoeuvrer ces distributeurs ambulants de PV, c'est que nous pouvons tous le faire. Après tout, la nouvelle Citroën C3 a déjà sa "connected cam" qui filme à la demande. Qui empêcherait papy Mougeot de "capturer" le gus qui lui fait une queue de poisson ou le dépasse à fond de 4 et d'envoyer la video full HD à la gendarmerie ou à la préfecture ?
Il suffirait de miniaturiser un peu le matériel des 308 et Mégane pour le rendre encore plus discret, d'en réduire le coût par augmentation de la production et il ne serait pas bien sorcier d'équiper, aux frais de l'Etat, les voitures de quelques dizaines ou centaines de milliers de particuliers. Qui ? Je connais des justiciers de la route qui se porteraient candidat. Et de volontaire, le job deviendrait obligatoire...
Chaque conducteur serait, qu'il le veuille ou pas, le flic de tous les autres : le dernier grand bond en avant de la Sécurité routière avant l'avènement de Sainte Voiture Autonome, l'enfer sur la route.
On peut y croire ou pas, ceux qui ricanent se seraient sans doute bidonnés il y a vingt ans si on leur avait parlé de 5000 radars automatiques sur nos bas-côtés.
La question qui vaut, c'est : "jusqu'ou est on prêt à enquiquiner 40 millions de conducteurs pour sauver X vies ?" X, c'est peut être une seule, peut-être mille et même trois mille quatre cent soixante-neuf, le nombre de tués sur nos routes l'an passé.
A cette question, chacun a sa réponse mais il n'y en a qu'une seule dicible : il n'y a pas de limites, la vie humaine est sacrée et n'a pas de prix. C'est pour cela que les adversaires de toute nouvelle mesure de répression ne disent jamais "fichez nous la paix, on est assez emm...dés comme cela". Ils disent "ça ne marchera pas, c'est inutile, inadapté, on ferait mieux de faire ceci ou cela".
Personnellement, je serais tenté de répondre que le goût du risque et de la transgression sont dans la nature de l'homme. Et que la prévention du risque et la répression de la transgression sont ancrées dans sa culture. Et je renvoie la question : que veut-on faire de l'homme ?
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