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Qui pédale en France ? Spoiler : pas tout le monde, et surtout pas pour aller travailler

Chaque année, le gouvernement nous livre ses chiffres officiels sur la pratique du vélo. En 2024, les résultats sont pour ainsi dire, contrastés.

Qui pédale en France ? Spoiler : pas tout le monde, et surtout pas pour aller travailler

Chaque année, L’enquête nationale sur l’usage du vélo a été réalisée pour le compte du ministère chargé des transports et de la Délégation à la sécurité à la sécurité routière rend ses résultats. Ici, la méthode des quotas a été utilisée. Ce sont 12 582 personnes âgées de 11 à 85 ans, répartis par moitié sur les mois de juin et octobre 2024 qui ont répondu.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que contrairement aux idées reçues, nous assistons à une baisse de la pratique du vélo en France. Deux petits pourcents certes, mais ça compte, tandis que les médias laissent à penser le contraire.

  1. Tout le monde aime le vélo… mais surtout quand les autres pédalent

Commençons par le chiffre phare : 35 % des Français disent utiliser un vélo au moins une fois par mois. C’est mieux que rien, mais moins bien qu’avant : ils étaient 37 % en 2023. La courbe ne monte donc pas, elle vacille. Pire encore, 46 % des Français ne montent jamais sur un vélo. Ni pour bosser, ni pour aller chercher le pain, ni pour flâner le dimanche. Jamais. On peut donc parler, sans trop exagérer, d’un sport minoritaire dans son propre pays.

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En comparaison, le nombre de propriétaires de piscines privées en France frôle les 10 %, ce qui signifie que, statistiquement, il y a plus de gens qui entretiennent une piscine que de gens qui utilisent leur vélo tous les jours.

  1. Qui sont les pédaleurs de l’Hexagone ?

L’enquête creuse un peu plus et révèle que le vélo, c’est comme le bio ou les films en VO : c’est surtout pour les gens qui ont le budget. Un paradoxe face au coût d’une voiture qui est vite relativisé : le delta du coût pour se loger couvre largement le surcoût imposé par une voiture. Comprenez que dans le cas où vous pouvez totalement substituer le vélo à l’automobile, le coût de votre logement est largement supérieur à celui d’un équivalent plus celui d’une voiture à distance.

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C’est ainsi que 42 % des personnes qui gagnent entre 7 000 et 8 000 euros par mois font du vélo chaque semaine, contre seulement 22 % des gens au SMIC. Ce n’est pas faute d’aimer le vélo, c’est juste que tout le monde n’a pas les moyens de vivre à 15 minutes de son lieu de travail dans une ville cyclable lorsque presque 90% de l’activité du pays est tertiaire.

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Hors cadre professionnel, les étudiants auxquels les parents n’ont pas les moyens d’offrir une Citroën Ami pédalent pour aller au lycée ou se déplacer. C’est moins cher et moins dangereux qu’un scooter 50 cm3. Ce qui signifie que l’infrastructure et la proximité favorisent allègrement la pratique du vélo. Ça sonne comme une évidence, mais parfois, les évidences méritent d’être dites.

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La fracture sociale ne s’arrête pas là : les hommes pédalent plus que les femmes (31 % contre 19 %). Les jeunes plus que les vieux. Les urbains plus que les ruraux. En résumé, la France qui pédale est surtout jeune, masculine, riche et citadine. Mais les choses seront amenées à changer, en témoigne la disparité en métropole qui ne suit pas la tendance.

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  1. Utilisation : le vélo, c’est surtout pour se détendre

Il faut aussi parler des usages. Le vélo, en France, reste principalement un loisir. Un tiers des trajets sont réalisés pour le plaisir, et cela représente plus de la moitié des distances parcourues. À côté, l’usage utilitaire est minoritaire. Seuls 17 % des cyclistes l’utilisent pour se rendre au boulot, 28 % pour faire des courses, 23 % pour aller à un rendez-vous.

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Donc oui, le vélo est en hausse, mais pas forcément là où on l’attend. On ne va pas s’en plaindre, mais ce n’est pas exactement la « révolution verte » qu’on nous promet. Ce qui prouve que « révolutionner » le moyen de se déplacer sans s’interroger sur les raisons du déplacement et les contraintes imposées par ce dernier revient à prendre le problème à l’envers.

Il en résulte ce que nous disons depuis 5 ans sur Caradisiac et que l’on peut lire ailleurs : les gens font du vélo pour son aspect plaisant, pratique et, lorsque c’est le cas, économique. Mais la contrainte du déplacement nécessite de voir plus loin. Une contrainte que ceux qui votent les lois ne connaissent malheureusement pas.

Bon point en revanche : le vélo est plébiscité par les retraités. Bon pour le cardio et aidé par le vélo à assistance électrique, les personnes âgées pédalent à cœur joie. Il faut simplement signaler qu’en cas de chute, ils sont bien plus vulnérables, comme l’avait prouvé une étude allemande réalisée en milieu hospitalier. Donc amis automobilistes, même si le comportement de certains cyclistes énerve (j’en suis témoin tous les jours), il faut savoir prendre sur soi, mettre un petit morceau de musique qui rend heureux et passer à autre chose.

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  1. L’effet météo : les Français, cyclistes à géométrie variable

Autre donnée intéressante : les cyclistes français sont saisonniers. En été, 92 % pédalent. En hiver, ils ne sont plus que 34 %. Entre les deux, le taux fluctue selon la température, le vent, le nombre de jours de pluie et, probablement, la qualité des pistes cyclables déneigées (indice : elles ne le sont pas). D’ailleurs, l’entretien des pistes cyclables est anecdotique : feuilles mortes, déchets, verre pilé (bonjour les crevaisons) abondent. Pire, des génies pensent que mettre des poteaux électriques, panneaux et autres signalisations urbaines sur les pistes (ou plutôt faire passer les pistes à travers) est une bonne idée. Certains crieraient que nous devrions déjà nous estimer ravis. Mais si vous pensez que le coût est moindre pour ces choix idiots, vous vous trompez.

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On est donc sur une pratique cycliste météo-dépendante. En hiver, le cycliste se transforme en piéton, automobiliste ou usager du métro, ce qui complique un peu le storytelling du “vélo comme solution de tous les jours”.

NDLR : je trouve, au contraire, que pédaler en hiver est moins compliqué que l’été. Il est plus facile de se réchauffer que de se refroidir. En été, sans douche sur le lieu de travail, les longues distances, même à vélo électrique, font transpirer.

  1. Infrastructures : le grand écart territorial

Parce qu’il ne suffit pas de vouloir pédaler, encore faut-il pouvoir le faire sans risquer sa vie. Et là, la France fait le grand écart : certaines villes (Strasbourg, Bordeaux, Grenoble) offrent des infrastructures cyclables dignes de ce nom. D’autres (on ne citera personne, mais si votre ville n’a pas de pistes cyclables continues de plus de 500 mètres, vous êtes visés) laissent les cyclistes se débrouiller avec les voitures, les nids-de-poule et les sens interdits.

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NDLR : dans les années 90-2010, le déplacement à vélo sans infrastructure n’était pas compliqué, car il était marginal avec moins de 2% d’utilisateurs. Aujourd’hui, les mobilités s’imposent d’elles-mêmes. Plus d’usagers impliquent des structures dédiées.

Résultat : dans les zones bien équipées, les gens pédalent plus. Étonnant, non ? L’effet “si tu construis, ils viendront” fonctionne aussi pour les vélos. À condition de construire quelque chose.

  1. Le vélo et la loi, comme un sentiment inavouable de faute inavouée

Les cyclistes ont du mal à respecter la loi. Il suffit de rouler quotidiennement sur 40-50 km pour s’en rendre compte. Pourtant, le sondage indique qu’ils sont respectueux, notamment des feux. Hypocrisie ? Possible.

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Cette hypocrisie s'amoindrit un peu quand il s’agit d’avouer que l’on circule avec un vélo électrique débridé (et donc non homologué sur voie publique). Sur 28% de cyclistes utilisant un VAE, 25% ont avoué que leur monture n’était pas bridée à 25 km/h. Pas de quoi en faire un drama non plus : il est aisé de dépasser les 25 km/h sur un vélo musculaire, mais ce dernier permet de sentir l’effort. Les VAE débridés, eux, non.

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Conclusion : quel avenir réel ?

On continue les campagnes de sensibilisation. On organise “Mai à vélo”, qui est aux déplacements ce que le “Dry January” est à la sobriété : une parenthèse qui ne change rien à long terme. Et surtout, on publie des chiffres. Beaucoup de chiffres. Parce qu’un bon graphique est plus simple à réaliser qu’une piste cyclable.

Mais sans vision d’ensemble, sans infrastructures cohérentes, sans politiques de transport ambitieuses (et transversales), le vélo restera un loisir pour les uns, un sport du dimanche pour les autres, et une solution de mobilité secondaire. Et c’est dommage, parce que dans un pays saturé de bouchons, d’essence hors de prix et de politique anti-bagnole (le malus au poids imposé aux voitures électriques), le vélo aurait clairement une carte à jouer. Il faudrait juste lui filer un jeu équitable et il ne l’est pas.

Pour preuve, notre rapport au travail, qui est, lui, totalement à repenser. La téléportation existe, elle s’appelle le travail à distance. Que ce soit dans une pépinière locale ou en télétravail. Un comble de voir cette solution piétiner quand 80% des emplois sont dans le tertiaire.

L’immobilier n’est pas en reste. Dans une société de moins en moins encline à faire des enfants (l’Europe entière est sous le seuil de 2 enfants/femme), le coût du logement pour une famille de 4 personnes qui ne souhaitent pas s’entasser est colossal. Il faut donc s’éloigner mais se rendre tout de même sur son lieu de travail. Le vélo ou les EDPM n’ont d’intérêt que s’ils font gagner du temps.

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