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Quand les voitures font des bulles

Emblématiques des années 80 même si elles ont été créées longtemps avant, les lunettes arrière en forme de bulle ont pratiquement déserté la production moderne. Signe d’une époque où l’on a plus envie de se protéger que de laisser entrer la lumière…

Quand les voitures font des bulles

C’est l’euphorie. Après les horreurs de la seconde guerre mondiale, l’envie de vivre est plus forte que jamais, surtout en Europe, particulièrement affectée. On a foi en l’avenir, forcément plus beau que les années récemment écoulées, atroces. Les progrès technologiques vont alors bon train, qui concernent bien évidemment l’automobile, sous tous ses aspects. Y compris un élément dont on parle peu : le vitrage.

Si dès 1934 apparait la Chrysler Imperial Airflow CW pour Curved Winshield, soit pare-brise courbé, un accessoire qu’elle inaugure alors, il faut attendre le début des années 50 pour voir arriver de grands éléments à surface complexe produits industriellement. La première application en série de cette avancée se voit sur la Chevrolet Corvette qui, dès 1953, arbore un immense pare-brise panoramique. Il fera école.

En 1953, la Chevrolet Corvette inaugure le pare-brise panoramique en une pièce, qui fera école... jusqu'à se retrouver sur la poupe.
En 1953, la Chevrolet Corvette inaugure le pare-brise panoramique en une pièce, qui fera école... jusqu'à se retrouver sur la poupe.

Cette année-là apparaît une autre voiture, moins connue mais dont l’influence se fera sentir : la Studebaker Champion. Celle-ci se pare d’une lunette panoramique d’une seule pièce, contre trois par exemple sur la Talbot-Lago T26 GSL, elle aussi lancée en 1953. Conséquence : elle est moins grande.

La magnifique Talbot-Lago T26 GSL de 1953 dispose pratiquement d'une lunette arrière panoramique, mais celle-ci est encore en trois partie. Un élément de style qu'on retrouvera sur la Fiat 2300 S Coupé et... la Toyota Picnic notamment !
La magnifique Talbot-Lago T26 GSL de 1953 dispose pratiquement d'une lunette arrière panoramique, mais celle-ci est encore en trois partie. Un élément de style qu'on retrouvera sur la Fiat 2300 S Coupé et... la Toyota Picnic notamment !
En 1953, la Studebaker President adopte une lunette arrière panoramique monobloc, mais moins haute que celle de la Talbot T26 GSL.
En 1953, la Studebaker President adopte une lunette arrière panoramique monobloc, mais moins haute que celle de la Talbot T26 GSL.

Néanmoins, la Studebaker arbore presque une bulle, et la Citroën DS, inspirée de l'américaine, s’en approche encore un peu plus en 1955. Mais il ne s’agit encore que de vitrages fixes, même si ce type de lunette prend une autre dimension sur une deuxième Studebaker, la novatrice Avanti en juin 1962.

Toujours plus près de la bulle, la lunette arrière de la Citroën DS en 1955. Elle doit beaucoup à la Studebaker 1953.
Toujours plus près de la bulle, la lunette arrière de la Citroën DS en 1955. Elle doit beaucoup à la Studebaker 1953.

 

 

 

 

 

 

Au même moment, une petite voiture de sport française adopte une lunette similaire, mais qui ajoute une fonction décisive : la René-Bonnet Djet. En effet, celle-ci rend la bulle ouvrante, pour libérer l’accès au moteur central qu’elle inaugure en production de série, et au coffre. Double innovation !

Peu connue, la René-Bonnet Djet, par la suite badgée Matra, inaugure en 1962 la lunette en bulle ouvrante, en plus du moteur central en série.
Peu connue, la René-Bonnet Djet, par la suite badgée Matra, inaugure en 1962 la lunette en bulle ouvrante, en plus du moteur central en série.

En 1963, la Maserati Mistral adopte une lunette courbée et ouvrante, mais est-elle assez vaste pour mériter l’appellation de bulle ? Le doute n’est en tout cas pas permis pour un modèle apparu en 1966, peu connu mais très respecté pour ses avancées : la Jensen Interceptor.

En 1966, la Jensen Interceptor est la première 4-places à se doter d'une lunette arrière en bulle ouvrante.
En 1966, la Jensen Interceptor est la première 4-places à se doter d'une lunette arrière en bulle ouvrante.

En plus d’être la première auto de série à adopter une transmission intégrale sans visée tout-terrain ainsi qu'un antibloqueur de freins dans sa version FF, elle se pare d’une immense lunette arrière ouvrante en forme de bulle. La carrosserie est dessinée en Italie, chez Touring par un certain Federico Formenti, et elle ne passe pas inaperçue dans le milieu du design.

En 1970, la Citroën SM adopte, elle aussi, une bulle ouvrante, et elle a le mérite d'offrir un seuil de coffre bien plus bas que celui de la Jensen.
En 1970, la Citroën SM adopte, elle aussi, une bulle ouvrante, et elle a le mérite d'offrir un seuil de coffre bien plus bas que celui de la Jensen.

En 1970, la Citroën SM, due à Robert Opron, se pare, elle aussi d’une bulle ouvrante, mais moins spectaculaire que celle de la GT anglaise. Il en va de même en 1974 au Japon pour la Nissan Cherry F-II Coupé et en 1975 en Allemagne pour la Porsche 924, dessinée, elle, par Harm Lagaay.

En 1974, la Nissan Cherry F-II Coupé transpose la lunette en bulle dans une gamme de prix très abordable.
En 1974, la Nissan Cherry F-II Coupé transpose la lunette en bulle dans une gamme de prix très abordable.
1975 voit arriver la Porsche 924, à la ligne ultramoderne marquée par les boucliers peints et... la lunette en bulle.
1975 voit arriver la Porsche 924, à la ligne ultramoderne marquée par les boucliers peints et... la lunette en bulle.

Toutefois, il ne s’agit encore que de modèles relativement exclusifs, n’ayant pas de visée généraliste. C’est  Renault qui va adapter cet élément de design à la très grande série. D’abord sur la  Fuego de 1980, qui reste un coupé, ensuite, et surtout, sur la R11  de 1983.

En 1980, la Renault Fuego reprend la bulle ouvrante pour la première fois chez Renault, et annonce le design de modèles futurs.
En 1980, la Renault Fuego reprend la bulle ouvrante pour la première fois chez Renault, et annonce le design de modèles futurs.

La R11 est la première à adapter cette lunette sur une carrosserie à 5 portes. S’adressant au plus grand nombre, elle connaitra un grand succès, supplantant la R9 dont elle dérive : la bulle s’envole. Commercialement. 

En 1983, la Renault 11 est la première compacte à se doter d'une bulle arrière. L'ouverture est immense, ce qui a dû poser des problèmes pour préserver la rigidité de la coque.
En 1983, la Renault 11 est la première compacte à se doter d'une bulle arrière. L'ouverture est immense, ce qui a dû poser des problèmes pour préserver la rigidité de la coque.

Révélée fin 1983 et commercialisée en 1984, la R25 renforcera la mode de la bulle, qui a pour avantage de conférer à cette grande routière un peu de l’élégance d’une classique berline à trois volume (donc coffre séparé) et la praticité du hayon cher à Renault. Rober Opron, qui dirigeait tant bien que mal le design de la Régie, s’est rappelé la SM, alors que son patron, Bernard Hanon, était un grand amateur de la Jensen Interceptor.

Commercialisée en 1984, la Renault 25 associe la bulle arrière à un demi-volume, pour se donner des airs de berline tricorps tout en conservant la praticité du hayon.
Commercialisée en 1984, la Renault 25 associe la bulle arrière à un demi-volume, pour se donner des airs de berline tricorps tout en conservant la praticité du hayon.

En 1985, la  Peugeot 309 adopte, elle aussi, une lunette en bulle, associée à un demi-corps comme la R25. Ces quatre modèles français représenteront quelques millions de ventes, grâce à quoi la lunette en bulle sera perçue comme un symbole des années 80.

205 rallongée prévue initialement pour Talbot, la Peugeot 309, lancée fin 1985, reprend, elle aussi, le principe du hayon en bulle doté d'un demi-volume.
205 rallongée prévue initialement pour Talbot, la Peugeot 309, lancée fin 1985, reprend, elle aussi, le principe du hayon en bulle doté d'un demi-volume.

Aux USA, les  Ford EXP et  Chevrolet Corvette C4, équipées elles aussi d’une bulle arrière ouvrante, ne feront que renforcer cette impression, tout comme la  Mazda RX-7 II au Japon, pour ne citer qu’elle.

Lancée en 1982, la Ford EXP, petit coupé populaire sur base Escort, reprend le hayon doté d'une bulle.
Lancée en 1982, la Ford EXP, petit coupé populaire sur base Escort, reprend le hayon doté d'une bulle.
Contrairement à sa devancière de 1978, la Mazda RX-7 II adopte une lunette arrière ouvrante en bulle, en 1985.
Contrairement à sa devancière de 1978, la Mazda RX-7 II adopte une lunette arrière ouvrante en bulle, en 1985.

Toutefois, dans les années 90, les autos généralistes vont progressivement abandonner la bulle (à l’exception de la Ford Mondeo), qui se réserve alors aux coupés (Mazda MX-3 et Chevrolet Corvette C5, notamment).

La Ford Mondeo, lancée en 1993, sera l'une des dernière autos généralistes à se doter d'une bulle avant les années 2000.
La Ford Mondeo, lancée en 1993, sera l'une des dernière autos généralistes à se doter d'une bulle avant les années 2000.

Elle effectuera un timide retour au début du 3e millénaire sur les Renault Laguna II (de façon très discrète), Vel Satis et  Seat Toledo III. On préfère désormais des épais montants, rassurants et moins chers à produire que de grandes surfaces vitrées à la géométrie compliquée.

En 2001, la Renault Vel Satis retente la bulle, mais sa poupe torturée s'allie très mal à l'avant relativement simple...
En 2001, la Renault Vel Satis retente la bulle, mais sa poupe torturée s'allie très mal à l'avant relativement simple...
Pas très réussie la poupe de la Seat Toledo III de 2004, monospace qui tente de se doter d'un corps arrière. Mais son hayon à bulle descend remarquablement bas.
Pas très réussie la poupe de la Seat Toledo III de 2004, monospace qui tente de se doter d'un corps arrière. Mais son hayon à bulle descend remarquablement bas.

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