Pourquoi le covoiturage express est essentiel au développement des services express régionaux ?
Alors que la loi relative aux Services Express Régionaux Métropolitains (SERM) est inscrite dans l’agenda parlementaire ce 16 juin 2023, Thomas Matagne, fondateur d’ECOV, nous explique la nécessité d’impliquer le covoiturage express comme élément à part entière des services express régionaux.
Pourquoi intégrer le covoiturage dans la SERM ?
Il faut un « choc d’offre », que seule la puissance publique peut décider. Comment déployer des transports à haute fréquence hors des zones denses ? Le principe d’un RER métropolitain, par rapport à un train classique, est d’offrir un service cadencé et plus fréquent, de telle sorte que l’usager dispose d’une liberté de mouvement et d’un temps de parcours compétitifs par rapport à la voiture individuelle. Le principe du car express est identique. Une ligne de covoiturage fait la même chose : des véhicules qui passent toutes les 3 minutes pour relier des points du territoire. Ces trois briques doivent être structurées ensemble.
Quels avantages cela apportera-t-il ?
Cela permet d’élargir la couverture territoriale de services cadencés à haute fréquence. Et donc de construire un système multimodal performant face à la voiture individuelle. Construire un système de mobilité qui apporte un maximum de solutions aux autosolistes actuels est la seule façon de pouvoir mettre en place des politiques publiques contraignantes, telles que les ZFE, et que cela soit acceptable. Les RER, seuls, ne sont pas en mesure d’apporter une telle couverture ; il faut une complémentarité ferroviaire + services routiers.
Quel maillage territorial ?
Il n’y a évidemment pas de sens à mettre une ligne de covoiturage (ou de car express) sur une origine-destination importante pour laquelle un RER sera bien plus performant. Mais réciproquement, il est inefficace (et impossible en réalité) de déployer un RER là où il y a peu de gens à transporter. Pourtant, ces zones méritent aussi d’avoir des alternatives à la voiture individuelle. Les lignes de car express et la ligne de covoiturage peuvent y répondre. Il faut prendre le sujet territoire par territoire, et évaluer les potentiels, dans une approche multimodale (comme on sait le faire pour un centre-ville).
Les actions menées par l'État pour le covoiturage express sont-elles suffisantes ?
Le plan gouvernemental pour le covoiturage était un pas énorme en avant. Mais ce n’est qu’un premier pas. Le montant est largement insuffisant : la stratégie nationale bas carbone envisage que le covoiturage permette de réaliser l’économie de 3 millions de tonnes de CO2 par an en 2030. Par comparaison, le véhicule électrique doit réaliser une baisse de 11 millions de tonnes CO2 et le report modal (transports en commun + vélo) doit quant à lui permettre de réduire de 5 millions de tonnes les émissions carbones. Les moyens alloués ne sont pas du tout proportionnels entre ces 3 leviers. Le besoin porte avant tout sur le financement pérenne et pluriannuel des AOM, et en particulier de celles qui ne disposent pas d’un versement mobilité. Sans cela, impossible de construire des politiques de mobilités structurelles. C’est la priorité.
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