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Pourquoi Elon Musk est-il si bien payé chez Tesla ? Pour s'offrir un billet pour la planète Mars, bien sûr

Dans Economie / Politique / Personnalités

Michel Holtz , mis à jour

C'est un record : la rémunération d'Elon Musk a été fixée à 56 milliards sur dix ans, selon le cours de Bourse du constructeur. Mais un petit actionnaire attaque cette décision auprès des tribunaux. Devant les juges, la présidente du conseil d'administration, qui a approuvé la somme, s'est justifiée en expliquant qu'elle était destinée à régler les voyages interplanétaires du boss. Une sacrée note de frais.

Pourquoi Elon Musk est-il si bien payé chez Tesla ? Pour s'offrir un billet pour la planète Mars, bien sûr

Richard Tornetta ne renonce jamais. Voilà quatre ans que ce petit actionnaire de Tesla a décidé d’attaquer le tout-puissant patron du groupe, et le procès vient enfin de s’ouvrir dans le Delaware. C’est que depuis 2018, l’homme estime qu’Elon Musk est en train de « s’enrichir d’une manière injustifiée ». On pourrait lui opposer le fait que la rémunération du milliardaire est proposée par ses soins, et décidée par le conseil d’administration de Tesla qui est libre de s’y opposer, ou non. Et que dans le cas présent, il a été voté et approuvé. Mais deux ou trois petites choses ont fait tiquer Richard Tornetta, à commencer par le montant de la somme en jeu.

5,6 milliards d'émoluments par an

C’est que la rémunération en question dépasse tout ce qui n’a jamais figuré dans un délibéré de conseil d’administration, puisqu’elle atteint 56 milliards de dollars étalés sur 10 ans. Ce qui permet au patron de Tesla de gagner, si les cours de la Bourse sont favorables (et ils le sont largement ces temps-ci), d’engranger 5,6 milliards chaque année. C’est beaucoup. C’est en tout cas suffisant pour faire passer notre Carlos Tavares national dans le camp des petits joueurs du haut de ses  66 millions d’euros glanés l’an passé.

Mais au-delà de cette somme pharaonique, le plaignant estime que c’est Musk lui-même qui aurait dicté cette décision au conseil d’administration en exerçant toute la pression nécessaire grâce aux 22 % des actions dont il dispose dans la boîte. Le tribunal a donc donné raison à Richard Tornetta, du moins suffisamment pour ouvrir un procès qui a commencé la semaine passée.

56 milliards : le prix d'un ticket pour Mars

Depuis lors, les avocats et les témoins défilent devant le juge Kathaleen McCormick du tribunal de Bover dans le Delaware, capitale de l’État américain aux taxes les plus basses des US. Un paradis fiscal réputé, puisque la moitié des entreprises américaines cotées en Bourse ont leur siège fiscal là-bas, ce qui est le cas de Tesla. Madame Mc Cormick connaît bien les frasques muskiennes puisqu’elle était déjà en charge du procès qui opposait le boss fantasque aux actionnaires de Twitter avant qu’il ne le rachète.

La prochaine villa d'Elon Musk sur la planète rouge, financée par Tesla.
La prochaine villa d'Elon Musk sur la planète rouge, financée par Tesla.

C’est donc en habituée des scandales financiers d’Elon qu’elle a abordé cette nouvelle affaire, en commençant par interroger Robyn Denholm, présidente du conseil d’administration de Tesla. Et c’est à ce moment précis que le procès a pris un virage totalement surréaliste. Car pour justifier la somme, peu ou prou équivalente au PIB tout entier du Costa Rica, elle a simplement répondu « qu'elle était destinée à financer les voyages interplanétaires d’Elon Musk ». Il ne s’agit donc pas d’accumuler des fortunes, de se construire des châteaux en Californie ou de mettre à l’abri ses dix enfants et tous leurs descendants jusqu'à la 8e génération, mais simplement de s’offrir un billet pour la planète Mars, son grand dada depuis quelques années déjà.

Une vie sans possession est une vie sans impôts

Moyennement dupe, la juge a simplement reconnu devant le témoin : « honnêtement, je ne sais pas combien coûte un voyage interplanétaire. Ce n'est pas un passe-temps pour moi ». Robyn Denholm a ensuite expliqué devant la cour que son boss « ne possédait presque aucun bien ayant une valeur monétaire ». Le tribunal sera-t-il sensible à ce détachement de Musk pour les choses matérielles ? Sera-t-il conciliant avec ce pur esprit qui ne vit que d’amour et d’espoirs de voyages sur la planète rouge ? Sera-t-il assez naïf pour ne pas savoir que Musk ne possède pas grand-chose en son nom propre pour éviter de payer trop d’impôts ?

Réponse dans quelques mois lorsque le tribunal de Delaware aura rendu sa décision. En attendant, quelques boards de grandes entreprises, et leurs dirigeants très bien payés, comptent les dodos qui les séparent de la décision des juges de Bover. Car c’est d’elle que dépend peut-être leur avenir financier. C’est que ce genre de procès pour rémunération exceptionnellement élevée est une première au pays des winners, des self made men et de la bienveillance pour les plus riches. Pas sûr que le très libéral Elon Musk apprécie cette nouvelle influence qu’il pourrait avoir sur la culture économique américaine.

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