Pour Stellantis, l'Amérique n'est plus le Pérou
Michel Holtz , mis à jour
Grogne syndicale, ventes en bernes, rumeurs de cession : pour Stellantis, l’été américain n’a pas été au beau fixe. De quoi susciter des inquiétudes à la tête du groupe, puisque les marques US sont les premiers pourvoyeurs de profit de la galaxie.
Le siège du groupe à Auburn Hills dans le Michigan.
Carlos Tavares ne cesse de le répéter à ses investisseurs : la marge opérationnelle 2024 du groupe qu’il dirige sera bien à deux chiffres, comme elle l’est depuis 2021. Mais pour obtenir ce résultat, il compte, depuis trois ans sur ses jokers américains : Dodge, Jeep, RAM et Chrysler. Des marques dont les modèles, jusqu’ici, n’étaient pas de première fraîcheur mais qui se vendaient comme des petits pains.
Sauf que les consommateurs d’aujourd’hui, américains ou pas, ont repris leurs bonnes vieilles habitudes qui datent du temps ou, lorsque l’on achetait une auto, on négociait jusqu’à obtenir une ristourne. Mais pas chez les concessionnaires Stellantis. Alors les clients vont voir ailleurs, dans d’autres marques ou, en plus, la gamme est plus récente et plus complète.
Des modèles raréfiés et des tarifs exagérés
C’est que chez Jeep, notamment, la gamme en question prend des allures de gruyère. Le SUV Compass n’a pas été renouvelé et le Cherokee non plus. Même si la décision de créer, in fine, une nouvelle génération de ce dernier a été prise ce printemps. Quant à Chrysler, la marque n’est plus que l’ombre d’elle-même, ne pouvant compter que son bon vieux monospace Pacifica. C’est peu.
Résultat des courses. Les stocks s’entassent, des rumeurs de cession de Chrysler au chinois Byd sont en train d’éclore, et un groupe d’actionnaires américains ont porté plainte le 15 août dernier devant le tribunal de Manhattan contre le groupe, pour dissimulation de stocks, histoire de masquer les mauvais résultats à venir.
Il y a donc le feu au lac Érié qui borde Detroit. Au point ou, selon Les Échos, Carlos Tavares a écourté ses vacances pour se rendre sur place et plus précisément à Auburn Hill, dans la banlieue de la ville ou se trouve le siège américain de Stellantis, et qui est accessoirement, le berceau historique de Chrysler. Le patron doit non seulement prendre les décisions qui s’imposent pour redresser des marques mal en point, mais il doit également faire face à une nouvelle menace de grève.
Carlos Tavares ? "Un minable" selon le patron de l'UAW
Il avait promis la réouverture de l’usine de Belivere dans l’Illinois, mais elle tarde à venir. Alors la toute-puissante fédération syndicale UAW grogne. Une grogne amplifiée par le patron du syndicat, Shawn Fain, qui est lui-même salarié de Stellantis et qui a tout bonnement traité son patron de « minable ».
La situation est donc grave chez Stellantis US, mais elle est loin d’être désespérée. Certes, la marge opérationnelle à deux chiffres sera difficile à atteindre de l’autre côté de l’Atlantique, mais selon les analystes indépendants de Wall Street, elle devrait se situer autour de 9,8% pour l’année 2024. On a connu de bien pires déroutes.
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