Pour atteindre 500 km/h, une voiture de quatorze ans et un peu de bricolage suffisent
Michel Holtz , mis à jour
Loin des marques prestigieuses, un américain a "tuné" une Ford GT de 2006 pour battre le record du monde de vitesse. En 2022, il a réussi à atteindre 500,1 km/h.
Johnny Bohmer est un acharné, un type du genre à ne rien lâcher pour arriver à ses fins. Alors, lorsqu’il affirme pouvoir exploser le record du monde pour une voiture de série, sans s’appeler Bugatti ou Hennessy, il tient parole. Même s’il lui faut seize ans pour réussir son pari.
Car son rêve, Johnny l’a fait en 2006, pour ne le réaliser qu’en 2022. En cette année 2006, une supercar tire sa révérence : la Ford GT qui ne revivra qu’en 2017. Alors l’Américain s’offre l’une des dernières de cette première série. Mais il n’investit pas 140 000 dollars pour se contenter des 329 km/h revendiqués par la bête. Pas question de se traîner à la vitesse des 4 000 autres GT vendues par la marque à l’ovale. Alors, il désosse l’engin. Le V8 développait 550 très honorable chevaux ? Il va en tirer 2 400 grâce, notamment, à l’adjonction de deux bons gros turbos.
Pour atteindre 500 km/h, une voiture de quatorze ans et un peu de bricolage suffisent
En 2010, l’auto est prête. Mais Johnny, s’il est déterminé, est également patient. Il se fixe un premier objectif de rouler à 250 mph et donc, de franchir le cap des 400 km/h. C’est un succès, mais il est provisoire. Bohmer se remet au boulot pour franchir un nouveau palier : celui des 300 mph (482 km/h). Mais le préparateur, qui gagne sa vie en retravaillant des voitures pour ses clients et en organisant des essais pour les constructeurs, se heurte à un obstacle de taille : l’adhérence à ces vitesses démentielles.
Une voiture bien équipée et homologuée pour la route
Bohmer peaufine sa Ford et s'acoquine avec un autre préparateur : M2K Motorsports, tout en continuant à assurer son auto comme n’importe quelle voiture de série. Il affirme même qu’il va « chercher son gosse à l’école à son bord », puisqu'elle dispose d'un siège passager, de vitres électriques et même de la cilm.
Mais dès le week-end, l’engin de ramassage scolaire devient plus démoniaque. Jusqu’à ce que, lors d’un essai, le moteur explose. Tout est à refaire. Le temps passe et en 2019, c’est la catastrophe. Au Texas, une autre Ford Gt a grillé la politesse à Johnny le sorcier. Elle a été chronométrée à 300,4 mph (483 km/h). Quelques mois plus tard, Bugatti enfonce le clou. En Allemagne, une Chiron atteint 304,77 mph (490, 47 km/h).
Johnny doit faire mieux. En plus, il se sent prêt pour atteindre son but et ses 500 km/h. Mais en 2020, la pandémie sévit. Plus aucune pièce n’est disponible. La GT retourne au garage et attend une éclaircie.
Elle se produit deux ans plus tard. À la fin 2022, Bohmer, et son entreprise, louent, pour les besoins d’un client, la piste du Kennedy Space Center, un complexe de la Nasa, accolé à Cap Canaveral en Floride. À tout hasard, il emmène sa voiture pour une simple démonstration. Elle fait toujours son petit effet sur ses clients. Mais les conditions sont optimales et Johnny tenterait bien un record. Problème : la piste n’est pas très longue.
Un freinage en catastrophe
Tant pis, le bricoleur fou se lance et le miracle se produit : la Ford atteint exactement 500,1 km/h sur la piste d'atterrissage. Mais il faut arrêter l’engin. Alors, Bohmer déclenche le parachute calé à l’arrière et appuie sur la pédale de frein de toutes ses forces. Rien n’y fait : la GT termine sa course dans un champ au bout de la piste. Heureusement, le pré est lisse comme un green de golf. L’auto est intacte et son pilote aussi. Tous deux pourront reprendre le chemin de l’école au retour.
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