Peugeot 206 S16 (1999-2005) : la GTI qui ne dit pas son nom, dès 2 500 €
Version sportive de la 206, la S16 est, à bien des égards, une digne descendante à la 205 GTI mais, contrairement à celle-ci, se déniche toujours à des prix attractifs.
Peugeot a décroché le gros lot avec la 205, sortie en 1983. Sans elle, la marque de Sochaux risquait purement et simplement la faillite ! Vendue à plus de 5 millions d’unités, le Sacré Numéro a tout de même fini par poser un problème : par quoi le remplacer ? Du haut de sa grande sagesse, Jacques Calvet, patron charismatique de Peugeot-Citroën, décide de contourner le problème : la 106 prendra le relais des 205 de bas de gamme, la 306 celui des versions de haut de gamme. Sauf que cette dernière succède également à la 309, de sorte que seule la 106, fort chère à son lancement, se retrouve sur le segment de la 205… qui continue de se vendre plus que correctement car la stratégie de Calvet ne fonctionne pas très bien !
En réalité, le PDG provocateur a trouvé une justification douteuse pour habiller une décision purement économique : les 106 et 306 dérivent des Citroën AX et ZX, donc ne nécessitent pas de nouvelle plate-forme. Seulement, loin d’être résolu, le problème de la descendance de la 205 se repose dans les années 90.
Et là, on n’y va pas par quatre chemins : la future citadine polyvalente se calquera sur la formule de la 205 par sa polyvalence et don dynamisme. Calvet ordonne le début des études en avril 1994, puis tout va relativement vite. Entièrement conçue par informatique, la 206 sort en mai 1998 et, d’emblée, son design punchy, dû aux équipes de Gérard Welter, rallie tous les suffrages.
Mieux, contrairement aux 205 et 106 à leurs sorties, la 206 se signale par un prix compétitif. En conséquence, elle remporte vite un très grand succès, plus que sa rivale Clio II, au style mou. D’ailleurs, la Renault sera vite redessinée en s’inspirant de la nervosité sochalienne ! Début 1999, la Peugeot s’offre une version sportive, dénommée non pas GTI (appellation dont Peugeot ne veut plus entendre parler en France) mais S16, comme pour les 106 et 306. Extérieurement, elle demeure discrète avec ses jantes de 15 pouces « Foudre », ses ailes avant élargies d’un centimètre, son petit béquet arrière ou encore ses rétroviseurs laqués.
Sous le capot, la S16 bénéficie d’un 2,0 l de 137 ch, largement dimensionné vu le poids de 1 050 kg. Seulement, elle ne surpasse pas par ses performances la 205 GTI 1.9, forte de 130 ch pour 880 kg… En effet, la S16 s’adapte à son temps et se veut moins radicale. Elle profite ainsi d’un équipement complet : clim, sono, ABS, sellerie mixte cuir-tissu, rétros électriques. Et son prix apparaît bien placé : 106 900 F, soit 21 800 € actuels selon l’Insee. À titre indicatif, une 205 GTI 1.9 revenait, en 1988, à 96 200 F, soit 24 500 € actuels, sans ABS ni clim ni airbags ! Une 205 XS ? 70 000 F, soit 17 800 € actuels : la 206 S16 est donc à mi-chemin entre les deux.
La S16 entame une jolie carrière, d’autant qu’une variante GT attire sur elle les projecteurs. Servant à homologuer la 206 en WRC imposant une longueur minimale de 4,00 m, elle se dote de boucliers étirés de 17 cm pour atteindre les fameux 4,00 m, de jantes de 16 et d’un équipement enrichi. 4 000 exemplaires seront produits, conformément au règlement de la FIA.
Fin 2000, la 206 S16 doit satisfaire à la norme antipollution Euro III entrant en application en 2001 : elle bénéficie d’une sonde lambda supplémentaire et d’une injection revue portant la puissance à 138 ch, puis à l’automne, se pare d’un faisceau électrique multiplexé. En 2002, elle adopte un nouveau réglage de train arrière visant à le rendre plus stable, cependant que, dans cette même optique, la répartition du freinage se repositionne un peu plus sur l’avant. Pour leur part, les jantes passent de 15 à 16 pouces.
Dans l’habitacle, les compteurs adoptent un fond blanc, et, joueur, Peugeot propose la S16 en break SW ! En 2003, un léger restylage intervient : feux arrière revus, grille de bouclier façon nid d’abeille, peinture intégrale, compteurs noirs cerclés façon chrome, et ESP livré de série. La production de la S16 s’arrête en 2005, avant le lancement de la 207, son moteur ne satisfaisant pas à la nouvelle norme Euro IV, entrant en vigueur en 2006.
Combien ça coûte ?
Largement diffusée, la 206 S16 demeure abordable. Les exemplaires en bon état, pas parfaits mais ne nécessitant pas de travaux immédiats, débutent à 2 500 €, en affichant plus de 200 000 km. Pas un souci si l’entretien est bon. Ce montant vaut pour les premières versions comme les restylées, ainsi que les SW.
À 3 500 €, on trouve de belles autos totalisant environ 170 000 km, et en passant les 4 500 €, on revient vers les 120 000 km. Comptez 6 000 € pour une auto de moins de 100 000 km, et les cours semblent monter. Étonnamment, les rares GT ne sont pas tellement plus chères : comptez de 500 à 1 000 € supplémentaires.
Quelle version choisir ?
Si on aime jouer, on préférera les modèles d’avant 2002, si on préfère une certaine tranquillité d’esprit au volant, ceux dotés de l’ESP : affaire de goût donc, d’autant que les prix ne varient pratiquement pas à état et kilométrage équivalents.
Les versions collector
Vu l’abondance de l’offre, ce seront les exemplaires en parfait état d’origine et totalisant moins de 80 000 km. Les SW et GT, plus rares que les 3-portes, attireront davantage les fans cherchant à collectionner la S16.
Que surveiller ?
Mécaniquement, la 206 S16 c’est du très, très solide. L’ensemble moteur/transmission passe aisément les 250 000 km sans ennui majeur, juste un entretien courant. En revanche, les éléments électriques pourront défaillir, sondes, capteurs, bobines, comme n’importe quel modèle.
Le vrai souci de cette 206, comme beaucoup de Peugeot de son époque, c’est le train arrière. Les roulements des bras tirés prennent l’eau, se grippent, ce qui modifie le carrossage des roues, devenant négatif. Cela modifie le comportement routier : en cas de crash, il ne vous restera que l’essieu pour pleurer. À l’avant, les triangles prennent du jeu, ce qui est normal.
Dans l’habitacle, la sellerie vieillit assez mal, les bourrelets en cuir des sièges se déchirant. Les pépins électriques ne sont pas rares, mais le plus souvent sans gravité. Cela dit, si le pulseur d’air tombe en panne, il faut démonter la moitié du tableau de bord pour le changer…
Au volant
Plus de 20 ans après son apparition, la 206 demeure séduisante par son look. L’habitacle est plus daté, surtout par sa réalisation assez médiocre. Cela dit, l’espace disponible reste convenable, tout comme la position de conduite. Souple et docile, le moteur autorise des reprises très consistantes à mi-régime, ce qui est fort plaisant.
En revanche, il n’apprécie guère de titiller la zone rouge (intervenant dès 6 500 tr/mn), ce qui n’empêche pas les performances d’atteindre un niveau enviable. La boîte correctement étagée permet de bien exploiter ce bloc pauvre en caractère, même si sa commande, plutôt plaisante, gagnerait à avoir des débattements plus courts.
Le châssis convainc nettement plus. Direction précise, consistante et informative, train avant rigoureux, bonne adhérence : la 206 S16 régale par sa vivacité et son efficacité. L’arrière peut décrocher facilement si on le provoque : ça ajoute au fun si on sait s’en servir, mais peut surprendre les néophytes, même si le phénomène apparaît bien moins accusé que sur une 205. La 206 S16 est souvent considérée comme plus GT que GTI : ça se vérifie à l’usage.
Surtout que, côté confort, elle réalise un bon compromis d’amortissement. Le principal défaut sera le niveau sonore, important, tandis que par forte luminosité, le tableau de bord se reflète dans le pare-brise : gênant. La Peugeot n’en demeure pas moins une agréable monture sur longs trajets, où elle avale entre 8 et 9 l/100 km selon la conduite, ce qui demeure acceptable.
L’alternative youngtimer
Peugeot 205 XS (1986-1993)
Dès son lancement en 1983, la 205 bénéficie d’une motorisation un peu amusante : un 1,4 l de 80 ch, disponible sur la GT. Une fois déclinée en 3 portes en 1984, celle-ci se renomme XT, puis, en 1986, Peugeot en dérive une variante XS. Censée plaire à ceux qui voudraient une GTI mais n’ont pas les moyens de se l’offrir, elle s’en inspire par son bouclier avant, ses sièges et son combiné d’instruments. Cela dit, le train avant reste celui, non triangulé, des « petites » 205.
Néanmoins, la formule fonctionne puisqu’elle va supplanter progressivement la XT ! Restylée à l’été 1987, elle bénéficie d’un nouveau tableau de bord et surtout de l’excellent bloc TU3S de 85 ch. Plus performante que jamais, elle séduit par sa vivacité et reçoit en 1990 les modifications de la gamme 205 : clignos cristal et feux arrière façon 405. Ensuite, elle attendra 1992 pour passer à l’injection, adoptant au passage le gros 1,6 l XU de 89 ch. Elle disparaît en 1993. À partir de 3 800 €.
Peugeot 206 S16 (2000), la fiche technique
- Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 997 cm3
- Alimentation : injection
- Suspension : jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; bras tirés, barres de torsion, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 5 manuelle, traction
- Puissance : 137 ch à 6 000 tr/mn
- Couple : 194 Nm à 4 100 tr/mn
- Poids : 1 050 kg
- Vitesse maxi : 208 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 8,3 secondes (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Peugeot 206 S16, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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