Paris aux piétons, ça sent le bouchon
Alors comme ça Paris serait outragé, brisé, martyrisé, mais aussi bientôt libéré d’une vilaine voiture qui avilie l’homme et nuit gravement à sa santé. On ne vous demandera pas votre avis car vous êtes une victime consentante si bien que d’autres sont là pour décider ce qui sera le mieux pour vous. Que vous le vouliez ou non, il faudra changer vos habitudes, votre itinéraire, votre vie pour continuer à vivre à Paris. Au sens large du terme. Et c‘est la transformation des voies sur berges de la rive droite en aire piétonne, prévue à partir de septembre, qui va vous faire toucher du doigt cette réalité.
Sinon, ce sera le chaos. Un cataclysme routier que feront passer les queues actuelles devant les pompes à carburant comme de joyeuses et paisibles réunions de quartier. C’est du moins ce qui ressort d’une simulation demandée par les ingénieurs de la Ville au sujet du plan de réaménagement de la circulation automobile dans la capitale. Une étude effectuée par la société Systra, dont les actionnaires principaux sont la SNCF et la RATP. Et qui a été publiée dans le quotidien Le Parisien.
Que découvre-t-on ? Une sorte de scénario catastrophe. La transformation des voies sur berges de la rive droite en aire piétonne, prévue à partir de septembre, entraînerait une hausse de 8 à 11 minutes du temps de parcours des automobilistes sur les quais hauts aux heures de pointe, entre la place de la Concorde (VIIIe) et le quai Henri-IV (IVe). Mais la situation sera aggravée par des aménagements qui vont être menés concomitamment. Extension du réseau cyclable, couloirs de bus, tramway seront autant d’obstacles à la fluidité de la circulation. Des aménagements qui, selon l’expertise, auront des impacts sur le trafic intra-muros. Dans certains cas, des ralentissements sont même prévus jusque sur le boulevard périphérique ainsi que l’A86 ou encore le bois de Boulogne aux heures de pointe du matin.
Plus précisément, les quais hauts rive droite, ceux de la rive gauche, les grands boulevards, le boulevard Saint-Germain ou encore l’avenue Foch, transformés en voies de desserte locale, verraient leur trafic augmenter, parfois au-dessus de 80 % de leurs capacités, tout en restant inférieures à 100 %, qui est le taux de saturation. De quoi interpeller Christophe Najdvoski, adjoint (EELV) à la maire de Paris chargé des transports ? Pas vraiment. Pour lui, les simulations faites en amont par les logiciels sont souvent plus pessimistes que ce qui se passe dans les faits. Il appuie sa théorie du pire sur l’expérience des quais bas rive gauche fermés aux voitures depuis janvier 2013 entre le pont Royal et le pont de l’Alma, ou du réaménagement de la place de la République. Au bilan, il n’y a pas eu d’embouteillages.
« Les axes où il y a des reports de circulation ont une capacité d’absorption telle qu’il n’y aura pas de saturation. On peut franchir le cap de la fermeture des voies sur berges rive droite sans créer d’embouteillages monstres dans Paris » assure l’élu qui compte avant toit sur la saturation des esprits des automobilistes qui finiront par comprendre qu’ils n’ont plus besoin de leur voiture. Dans un premier temps, ils modifieront leurs itinéraires. Puis une offre d’abonnement combiné Navigo, Vélib’, Autolib’ avec une incitation financière sera proposée afin que les personnes aient moins souvent recours à la voiture individuelle. Le réflexe de la multimodalité sera alors né et partagé.
En attendant septembre, il y aura juillet et l’interdiction de circulation des véhicules stigmatisés comme trop polluants : « la maire de Paris Anne Hidalgo et la ministre de l’Environnement Ségolène Royal devraient faire conjointement des annonces à ce sujet très prochainement » a promis Christophe Najdvoski. On rappellera que la municipalité de Paris a décidé de bannir les modèles immatriculés avant 1997. Une conjoncture qui a motivé une action collective en justice a donc été lancée par l’association 40 millions d'automobilistes
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