Moto2 - Aprilia: Alain Roger envisage la 125 comme la future élite

Il a été l'un des premiers, et sur Caradisiac Moto, à s'exprimer sur la décision de la Dorna d'orienter la FIM vers la suppression du quart de litre deux temps en Grand Prix, pour mieux fustiger la voie prise vers le quatre cylindres 600cc posé dans un châssis prototype. Alain Roger, la voix d'Aprilia en France avait ensuite reçu l'écho de KTM au travers d'Harald Bartol si bien que les deux constructeurs européens tenaient jusque là un discours ferme de total désintéressement sur la discipline qui succéderait au GP250.

La publication du nouveau règlement Moto2 semble avoir assoupli la position de l'homme de Noale, sans pour autant le convaincre. Alors que dans vos commentaires, vous, chers lecteurs, trouvaient que cette future catégorie n'apportera rien de bon au monde des Grands Prix, celui qui pensait jusque là comme vous y trouve à présent matière à réflexion.

Du moins c'est ce qu'il ressort d'une interview qu'il nous a accordé, prise avant ce bruit lâché ce week end qui voudrait que Giampiero Sacchi et la Dorna discutent sur un passage en douceur entre les deux règlements qui posent les bases de l'antichambre du Moto GP et avant que vienne d'Espagne cette rumeur d'une entrée du Moto2 dès l'année prochaine dans son championnat national de vitesse.

Alain Roger, le règlement Moto2 est à présent paru. Qu'en pensez vous ?

Eh bien j'y vois là comme une ouverture qui peut aussi cependant révéler une volonté de confusion avec le Superbike. On y parle de quatre temps, mais en deux, trois et quatre cylindres. La volonté d'un moteur unique semble avoir disparue. Le principe du châssis prototype était quant à lui connu. Ce règlement est un moindre mal car des gens comme Triumph ou Ducati peuvent a priori être intéressés.

Est-ce à dire qu'Aprilia va le considérer en vue d'un futur engagement ?

Il va être étudié, il faut encore prendre du recul. Le premier jet qui ne parlait que de quatre cylindres en ligne avait mille défauts et aucun avantage. La FIM faisait fausse route. Nous avons le sentiment qu'il y a eu une écoute et que ce règlement assure l'existence d'une catégorie intermédiaire au Moto GP. Si ce Moto2 paraît être une succession honorable au GP250, il n'est pas pour autant de nature à faire chavirer les coeurs d'Aprilia pour le moment.

Que faudrait-il pour que Aprilia soit séduit ?

Si Aprilia veut un jour participer au Moto2, ce sera avec un bi-cylinbre. Mais la probabilité demeure faible car la philosophie même de cette nouvelle catégorie comporte un élément qui ne nous convient pas. La série entre en jeu dans la définition de cette moto, alors que pour nous, les machines de Grand Prix doivent être des prototypes à part entière. Ce qui n'est pas le cas en l'espèce.

A un moment où tout le monde cherche à réduire les coûts, n'est-ce pas utopique de vouloir des prototypes ?

Pas du tout. Regardez la Formule 1, elle cherche aussi à faire des économies et pourtant elle ne remet pas en cause l'exclusivité technologique de ses monoplaces pour autant. Les dispositions de ce Moto2 constituent plus un mixage qu'un revirement par rapport à ce qui nous avait été présenté au départ. Et ce même si elles ouvrent théoriquement des horizons. Par ailleurs, on remarquera qu'il n'est pas fait mention des manufacturiers. Si ce dernier n'est pas unique, quid des budgets ?

Finalement, ce Moto2, l'avenir ou une impasse ?

Je ne crois pas qu'il propose le schéma qu'attendent les passionnés. Techniquement et sportivement, on peut à présent légitimement se demander si la future élite des Grands Prix ne sera pas la 125.