Moto GP : rien que les Moto GP.

Cette catégorie dite « Reine » ne risque-t-elle pas de nous faire payer cher la course à l'armement qu'aucune réglementation ne semble être capable d'enrayer.

A l'orée de cette nouvelle saison, on nous ressert les difficultés de nombreux teams a boucler les budgets devenus pharaoniques.

Depuis quand est-ce nouveau ? La situation empire simplement d'année en année.

Là encore, la mémoire semble faire défaut. Mais les dégâts sont énormes car se répercutent sur les cylindrées inférieures qui n'avaient pas besoin de celà.

Reculons de 20 bonnes années. En 1984, Christian Sarron est champion du monde 250 cm3 avec une moto importateur qui valait 20000 F ( 3000 € ). La moto était bien sûr préparée avec quelques bonnes pièces Yamaha. Mais les équipes privées remplissaient les grilles de départ et étaient propriétaires de leur machines, qui pouvaient rouler 4 ou 5 saisons.

Passer un pilote comme Sarron en 500 coûtait déjà très cher à l'époque à l'importateur. Jean-Claude Olivier, déjà à la tête de Yamaha France, réussissait à faire rouler une équipe en 500, une en 250, et s'impliquait en motocross avec notre Jacky National.

Très vite, les V4 2 temps deviennent si coûteux que les équipes deviennent des satellites qui louent à prix d'or les machines aux constructeurs.

On vit les règnes Lawson et Dohan avec des difficultés financières des Teams dont la presse fait souvent état.

Les Team-Managers sont devenus de véritables chasseurs de primes.

A la fin des années 90, Hervé Poncharal, autre passionné, fait rouler Olivier Jacques avec le succès que l'on connaît.

Les prix de location des 250 Yamaha font tourner la tête. On annonce à l'époque 3.500.000 de nos Francs à l'année pour les 2 motos d'un seul pilote.

Ce n'est pas l'arrivée des 4 temps qui va calmer le jeu, au contraire c'est une nouvelle explosion des coûts. La folie même. On ne peut ignorer aussi les salaires des top pilotes qui sont devenus irréels.

Des usines, assommées par ces coûts, comme Yamaha se sont retirées des 250 cm3, laissant un trou béant.

Heureusement, Aprilia est très présent, autant en 125 qu'en 250, et même dominateur.

L'arrivée de KTM a fait du bien au plateau des 8ème de litre. Les usines Européennes tel que Giléra, Derbi, Malaguti donnent des couleurs variées mais toutes ne résistent pas, à l'image de Fantic en 250. N'aimerait-on pas voir au départ des quart de litre, 2 Suzuki, 4 Yamaha, 2 kawasaki, au milieu des Aprilia, Honda et KTM ?

Pour ceux qui le peuvent, les budgets vont en priorité aux Moto GP : Vitrine technologique oblige.

Tout ceci ne va-t-il pas se transformer en un boomerang dévastateur ?

Les nouveaux talents peinent à arriver en Grand-Prix. Pourtant ils existent dans tous les pays.

En France, la Fédé fait un remarquable travail mais ses jeunes ont du mal à trouver un guidon, après une année d'apprentissage en Grand Prix.

En Catégorie Reine, la nouvelle règle des 800 cm3 avec la distribution pneumatique semble éclater une nouvelle fois les budgets.

Imaginons un instant, au départ d'une course, Rossi, Capi, Hayden, Pedrosa et tous leurs copains équipés d'une 600 bicylindre Kayasuda de 80 ch chaussée de deux « Michelin pilot ». La course serait-t-elle moins passionnante ? Nous savons bien que non. Elle serait même terrible pour les pilotes, qui n'auraient que leur immense talent pour faire la différence. Cette course imaginaire, nous ne la verrons pas.

La technologie avance, et c'est tant mieux, elle nous sert tous les jours. Dans une moindre mesure, le Superbike prend strictement la même direction.

Nul ne détient la solution miracle, mais il serait très urgent de prendre des mesures radicales de réglementation pour arrêter l'hémorragie. Le fait d'avoir 3 pilotes français en Moto GP en 2007 ne doit pas nous aveugler de la réalité de la situation..

Un savant mélange de technique, de budget et de sagesse.