Monstre de puissance et de luxe, la Mercedes 600 est à acheter maintenant, dès 10 000 €
Coup de folie du début des années 90, la Mercedes Classe S W140 se veut superlative dans tous les domaines, de la technologie au luxe en passant par la puissance. Et sur ce dernier point, la version 600 dotée d’un V12 6,0 l de 400 ch franchit toutes les limites du raisonnable. Attention, sa cote grimpe fortement !
Les collectionnables sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Longtemps décriée pour son look trop massif et son poids démesuré, la Mercedes Classe S W140 intéresse désormais les collectionneurs... exactement pour ces raisons ! Ils apprécient particulièrement la version 600, dotée d'un extraordinaire V12 qui lui confère des performances énormes. Excessive à en devenir presque baroque, cette Classe S est aussi la dernière Mercedes à avoir été conçue (presque) sans considération du prix de revient, ce qui lui vaut une qualité de fabrication de très haut niveau. Destinée à assommer la concurrence, elle incarne aussi une sorte d'ubris, possible à une époque où les ingénieurs avaient encore du pouvoir. Rigoureuse mais folle, la 600 mérite absolument d'être préservée.
Chez Mercedes, on vit très mal l’arrivée de la BMW 750i, fin 1986. En effet, la grande rivale bavaroise, en plus de faire vieillir d’emblée la Classe S W126, déjà âgée de 7 ans il est vrai, lui assène un très mauvais coup en se dotant de la motorisation la plus prestigieuse qui soit : un V12 ! Pire encore, en 1989, la Lexus LS400 établit de nouvelles normes en termes d’insonorisation, de confort et de qualité de fabrication. La marque à l’étoile, qui pensait fignoler tranquillement sa future Classe S, dont les études avaient débuté en 1981, se trouve prise de court.
Elle repense dans l’urgence le projet en cours, ouvre son tiroir-caisse et dépense sans compter. Rien ne sera trop beau pour terrasser cette impudente concurrence ! Par exemple, il est impossible à Stuttgart de laisser à BMW le champ libre avec son V12, le seul à concurrencer celui, vieillissant, de la Jaguar XJ12. Même si cela impose de reconcevoir toute la baie moteur de la future W140. Mercedes, entendant parler d’un V16 BMW, construit même un proto à 18 cylindres ! Bruno Sacco, le chef du design, n’est pas content car il avait proposé un dessin très élancé, à la Jaguar.
Or, jugée pas assez logeable, sa proposition a été retoquée par Wolfgang Peter, qui dirige le développement de la pharaonique berline, et il a dû produire une autre maquette, imposante et massive celle-ci, tracée par le français Olivier Boulay. Conséquence de cette redifinition, les coûts dérapent et le projet prend un énorme retard : 18 mois. Peter sera remercié certainement à cause de ça ! Quoi qu'il en soit, la voiture, présentée au salon de Genève 1991, entend donner une leçon à la concurrence par son confort, son luxe, sa qualité et ses performances. L’accueil est pourtant mitigé : la crise économique vient d’éclater et bien des observateurs se demandent si cette Mercedes n’est pas simplement inadaptée à l'époque. Démesurée avec ses 5,11 m de long (5,21 m version SEL), elle pèse 2 190 kg dans version de pointe, la 600 SEL. Actuellement, ça ne choquerait personne, mais il en allait différemment dans les années 90.
Autre démesure de la 600, son énorme V12 6,0 l, doté de 4 arbres à cames en tête (équipés de déphaseurs côté admission) actionnant 48 soupapes. Développant quelque 408 ch, un record pour une berline de production, il emmène la Mercedes à 250 km/h et lui fait franchir les 100 km/h en 6,1 s. Des performances de sportive pour un salon roulant ! Pour bien tenir le pavé, l’allemande dispose de trains roulants sophistiqués (double triangulation avant, essieu arrière multibras, correcteur d’assiette hydropneumatique), d’un antipatinage électronique et se dote de quatre grands disques ventilés.
Dans l’habitacle, l’équipement est somptueux : sellerie cuir aux innombrables réglages électriques (concernant aussi le volant), clim auto bizone, hifi, régulateur de vitesse, double vitrage (une première), portières à fermeture assistée, airbag, ABS. En option, on trouve notamment les sièges arrière individuels, la banquette chauffante ou encore un deuxième climatiseur. Le prix est en conséquence : 818 000 F, soit 210 500 € actuels selon l’Insee. Cela paraît là encore démesuré, mais une Rolls-Royce Silver Spirit coûte 1 111 908 F. La Mercedes n'est donc pas si chère ! A telle enseigne que si la Classe S W140 ne rencontre pas le succès espéré, la 600 représente près de 10 % des ventes, et presque exclusivement en variante longue SEL.
Par la suite, la 600 va relativement peu évoluer. En 1993, dépollution oblige, la puissance chute à 394 ch et les appellations changent. Exit les sigles SE et SEL placés après le chiffre de la cylindrée, place à un simple S situé juste devant. En conséquence, la 600 SE devient S 600. En 1994, c’est l’heure du restylage. Peu spectaculaire, il cherche surtout à alléger visuellement la voiture. Techniquement, les modifications s’avèrent limitées mais pas insignifiantes pour autant.
En effet, septembre 1995, le GPS fait son apparition, une première sur une berline ! Notons aussi l'installation d'une boîte auto à 5 rapports et non plus 4, alors que l'ESP est livré en série. En 1996 arrivent notamment les xénons, les airbags latéraux et le capteur de pluie. Autant d’éléments alors inconnus qui équipent alors bien des autos, même modestes. La W140 disparaît en 1998, et la 600 avec, remplacée par une W220 beaucoup plus fine mais moins ambitieuse. Produite à 35 916 unités, dont 3 399 en courte, 32 517 en longue, la Classe S 600 n'a absolument pas démérité. Ces chiffres sont en effet exceptionnels pour une auto aussi chère et puissante.
Combien ça coûte ?
La 600 ne coûte qu’une infime fraction de son prix initial, mais ça change. Comptez 10 000 € pour une belle auto totalement fonctionnelle affichant 300 000 km, 15 000 € à environ 200 000 km et 20 000 € à moins de 100 000 km. Des montants qui peuvent varier en fonction de l’état et de la configuration du modèle, les options étant très nombreuses.
Quelle version choisir ?
Les modèles restylés s’avèrent un peu plus fiables mais sans coûter davantage, tout en bénéficiant d’équipements modernes. D’un autre côté, si on aime le look massif de la W140, on peut rester sur les premiers exemplaires, un peu plus puissants. Affaire de préférence personnelle. Par ailleurs, optez d'abord pour un exemplaire suivi et régulièrement utilisé avant de considérer le kilométrage. Une auto ayant peu roulé mais longtemps immobilisée sera un nid à emm...
Les versions collector
Toutes, dès qu’elles se présentent en parfait état d’origine. Un faible kilométrage et des options peu fréquentes seront de gros avantages.
Que surveiller ?
La 600 combine deux éléments explosifs : une grande complexité technique et un âge avancé. Commençons par la bonne nouvelle : le moteur et la transmission s’avèrent très solides, s’ils ont été respectés et vidangés régulièrement. Mais attention, le moteur est un 12-cylindres, donc une simple opération comme changer les bougies demande beaucoup de temps. D’ailleurs, l’accessibilité sous le capot n’ayant pas été privilégiée, les réparations coûtent vite cher en main d’œuvre. Comme par exemple celle consistant à changer le faisceau électrique de l’injection, composé de matériau biodégradable. Assurez-vous que cela a bien été fait. Autres points à surveiller, la pompe à essence et son système de régulation. Côté trains roulants, les éléments hydropneumatiques fuient avec l’âge : vérifiez bien que l’auto monte et descend correctement. Sinon, gare à la facture.
Dans l’habitacle, ça se complique. Pas de soucis concernant son aspect : les matériaux, de qualité, vieillissent très bien. En revanche, les équipements peuvent donner des maux de tête. Par exemple, le circuit pneumatique de fermeture assistée de portières a ses faiblesses, comme une pompe parfois fragile. Si une porte ne ferme pas bien, cette pompe sera à remplacer (une reprogrammation de son calculateur ne suffit pas) et ça coûte cher. Autre grosse source de dépense : la clim. Si elle est en panne, suspectez l’évaporateur. Problème, pour le changer, il faut retirer entièrement la planche de bord, derrière laquelle il se trouve. Une intervention laborieuse à plusieurs milliers d’euros. Bon point : bien des pièces sont encore disponibles chez Mercedes.
Sur la route
Elle est énorme cette 600, et ne fait rien pour le cacher ! A bord, cette démesure se solde par un espace considérable à l’arrière. On est bien installé et tout semble solide, mais l’ambiance demeure très Mercedes, donc pas si différente de celle d’un taxi bien optionné. Pour l’exclusivité, on ira chez Rolls ! Heureusement, à l’avant, la position de conduite est impeccable et le confort du siège appréciable. Il faut toutefois un peu de temps pour s’habituer à la profusion de commandes…
A la mise en route, le moteur demeure quasi-inaudible, d’ailleurs, ce n’est pas pour sa sonorité qu’on le choisira. Plutôt pour sa puissance toujours impressionnante aujourd’hui. Cette allemande âgée étonne encore par la vigueur des ses accélérations, qui vous enfoncent dans les dossiers. Ce que ça pousse ! Mieux, à haut régime, le moteur adopte une sonorité métallique très plaisante. Le châssis, s’il s’avère pataud, demeure tout à fait sain, rançon de trains roulants bien guidés, alors que la filtration offerte par la suspension demeure remarquable.
En clair, à vitesse stabilisée, le confort est presque total, d’autant que l’insonorisation impressionne encore. Ces qualités encore actuelles associées à une ambiance youngtimer rendent cette auto bien savoureuse, mais elle boit, la gueuse : pas moins de 16 l/100 km sans trop forcer.
L’alternative newtimer*
Mercedes S600 W221 (2006 – 2013)
Après une Classe S W220 pas au niveau qualitativement, la W221, sortie en 2005, renoue avec une construction très solide. De plus, elle étonne par son look plutôt osé, marqué par des passages de roues épais et un couvercle de coffre semblant rapporté, comme celui d’une BMW Série 7 E65. Même aspect déconcertant dans l’habitacle, où le tableau de bord à double lunule et molette de commande rappelle étrangement celui de la rivale de Munich. La belle finition en plus !
En haut de gamme, la S600 bénéficie d’un savoureux V12 biturbo 5,5 l développant quelque 517 ch pour 830 Nm. De sorte que ses 2 210 kg disparaissent comme par enchantement à la première accélération, les 100 km/h étant atteints en 4,6 s. Le tout dans un confort et une sécurité immenses. La S600 évoluera légèrement en 2009 avant de disparaître en 2013. Dès 18 000 €.
Mercedes-Benz 600 SEL (1991), la fiche technique
- Moteur : 12 cylindres en V, 5 987 cm3
- Alimentation : injection électronique
- Suspension : jambes McPherson, double triangulation, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis, amortissement piloté (AV) ; essieu multibras, ressorts hélicoïdaux barre antiroulis, amortissement piloté (AR)
- Transmission : boîte 4 automatique, propulsion
- Puissance : 408 ch à 5 200 tr/min
- Couple : 580 Nm à 3 800 tr/min
- Poids : 2 190 kg
- Vitesse maxi : 250 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 6,1 s (donnée constructeur)
Pour trouver une Mercedes 600 d'occasion, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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