Michelin affiche un grand sourire, mais pas grâce à l'automobile
La filière automobile tout entière semble se porter comme un charme. Après Stellantis et Renault qui ont fait état de leurs excellents résultats, c'est au tour de Michelin d'afficher les siens, en forte hausse également. Mais en y regardant de plus près, on s'aperçoit que ces bons chiffres ne sont pas liés aux pneus destinés aux voitures.
Ce début d’été semble se placer sous le signe de la réussite financière. Celle des constructeurs, comme Stellantis ou de Renault, ou celle de Michelin qui vient de présenter ses résultats semestriels. Florent Ménégaux, le patron du Bibendum les a dévoilés hier, et à Clermont-Ferrand, c'est la fête. Le manufacturier a augmenté ses ventes de 5,9 % pour un chiffre d’affaires de 14,1 milliards d’euros et un bénéfice net de 1,2 milliard, en hausse de 44,7 %, carrément.
Pas mal pour une boîte de la filière pneus qui, dans son ensemble, affiche – 7 % de ventes au compteur. Et c’est pire encore pour les pneu premiums (Michelin, Pirelli, Goodyear, Bridgestone), surtout en deuxième monte. C’est que, par les temps qui courent, les clients optent plutôt pour des pneus chinois ou coréens, beaucoup moins chers, puisque, aux yeux d’un néophyte, la différence de grip entre une gomme de qualité et une autre est souvent imperceptible.
Le Bibendum aurait-il suivi les conseils de Carlos Tavares ?
Michelin subit lui aussi ce contrecoup, en enregistrant - 6 % de ventes pour ses pneus de remplacement. Mais alors, comment diable le Bibendum a-t-il réussi a augmenter ses ventes globales du même ordre ? Un tour de magie certainement. À moins que Michelin n'ait pris au mot ce que Carlos Tavares lui a préconisé, à lui et aux autres. Car le patron de Stellantis nous a expliqué que les équipementiers « ont fait énormément de profits au cours des trois dernières décennies. C’est aujourd’hui à leurs conseils d’administration de prendre les bonnes décisions stratégiques dans cette période de changement ».
Il semblerait que le manufacturier a appliqué à la lettre ce que lui a expliqué celui qui est l’un de ses clients en s’en allant gagner de l’argent ailleurs que dans l’automobile, dans des domaines qui eux aussi usent des pneus. C’est le cas du secteur minier, ou Michelin est leader mondial. Le bibendum équipe en effet la plupart des énormes camions des mines de surface. Dans l’aérien aussi, la maison de Clermont-Ferrand a mis la gomme. Il faut dire que la maison équipe déjà un avion de ligne sur trois, mais comme le secteur est en plein boom, puisque les spécialistes prévoient un doublement du trafic dans vingt ans, elle entend bien en profiter.
Les textiles technos, la nouvelle corde à l'arc Michelin
Mais à ces deux domaines, Michelin en a ajouté un troisième, plus éloigné de ses compétences originelles : les joints industriels et les matériaux textiles et caoutchouc de haute technologie. Il y a un mois à peine, le géant de Clermont a d’ailleurs racheté, pour 700 millions d’euros, Flex Composite, une entreprise spécialisée dans ce domaine. Une démarche qui confirme la stratégie du groupe : utiliser l’automobile pour profiter de la vitrine qu’elle offre auprès du public et y réaliser des volumes et du chiffre d’affaires.
Mais pour rester rentable et accroître ses gains, la vénérable maison plus que centenaire a compris qu’elle ne pouvait plus miser sur la seule voiture. Parce que les consommateurs se détournent de ses gommes haut de gamme, et parce que les constructeurs chassent le moindre centime et exigent des tarifs de plus en plus bas en première monte, quand ils ne vont pas voir des manufacturiers plus exotiques. Aujourd'hui, Michelin sait que ses (bonnes) marges sont ailleurs.
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