Les droits de douane enfoncent un peu plus les équipementiers automobiles français
Les équipementiers automobiles français, mis à mal par les droits de douane américains, appellent à promouvoir le made in Europe, mais aussi à repousser la fin du thermique au-delà de 2035. La fin d'un totem pour ne pas disparaître ?

« Nous sommes au bord du gouffre », soupire Jean-Louis Pech, président de la FIEV, le syndicat patronal des équipementiers français. Plombée par une situation compliquée, la filiale doit faire face aux nouveaux droits de douane imposés par les États-Unis. « Cela ne fait que rajouter de la peine à la peine, mais ils ne sont pas la cause première de nos problèmes. En France et en Europe depuis le Covid nous avons un réel problème de compétitivité industrielle et nous ne redécollons pas », insiste-t-il.
Des effectifs divisés par deux en 15 ans
Selon une récente étude de la FIEV auprès de ses adhérents, un quart d'entre eux a vu son activité ralentir de 10 à 30 % entre 2023 et 2024. De quoi mettre en danger la viabilité des sociétés. Près de dix sites en France pourraient fermer au cours de l'année 2025, selon la FIEV. Et s’ajouter aux 7 300 emplois déjà supprimés en 2024 ou en passe de l'être. En 15 ans, le nombre d’emplois a été divisé par deux (56 000 en 2024 vs 114 446 en 2007).
En cause : une production automobile française en berne avec à peine 1,36 million de véhicules sortis d’usines en 2024. « Près de 38 % de la production sur le territoire national a disparu en 5 ans. Le rouleau compresseur est là, la baisse des volumes est terrible » s’inquiète Jean-Louis Pech.
Une balance commerciale déficitaire
Pendant ce temps la déferlante chinoise progresse lentement mais sûrement. Pris à la gorge les constructeurs européens cherchent à minimiser leurs coûts de production et d’approvisionnement pour disposer de modèles à prix attractifs. Et de mettre la pression sur les équipementiers dont « 85 % craignent de ne plus être sourcée par les constructeurs ». Impossible pour la filière européenne de rivaliser avec une production délocalisée (pays de l’est, Inde, Maroc, Chine) dont les prix de revient sont 17 % à 30 % inférieurs.
Résultat : la France importe plus qu’elle n’exporte et affiche un solde commercial négatif de plus de 6 milliards sur l’ensemble de la branche, dont près de 3 milliards pour le seul secteur des batteries. « La Chine et l’Amérique sont dans une guerre de conquête contrairement à l’Europe » souligne Jean-Louis Pech. Face à l'urgence, la FIEV implore le soutien des pouvoirs publics.
Un plan européen d'urgence
Parmi les mesures d'urgence, la FIEV propose une baisse tous azimuts des charges, sur le modèle de l’IRA (Inflation réduction Act) américain promulgué en 2022. Diminution des impôts de production français (4,5 % du PIB) au niveau de la moyenne européenne (2,4 % du PIB), réduction du coût du travail, abaissement du prix de l’énergie. La FIEV demande également à la Commission européenne d’Instaurer 75 % à 80 % pièces « fabriqués en Europe » dans les voitures commercialisées sur le Vieux Continent. Enfin, la FIEV emboîte le pas aux constructeurs. Et réclame que la fin du thermique en 2035 ne soit plus un totem afin de permettre de commercialiser au-delà de cette date des modèles « performants en empreinte carbone, sur le cycle de vie » comme les hybrides rechargeables, range extenders (prolongateur d'autonomie), mais aussi les e-fuels et les biocarburants. Un inventaire à la Prévert en forme de bouteille lancée à la mer. Les sauveteurs européens sauront-ils la repêcher ?
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