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Les constructeurs automobiles n'investissent plus : mais pourquoi donc ?

Dans Economie / Politique / Finance

Manuel Cailliot

En 2016, les constructeurs automobiles ont investi 3 fois moins dans leur outil de production qu'en 2015, qui fut une année record. Par manque de moyens ? Pas foncièrement. C'est plutôt la recherche et le développement, en un mot l'innovation, qui siphonne les capacités d'investissement.

Les constructeurs automobiles n'investissent plus : mais pourquoi donc ?

C'est une étude du cabinet Ernst and Young (EY), publié hier lundi 27 mars, qui nous l'apprend : les constructeurs automobiles ont investi en 2016 16,3 milliards d'euros au niveau mondial dans leur outil de production. C’est-à-dire pour construire ou moderniser leurs usines, centres de design ou de développement. C'est selon EY 3 fois moins qu'en 2015, qui était une année record. En prenant en compte les 16 plus grands groupes automobiles mondiaux, dont PSA, Renault, Volkswagen, Fiat-Chrysler (FCA), General Motors ou encore Toyota, le nombre de projets d'investissements est ainsi passé de 179 cette année-là, à 98 l'année dernière. Cette dégringolade est surtout vraie pour l'Europe occidentale, la Chine (qui est pourtant devenue le premier marché mondial, mais qui ralentit aussi beaucoup…), et moins pour les États-Unis (6,3 milliards investis), la Hongrie (1,6 milliard), l'Allemagne (1,3 milliard) ou… l'Argentine (1 milliard).

La baisse est donc en tout cas drastique, vertigineuse. Faut-il y voir un manque de moyens soudain des grands groupes ? Un coup d'arrêt à cause de résultats financiers catastrophiques ? Que nenni.

Ceux qui suivent un peu l'actualité économique automobile le savent, les constructeurs (enfin la plupart), ne se sont jamais aussi bien portés.

Alors ? Quelle explication apporter à ce phénomène ? 

 

La faute à l'innovation

Eh bien paradoxalement, c'est en réalité l'innovation qui réduit l'investissement. Que l'on s'entende bien : pas l'investissement total des entreprises, mais celui dans l'outil de production. Ce dernier a déjà eu sa part, soit 140 milliards d'euros entre 2012 et 2015. Désormais, il est fort bien dimensionné (parfois trop).

Du coup, explique EY, la priorité change de direction. La mutation des usages, la forte demande du marché en automobile connectée, autonome, assistée de part et d'autre, le développement du véhicule électrique, font que c'est la recherche et le développement, l'innovation au sens large qui nécessite des fonds. Construire des usines ou les moderniser passe en second, loin derrière.

 

Le cabinet EY affirme également, par la voix de Peter Fuss, associé spécialisé dans l'automobile, que les récentes élections de Donald Trump aux États-Unis, ou le Brexit, ont aussi commencé à orienter les investissements lourds du côté de la… retenue. Les chiffres agrégés par le cabinet remontent sur 2 années, donc ne prennent pas en compte cela, mais à l'avenir, ils conforteront certainement cette baisse de chiffre, avant un nouveau cycle nécessaire d'investissement dans l'outil de production.

 

Au final, on comprend donc que les constructeurs n'investissent pas moins, mais ailleurs, prenant ainsi le sens du vent.

 

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