Les bilans 2024 - Manuel Cailliot : "le périph' à 50 km/h est clairement une purge !"
Tour à tour spécialiste de l'occasion, mais aussi de nouveautés et essayeur à ses heures perdues, Manuel Cailliot dresse un bilan 2024 tout en nuance et en philosophie. Pour lui, 2024 est une année automobile bien remplie. Mais une année où il a fallu ralentir... Trop.
Malgré la désaffection des Français pour l'automobile (neuve du moins), l'année écoulée fut riche en actualité automobile et en décision fortes concernant leur moyen de transport préféré. Quel bilan en tirer ? Il n'est pas évident, mais voici ce qui sort de mon cœur, et un peu de ma raison...
Ma voiture coup de cœur
Bien sûr, je pourrais vous en tartiner épais sur l'essai le plus extraordinaire de mon année, à savoir celui de la Porsche Panamera Turbo S E-hybride, ce monstre de 782 ch plus performant qu'une hypercar, et pourtant exempté de malus. Ou bien sur le plus puissant encore Hummer électrique (836 ch !), et ses 4,1 tonnes sur la balance, avec des performances de supercar...
Mais non. Au risque de lasser, car c'est vrai qu'on en parle énormément sur Caradisiac, mais à raison car c'est l'une des nouveautés les plus importantes de l'année, je vais revenir sur la nouvelle Renault 5 e-Tech 100 % électrique.
Et pourtant, je confirme, aucun chèque reçu de Renault pour en parler (le fantasme de certains commentateurs ici...). Simplement des qualités auxquelles, honnêtement, je ne m'attendais pas. Si je la trouvais sexy et désirable dès sa présentation, je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit aussi homogène, voire enthousiasmante à conduire. Le constructeur au losange a pris son temps pour la lancer, et bien leur en a pris de nous faire attendre, car c'est une auto du coup aboutie et redoutable d'agrément. Elle a bien sûr des défauts, que plus de 1 000 km passés à son volant m'ont permis d'appréhender, mais le package est au global situé au-dessus de ce à quoi je m'attendais. Mignonne à regarder, agréable à vivre, très très sympa à conduire, adaptée à un usage urbain et périurbain. Elle est seulement un peu chère, c'est vrai. Mais c'est pour moi une excellente surprise et une des autos les plus réussies de Renault de cette décennie. Sauf grosse surprise, on devrait bientôt la voir à tous les coins de rue, comme ce fut le cas de la Zoé il y a plus de 10 ans.
La voiture qui m’a déçu
Tout comme mon collègue Julien Bertaux, je vais ici citer la dernière nouveauté électrique de Peugeot, à savoir le E-3008. Non pas que ce soit une mauvaise voiture en soi. Ce SUV désormais disponible en version 100 % à piles possède des qualités que je reconnais. Mais il a perdu son âme en passant du jus de dinosaure au jus tout court.
En prenant 400 kg sur la balance, et en s'étant clairement orienté côté confort, il a perdu son statut de SUV agréable à mener dynamiquement, ce que justement j'appréciais avec l'ancienne génération (et celle d'avant !). Alors que pourtant je ne suis pas client de SUV, j'appréciais le 3008 pour son compromis parfait entre confort ferme mais pas trop et dynamisme qui permettait de véritablement prendre du plaisir à son volant.
Le nouvel opus, lui, est un pachyderme à mener beaucoup plus tranquillement pour en profiter. Et si le cockpit donne effectivement dans l'effet waouh, un peu bling-bling mais toutefois réussi, je ne suis ABSOLUMENT PAS fan de son style extérieur, que je trouve assez grossier, et qui oblige à mettre sous le tapis des aspects pratiques pourtant importants, comme... la visibilité !
De plus, son efficience ne semble pas au top, et il faut choisir la grosse batterie pour pouvoir voyager (un peu) loin... Alors pour moi, c'est une déception.
Le(s) modèle(s) 2025 que j’attends avec impatience
Je vais rester proche d'une des marques que j'aime beaucoup depuis longtemps, et beaucoup moins depuis quelque temps : BMW. En effet, fan des modèles bavarois depuis que j'ai à peu près 18 ans, féru de propulsions entraînées par des 6 en ligne mélodieux, et de lignes intemporelles, je suis vous vous en doutez circonspect depuis quelques années, avec les derniers modèles. Look à mes yeux grossier, passage à la traction pour les plus petites gammes, je pourrais dire que "tout se perd, ma bonne dame !".
Mais vont bientôt arriver les modèles de la "Neue Klasse". Et ce sont eux que j'attends avec impatience. Déjà pour voir si esthétiquement, BMW va revenir à plus de finesse et d'élégance. Cela semble être le cas. Et ensuite pour voir si la marque parvient à sortir des modèles électriques efficients, pas trop lourds. Ils annoncent 30 % d'autonomie en plus et des recharges ultra-rapides. Alors est-ce que ces modèles arriveront à raviver ma flamme pour la marque, ou faut-il que je continue à faire les yeux doux à un coupé 330i E46, dont les cotes s'envolent d'ailleurs ?
Dans l’actualité auto, qu’est-ce qui t’a le plus agacé ?
Clairement, en tant que Francilien venant parfois sur Paris, à la fois pour le travail, et de temps en temps pour les loisirs, ce qui m'a le plus agacé, c'est le passage du périphérique à 50 km/h. Si c'est assez transparent en journée lorsque la circulation est chargée, c'est clairement une purge lorsque la circulation est fluide, la nuit par exemple.
Et tenir le 50 dans ces conditions, je peux vous l'assurer, est une gageure ! On a l'impression d'être à l'arrêt complet. Serait-il réellement si compliqué de mettre en place des limitations de vitesse variables selon l'heure et/ou les conditions de circulation ? Car pour réduire le bruit (c'est l'une des raisons avancées pour réduire la vitesse), le plus efficace est d'utiliser un enrobé antibruit, bien plus efficace que la réduction de vitesse.
Anne Hidalgo va partir, un commentaire ?
Elle a fait exactement ce que la majorité des PARISIENS voulaient, et je peux la comprendre. Or, il n'y a pas que des parisiens qui viennent à Paris, pour y travailler ou pour s'y récréer. Paris est le centre de gravité de toute la région parisienne, où vivent cinq fois plus de personnes que dans Paris seul.
Et ce que je regrette, c'est que ses décisions aient été prises à la fois parfois sans concertation avec la région, sans étude d'impact pour certaines, et dans le mépris le plus total du reste des habitants de la région. De plus, lorsqu'on fait les choses bien, on met d'abord en place des alternatives à l'automobile, avant de la pousser en dehors du centre urbain. Il me semble, sauf erreur, que les alternatives sont toujours pauvres. Les transports en commun sont toujours peu fiables, peu propres et peu adaptés aux trajets de banlieue à banlieue, les parkings pour y laisser son auto toujours aux abonnés absents. Mais la volonté de dégoûter les automobilistes, elle, est bien présente.
Alors qu'Anne Hidalgo ne se représente pas, tant mieux, en ce qui me concerne, mais il y a fort à parier que cela ne change pas grand-chose, son successeur "risquant" d'être dans la même veine.
Le départ de Tavares : dommage ou tant mieux ?
J'aurais tendance à dire dommage... et tant mieux. En effet, il était l'un des grands dirigeants de l'automobile dont on avait salué la passion pour le produit à son arrivée. Amateur de belles mécaniques, pilote à ses heures, il avait tout pour séduire, journalistes autos y compris. Il avait lui-même exprimé assez clairement qu'il prenait des orientations pour son groupe, alors même qu'il aurait fait autrement sans la pression des normes et du législateur. Et un dirigeant qui aime la bagnole, c'est plutôt bon signe sur le papier. Son idée de s'associer avec les chinois plutôt que de se faire bouffer par eux était probablement bonne également.
Or Carlos Tavares a aussi un autre visage, celui d'un cost-killer à la Carlos Ghosn (il faut croire que c’est une caractéristique des Carlos...). Il a parfaitement redressé PSA les premières années, en lui faisant retrouver des résultats financiers à faire pâlir des start-up de la tech. C'est l'artisan des marges et résultats nets à deux chiffres. Et on l'applaudissait pour ça.
Mais à trop tirer sur les coûts, à trop mettre sous le tapis les problèmes induits par la baisse de qualité des pièces, ou des choix hasardeux de conception (malgré de bonnes idées à la base, comme la courroie du Puretech baignant dans l'huile), il a fini par se tirer une balle dans le pied. À sa décharge, gérer jusqu'à 14 marques était évidemment d'une complexité qu'on ne peut qu'imaginer.
Je pense qu'en ayant juste pris quelques décisions différentes (soigner le SAV après les problèmes rencontrés, ou mieux positionner les différentes marques), il serait toujours sur son siège et applaudi.
Quand passerais-je à l’électrique ?
La question est effectivement non pas SI je vais passer à l'électrique, mais QUAND ? C'est une quasi-certitude qu'en effet, je roulerais en VE un jour. Ma copropriété, qui m'interdisait ce choix ne serait-ce que l'année dernière, a voté l'équipement du parking souterrain cette année. C'est donc désormais possible pour moi.
Et je dois avouer qu'une petite Tesla Model 3 Performance, je ne dirais pas non, mais dans encore quelques années le temps que les prix baissent encore.
Cela dit, passer à l'électrique ne veut pas dire renoncer au thermique ! Rien n'interdit de rouler quotidiennement sans émission en roulant, et garder à côté une voiture plaisir, thermique, dotée de 4, 6, voire 8 cylindres, qui donnera le sourire à chaque mise en action via une bonne vieille clé et des bougies d'allumage.
Il faut bien sûr avoir le budget pour les deux (ou trois !). Mais quand on aime, on ne compte pas...
Mon souhait auto pour 2025
Philosophiquement, mon souhait serait que les automobilistes arrêtent de se sentir contraints. Contraints par le passage forcé à l'électrique, contre lequel beaucoup s'arc-boutent. Contraints par les normes et règlements, contraints par la restriction, petit à petit mais bien réelle, des droits à circuler. Et donc à la restriction de la liberté à laquelle l'automobile était associée.
Concrètement, j'aimerais que les constructeurs arrivent à trouver la solution miracle, qui permettrait de rouler avec plaisir en voiture thermique, mais que celles-ci parviennent à égaler les électriques en matière d'écologie. Je pense en effet qu'on peut réussir, avec des solutions simples et en allégeant les autos, à faire en sorte qu'une thermique ait un bilan global équivalent à celui d'un VE et ses lourdes batteries gourmandes en ressources naturelles et polluantes à la fabrication.
Un vœu pieu, j'en ai bien peur...
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