" Le marché européen va repartir à la hausse, nous avons mangé notre pain noir " prédit Stefan May, président d’Aumovio France
Continental vient d’officialiser l’indépendance de sa division Automotive dédiée aux composants. Nommée Aumovio, la nouvelle entité nourrit d’importantes ambitions de croissance comme le révèle à Caradisiac Stefan May, directeur d'Aumovio France.

Autre nom, mêmes ambitions. Aumovio succède à Continental Automotive, tout en restant au sein du groupe allemand. La nouvelle division indépendante dédiée aux composants, dont le siège est à Francfort, entend devenir leader sur les produits électroniques et les solutions de mobilité avancées pour les véhicules définis par logiciel. Le point avec Stefan May, directeur de Aumovio France.

Le nouvel « Eldorado » de l’automobile
" Nous parlons depuis quelques années d'architecture centralisée et de SDV (software-defined véhicule) le véhicule défini par logiciel (capable d’évoluer tout au long de sa vie, grâce à une architecture centralisée avec la mise à jour de nouvelles applications pour étoffer ses fonctions NDLR). C'est le nouvel Eldorado pour les constructeurs et les équipementiers. Les Chinois ont avancé sur ce secteur, mais d’abord à l'attention de leurs propres consommateurs. Il y a donc tout un marché pour les équipementiers européens. Aumovio est un acteur incontournable sur le secteur des systèmes embarqués. Notamment sur le middleware (permet la communication de données entre applications hétérogènes NDLR) la couche logicielle qui fait fonctionner le véhicule. Ce sera pour nous les relais de croissance que nous opérerons soit en propre, soit en marque blanche pour des constructeurs. "
La chine et le reste du monde
" La Chine a une importance absolument cruciale pour nous et pour tous les acteurs de l'automobile (Continental dispose de 8 sites de recherche et développement et 12 usines sur place. Aumovio vise 2 % de croissance en Chine, marché sur lequel il a généré 14 % de ses ventes mondiales en 2024 NDLR). Si on veut être présent en Chine il faut l'être avec des acteurs et des salariés chinois qui comprennent et connaissent leur marché domestique. Notre stratégie est de travailler the Market for the Market. Nos centres de recherche et de développement, nos centres d'ingénierie sont structurés autour d’axes régionaux. L' Asie du Sud-Est, l'Afrique et le Mercosur, sont également des régions de croissance. Maintenant soyons lucides, les gros marchés restent la Chine, l'Amérique du Nord et l'Europe. "
Une meilleure profitabilité avec moins de volume
" La sortie du COVID et les pénuries de composants qui ont suivi, ont été avec le recul très salutaire. Cela a permis de bien faire comprendre qui dispose de quelle valeur ajoutée dans le véhicule. Ensuite, ces dernières années le marché n'était pas au rendez-vous notamment en Europe. Nous avons fait ce qu'il fallait en termes de programme d'amaigrissement et de réduction des coûts en interne. Nous avons ajusté notre effectif (Continental a annoncé en 2024 et 2025 plus de 10 000 supressions de postes NDLR). Nous avons ainsi abaissé nos points morts et nous sommes en train d'apprendre à vivre de manière profitable avec moins de volume (hausse de sa marge EBIT à 2,3% NDLR) . Les constructeurs ont fait exactement la même chose. L’année dernière, Continental Automotive a vu son chiffre d'affaires baisser (19,4 milliards d'euros -4,3 % VS 2023 NDLR) parce que nous avions priorisé l’overall value (meilleur choix qualité prix). Mais allons pouvoir désormais retrouver de la croissance. "
Le marché automobile européen va repartir
" Je suis très optimiste. J'ai plutôt tendance à croire que nous avons mangé notre pain noir et que nous sommes en train de revenir dans une certaine forme de dynamique. Le marché européen est à un point bas et sur un faux plat, parce qu’il y a du retard à l'allumage par rapport aux véhicules électriques. Pour l'instant l'hybride est une solution intermédiaire qui joue son rôle d'amortisseur (dans la transition électrique NDLR). Le marché européen va repartir en volume au-delà de ce qu'il est actuellement, sans toutefois revenir aux volumes de 2019. "
Le rôle de la France
" En France, Aumovio dispose de deux sites (1 700 salariés NDLR). Un site de R&D à Rambouillet et un centre d’ingénierie à Toulouse. Les équipes françaises vont jouer un rôle clé dans les systèmes de sécurité des véhicules, les tableaux de bord numériques ou encore des interfaces spécifiques, les aides à la conduite ou encore la télématique, domaine sur lequel notre site de Rambouillet dispose d’une grande expertise. "
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