Le covoiturage en baisse
Après un mois de mars record, le nombre de covoiturages connaît une baisse continue en avril et mai. Phénomène persistant ou simple effet passager ?
Alors que le gouvernement s’apprête à dresser un bilan d’étape à l’occasion des six mois de la mise en place du bonus covoiturage de 100 euros, les derniers chiffres de l’observatoire national du covoiturage montrent une baisse continue du nombre de trajets covoiturés en avril et mai, passant de plus d’un million (mars 2023) à un peu moins de 750 000 (mai 2023). Soit une perte sèche de 281 000 trajets en deux mois. Quelles en sont les raisons ?
Les chasseurs de primes
Une première explication serait de dire que parmi les nouveaux covoitureurs un certain nombre serait de simples « chasseurs de bonus » qui après avoir effectué les dix trajets obligatoires pour toucher la prime de 100 euros allouée par l’État arrêtent tout simplement de covoiturer. D’après une étude menée par Karos « ce cas de figure demeure ultra minoritaire et ne représente que 4 % des nouveaux conducteurs en 2023 (contre 2 % en 2022). Avec un gain mensuel moyen d’une centaine d’euros (l’équivalent d’un bonus mais tous les mois !), ils ne s’arrêtent pas en si bon chemin » rassure Tom Attias, responsable du développement chez Karos France. L’explication serait à chercher du côté des congés et des ponts du mois de mai.
La faute aux congés
« En avril, les vacances de Pâques ont naturellement fait chuter les chiffres tandis qu’en mai, ce sont les jours fériés et les ponts qui ont été défavorables au covoiturage domicile - travail. Nous nous attendions à ce ralentissement temporaire, mais il s’agit d’un faux plat ! » explique Tom Attias de Karos. Du côté d’Ecov, Thomas Matagne voit « plutôt un mois de mars assez exceptionnel et particulier parce que c'était un mois long touché par les grèves » (y compris dans les transports en commun NDLR). Nicolas Michaux de Blablacar y voit un phénomène récurrent. « Le covoiturage domicile-travail a une saisonnalité. Historiquement, le mois de mai connaît un ralentissement, comme les mois de juillet et août du fait des congés d’été. » La faute aux congés, vraiment ? Pourquoi diable le nombre de trajets covoiturés a-t-il continué de croître en février malgré les vacances scolaires d’hiver ?
Baisse du taux d’occupation
Outre la diminution du nombre de trajets, le taux d’occupation des véhicules/km affiche un sérieux recul, passant de 2,32 personnes par voiture en juillet 2022 à 2,21 en mai dernier. Sur les courts trajets, on constate qu’il n’y a guère plus d’un passager en plus du conducteur dans la voiture. Et 41 % des déplacements automobiles, le sont par des auto-solistes. Pour Thomas Matagne, patron d’Ecov « aujourd'hui, on est sur des dispositifs qui sont relativement superficiels et pas dans un changement structurel. Le changement d'usage profond de la mobilité n'est pas encore engagé. Au-delà du covoiturage, il faut mettre un autre maillage en place. »
Mais pour l’heure pas de panique donc ! Tous les acteurs préfèrent mettre en avant la multiplication par deux du nombre de covoiturage entre 2022 et 2023. Les chiffres « devraient en toute vraisemblance repartir dans une dynamique de hausse » assure Tom Attias.
Reste que l’objectif de trois millions de trajets quotidiens à l'horizon 2027 semble encore bien loin.
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