La Yamaha Tracer 9 GT+ Y-AMT peut-elle devenir la GT ultime ?
ESSAI - Il y a peu, nous découvrions la MT-09 Y-AMT. C’est au tour de la Tracer d’adopter la boîte automatique. Mais cette (r) évolution n’est que l’un des nombreux changements du millésime 2025 de la voyageuse aux trois diapasons. Euro5+, plus lourde, plus équipée, plus chère, est-elle en mesure de séduire les amateurs de Sport GT ?

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Note
de la rédaction
14,8/20
Commençons par le sujet qui fâche : le tarif. Cette Tracer 9 GT+ est affichée à 18 999 € en mai 2025, valises comprises (30 litres chacune). La bagagerie rigide profite du système de démarrage sans clef, mais impose encore de nombreuses manipulations pour s’ouvrir. Contrairement au bouchon de réservoir, qui ne nécessite aucune action autre que de soulever son opercule, il faut appuyer deux fois sur un bouton de la coque arrière pour signifier que l’on verrouille ou déverrouille les valises. Ensuite, on appuie sur le bouton de la valise pour l’ouvrir ou pour l’ôter. Si on l’ouvre, une « poignée » se dégage, qui doit être tirée en même temps que l’on pousse sur le capot. Quelle complexité pour une opération si simple chez BMW : un bouton… Sans parler de la clef redondante.
On est bien sur un modèle japonais où tous les cas de figure sont prévus. Par contre, point intéressant, la mise sous tension de la moto autorise un assouplissement des suspensions pendant 30 secondes, permettant de mieux monter à bord et s’installer et surtout de ne pas bouger un bout de bois. Bien vu, quand bien même on est loin de l’abaissement automatique apprécié sur les BMW, Ducati et consorts. Point curieux : la pré contrainte demeure à régler manuellement sur le mono amortisseur arrière. Curieux, non ?

Mais reparlons Prix. 18 990 €, ce sont 2 000 € de plus que le modèle qu’elle remplace et que nous avions particulièrement apprécié (Essai - Yamaha Tracer 9 GT + : et le plus devient l'ami du bien). Et qu’elle supplante. Reposant sur la base de la MT-09 2025 au cadre renforcé et modifié, la nouveauté est cependant complètement différente au niveau équipement et prestation. Surtout dans cette version très haut de gamme. Entre copieux roadster caréné et trail vitaminé à roue de 17 pouces, la GT+ mise sur un équipement pléthorique pour rivaliser avec BMW... Notamment la R1250 RS ou la R1300 RS (17 450 € pour prix de base), plus puissante certes, mais semi-habillée elle aussi et rare représentante des Sport GT à ce niveau d’équipement.

La Tracer 9 GT+ voudrait-elle concurrencer les BMW ?
Et pour cause : on se perd dans le descriptif du modèle tant il y a à dire. Alors, on retiendra la chaîne à traitement DLC « longue durée de vie » signée DID. Un élément pouvant compenser partiellement l’absence d’une transmission par cardan et rassurer quant à la longévité du kit de transmission.
Certes, la GT+ fait le plein de tout le package électronique moderne d’une grosse rouleuse intégrant par exemple une béquille centrale (bien difficile à déployer : ça pèse !), une latérale et des capteurs de pression des pneumatiques (et plus encore avec l’anti wheeling et l’anti glisse de la roue arrière, sans oublier un réglage du frein moteur). Une pression que l’on ajuste aisément au moyen de valves coudées. À ce propos, les Bridgestone T32 montés de série sur les jantes forgées sont une référence spécifique, allégée niveau carcasse pour l’occasion et pour réduire le poids non suspendu de la moto. Il sera donc intéressant si ce n’est obligatoire de continuer avec cette monte une fois celle-ci usée. Pensez-y.

Plus ample, plus haute et toujours accessible physiquement
Une bulle électrique haute (commandée depuis le menu et réglable sur 10 cm d’amplitude) rejoint ainsi les pare mains, des suspensions électroniques semi-actives assujetties au mode de comportement moto choisi permettent d’adapter le comportement dynamique et le niveau de confort, tandis que les assistances à la traction et au freinage, actives toutes deux sur l’angle, font également partie du package. Pour le confort toujours, aspirations GT obligent, les selles conducteur et passager ont été revues pour un meilleur accueil. L’assise principale profite d’une arcade plus fine de 8 mm malgré une hauteur supérieure de 20 mm : elle passe à 845 mm minimum et peut être réglée sur 860 mm via le réglage mécanique). Avec 1,80 m on pose aisément les pieds au sol. L’ensemble poignées/repose-pieds (réglables en hauteur côté conducteur sur deux positions) et assise passager est également revu pour une meilleure assise, un meilleur grip et une meilleure filtration des vibrations.

Le freinage, justement, est combiné (UBS) et régulé automatiquement (ou non, la fonction peut être désactivée). En reposant sur le même dispositif que le régulateur de vitesse adaptatif (s’appuyant sur une caméra infrarouge), il apporte un supplément de puissance s’il détecte que la force exercée sur les commandes n’est pas suffisante en cas de détection d’obstacle dans son champ de vision. La Tracer 9 GT+ est également dotée d’un système de démarrage en côte à enclenchement et désactivation semi-automatique (Pression sur le levier ou la pédale).

Ça régule en tous sens !
De son côté, le régulateur s’accompagne d’un limiteur de vitesse, une option plutôt intéressante pour éviter les excès de zèle sans se priver des performances du moteur CP3, révisé pour répondre aux nouveaux standards et au comportement revu. Non seulement le radar embarqué régule l’allure et freine en fonction de la distance entre la moto et le véhicule la précédant (trois niveaux), mais il est aussi relié au Y-AMT, permettant de passer les rapports tout en conservant la vitesse enregistrée et sans coupure. Enfin, le capteur arrière sert également à signaler une présence dans l’angle mort de la moto au travers d’un signalement sur le rétroviseur.

Enfin, nous venons de le mentionner, la Tracer 9 GT+ essayée est celle à boîte Y-AMT. Cette version automatisée repose sur un shifter (bien entendu bi-directionnel) de dernière génération et sur deux moteurs : l’un gérant l’embrayage, l’autre la sélection. Une sélection revue au moyen de pignons à la dentelure revue pour améliorer la douceur de passage Tous deux coordonnent leur action pour permettre de changer de rapport en 0,1 seconde, soit plus vite que n’importe quel pied.
Une vraie usine à gaz à l’ergonomie perfectible
Le levier d’embrayage et la pédale gauche disparaissent donc. Dès lors, deux possibilités : soit passer manuellement les vitesses au moyen de la gâchette double branches actionnable au pouce ou à l’index gauche (MT), on dispose alors de plusieurs modes de cinq comportements donc deux configurables (Rain, Road, Sport, Custom 1 et Custom 2), soit laisser faire la moto, auquel cas seuls deux modes régissent l’accélération et la puissance : D et D+, tout en permettant toujours d’intervenir sur le rapport engagé au moyen de la palette (AT). Aux Paramètres traditionnels des modes, gérés par la centrale inertielle : PWR (distribution de puissance), TCS (contrôle de traction), SCS (gestion de la glisse de la roue arrière), LIF (gestion du lever de la roue avant), et BC (frein moteur) s’ajoute à présent le BSR (Régulation de glisse de l’arrière). La GT+ ajoute la gestion de la suspension électronique, qui peut opter pour deux préréglages : Automatique 1 (A1 - Sport), automatique 2 (A2 - Confort) et l’un des deux modes personnalisés (C1 et C2) jouant finement sur le niveau de rebond et de compression, mais uniquement via l’application My Ride.

Vous en déduirez naturellement que la nouvelle instrumentation TFT de 7 pouces bénéficie d’une connectivité avec un smartphone pour non seulement offrir l’infodivertissement « de rigueur » si l’on veut plaire, mais aussi la possibilité de régler sa moto (mode de comportement) ou encore d’afficher nativement une navigation GPS via l’application Garmin Motorize désormais gratuite. Évidemment, l’une des solutions les plus simples pour gérer la Tracer 9 GT+ passe par l’utilisation du smartphone. Celui-ci peut d’ailleurs trouver place dans le compartiment droit inséré dans la tête de fourche, étanche et suffisant pour accueillir un téléphone à écran de 6 pouces et un tout petit peu plus. Attention par contre à utiliser un câble USB A à fiche coudée sur votre téléphone : il est à l’étroit en longueur, mais bien plaqué et relativement épargné des vibrations. Par contre, le bouton d’ouverture, situé au niveau des tés de fourche, à l’intérieur du carénage, est peu pratique. Enfin ce compartiment ne peut pas être verrouillé.

L’instrumentation est agréable, la présentation très soignée et il existe plusieurs designs possibles. On alterne efficacement entre les informations affichées et aucune ne manque à l’appel. Visuelle, intuitive, elle vise un niveau de classe que les câbles et protubérances apparents sur le guidon viennent contraster. Certes la finition est bonne, mais les ajouts ont fini par surcharger visuellement le cintre. Au moins la position de conduite est-elle agréable.
L’éclairage LED Matriciel qui en jette !
La panoplie ne serait pas complète sans que l’on n’évoque l’éclairage matriciel, grande première de la Tracer 9GT+ et grande première pour Yamaha. L’impact esthétique est certain, donnant une face avant pour le moins massive, mais c’est surtout de nuit que l’on profite de la puissance et de la portée du faisceau généré (175 m environ!). L’éclairage est également adaptatif, ce qui ne gâte rien.

Cette surenchère de technologie a plusieurs coûts. En poids, c’est un fait, mais aussi en encombrement. Sans parler des manipulations nécessaires, que Yamaha ne laisse plus intégralement accessibles de manière physique par l’intermédiaire des commodos. Certes très agréables de design, ils sont chargés et heureusement rétro éclairés.
Le bouton Home est votre sauveur, qui permet de servir de raccourci pour accéder rapidement à la navigation et de retour arrière. Le joystick est également une excellente trouvaille, à la fois pratique et ergonomique. On peut jouer « en live » sur le niveau des assistances, manipuler la bulle ou encore activer les poignées chauffantes et, bien entendu, configurer tout ce qu’il est possible de paramétrer ou presque. Il fallait bien cela pour se dépêtrer des nombreuses possibilités. Les divers clics offrent de s’en sortir plutôt bien dans les menus et dans les modes, mais la complexité gagne à mesure que l’on entre en profondeur dans les configurations. L’écran de paramétrage le plus visuel et le plus compréhensible est ainsi le dernier auquel on accède, tel une surcouche géniale greffée en dernier lieu. Nous sommes persuadés qu’il y a plus rapide et plus simple pour tout faire.

En parlant de tout faire, que nous permet donc cette nouvelle Tracer 9 GT+ ? Yamaha nous la donne pour 30% sportive et 70 % routière, il est temps de le vérifier, dans un véritable environnement de rêve et pourtant sans concession : la Slovénie. Oui, nous avons voyagé pour trouver des routes à vous en filer le tournis et pour mettre le Y-AMT ainsi que cette mémère de 232 kg tous pleins faits, réservoir de 19 litres rempli au moins à 90 %. 19 litres seulement ? Notre boucle de plus de 320 km traversant trois pays (Slovénie, Autriche, Italie) saura-t-elle aller au bout du concept et de l’autonomie ? La réponse tout de suite.
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