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La voiture bientôt trop chère ?

Dans Economie / Politique / Budget

Olivier Cottrel

Selon la dernière enquête de l’Observatoire Cetelem, si près de 75 % des Français déclarent ne pas pouvoir se passer de leur véhicule, ils sont également 59 % à craindre de devoir le faire en raison du budget annuel moyen de 2 870 € qu’il nécessite. Une inquiétude qui monte chez de nombreux Français.

La voiture bientôt trop chère ?

Avec l’augmentation du prix du carburant, celui des cotisations d’assurance et du coût global de l’entretien du véhicule, posséder un véhicule en France nécessite d’y consacrer en moyenne chaque année un budget de 2 870 €. Un véritable sacrifice financier pour 73 % des Français interrogés à l’occasion de cette grande enquête internationale menée par Harris Interactive pour l’Observatoire Cetelem du 23 juin au 8 juillet 2022 dans 18 pays : Afrique du Sud, Allemagne, Autriche, Belgique, Brésil, Chine, Espagne, États-Unis, France, Italie, Japon, Mexique, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Royaume-Uni et Turquie. Au total, 16 600 personnes ont été interrogées en ligne, dont 3 000 en France et 800 dans chacun des autres pays.

Ainsi, selon l’Observatoire Cetelem, malgré ce budget conséquent, 75 % des Français déclarent encore ne pas pouvoir se passer de leur véhicule, même si 4 Français sur 10 de moins de 35 ans s’imaginent pourtant vivre sans.

Face à un coût de la mobilité élevé et un budget serré, les automobilistes s’efforcent malgré tout de limiter les dépenses : 6 personnes sur 10 affirment ainsi avoir renoncé à se déplacer en raison du coût induit. Et s’ils ne délaissent pas leur véhicule, ils sont également 60 % au global et 68 % en France à mettre en place des mesures pour limiter les dépenses liées à l’usage de leur véhicule.

En premier lieu, les efforts visent se concentrent sur la réduction des dépenses en carburant. Un consensus qui emporte 65 % des suffrages sur la moyenne des 18 pays observés, loin devant les autres postes de dépenses : l’entretien (28 %), les frais de stationnement (26 %), l’assurance (21 %), la conduite sur autoroute (20 %). En France, après le carburant (67 %), c’est faire baisser la note liée aux péages qui arrive en deuxième position (37 %). Parmi les principales mesures prises pour contenir leurs dépenses en carburant, une majorité (54 %) déclare réduire ses déplacements, 46 % comparer les prix afin d’acheter l’essence au plus bas prix, et 44 % essayer d’optimiser leur conduite pour consommer moins de carburant.

Si les automobilistes sont prêts en règle générale à consentir des efforts financiers, ils n’en attendent pas moins des actions de la part des pouvoirs publics comme des constructeurs. Un bouclier tarifaire sur les prix de carburants est plébiscité par 52 % des répondants (en France, les ruraux sont 67 % à pousser pour cette mesure), une diminution des taxes par 38 %. Mais aussi des mesures pour développer les transports publics (23 %) ou des aides à l’achat de véhicules électriques (21 %). Dans la même logique, 63 % sont favorables au développement de véhicules plus sobres de la part des marques automobiles.

Pour leurs déplacements quotidiens, 1 Français sur 2 utilise systématiquement sa voiture, la proportion la plus élevée d’Europe après l’Allemagne (51 %) et le Royaume-Uni (52 %). À noter que le creuset entre milieu rural et urbain est significatif avec une moyenne pour les 18 pays étudiés de 56 % pour les personnes habitant hors des grandes agglomérations contre 35 % des citadins de métropoles.

Parmi tous ces chiffres, le plus alarmant est peut-être celui-ci : 59 % des Français craignent tout simplement de ne plus avoir les moyens de posséder un véhicule à l’avenir. Avec la mise au garage des véhicules thermiques, actuellement prévue en 2035 pour les véhicules neufs, et dès à présent pour certains véhicules bannis des ZFE, et alors que 7 personnes sur 10 ont renoncé à l’achat d’un véhicule électrique en raison de son coût jugé trop élevé, le risque d’exclusion est donc une réalité.

« Cette édition 2023 de l’Observatoire Cetelem montre que les automobilistes ne sont pas prêts au quoi qu’il en coûte automobile. L’électricité peut être une voie, mais pas à n’importe quel prix. Aujourd’hui, en l’état, le risque existe qu’il se crée une fracture économique et sociale au sujet de l’automobile, rejetant à la marge les personnes qui en ont le plus besoin dans leur vie quotidienne. Une fracture encore plus béante entre ceux qui auraient les ressources financières d’accéder à l’électricité et ceux qui regarderaient passer le véhicule de l’innovation sans avoir les moyens de monter dedans » conclut ainsi Flavien Neuvy, Directeur de l’Observatoire Cetelem.

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