La Ferrari Daytona ? Dessinée en une semaine !
Leonardo Fioravanti, designer chez Pininfarina, a dessiné la Daytona sur son temps libre en un délais record, simplement parce qu’il n’aimait pas la 275 GTB…
Très largement appréciée notamment pour sa beauté, la Ferrari 275 GTB n’a pas toujours séduit tout le monde sur ce point. A commencer par un certain Leonardo Fioravanti, designer chez Pininfarina depuis 1964. Il lui trouvait un problème de proportions, lié à un manque de largeur notamment. Etonnant, non ? Un jour, il effectue un trajet Maranello – Turin dans une 275, dont il partage le volant avec Pier Ugo Gobbato, directeur général de Ferrari. Fioravanti trouve la visibilité de la vouture problématique, et soupçonne qu’elle souffre également d’une aérodynamique nettement perfectible.
A tel point qu’il décide, sans en demander la permission à Sergio Pininfarina, son employeur, d’en carrosser un châssis. Fioravanti se sent inspiré par la beauté des pièces d’orfèvrerie composant la 275. Pendant toute une semaine de 1966, presque jour et nuit, sur son temps libre, ce petit jeune de 26 ans façonne celle qui va devenir la Daytona.
En designer surdoué, il soigne non seulement le style mais aussi et surtout la fonction, en faisant particulièrement attention à l’aérodynamique. En effet, les lignes fuselées de son projet se terminent par une poupe abrupte, en application du principe élaboré par de Kamm. Une fois son idée matérialisée, il la montre à son patron. Enthousiaste, celui-ci décide de la présenter à Enzo Ferrari, qui n’a rien demandé, la 275 lui convenant parfaitement.
Quelle est la réaction du Commendatore ? Pragmatique, il voit dans le projet de Fioravanti, moderne sur la forme, la riposte idéale à l’arrogante Lamborghini Miura, qui arborait cette architecture héritée de la compétition : le moteur central. Et il donne le feu vert au projet de Fioravanti !
Le premier prototype conserve les deux projecteurs de la 275, ne reste plus qu’à lui donner cette verrière futuriste (à tel point qu’elle se taillait dans du plexiglas) qui abriterait quatre optiques. Pour les USA, on devra développer une variante à projecteurs escamotables, très séduisante également.
Ce bébé non désiré est dévoilé au salon de Paris en 1968. Spectaculaire et belle en diable, cette inattendue remplaçante de la 275 suscite les acclamations. Elle ne s’appelle pas officiellement Daytona, mais plus simplement 365 GTB/4 le chiffre faisant référence à la cylindrée unitaire du V12 (un 4,4 l tipo 251, évolution réalésée du 3,3 l tipo 226 de la 275), le GT à la nature de la voiture, le B à sa carrosserie, une berlinette, et le 4 au nombre d’arbres à cames. De quoi, avec les six carburateurs Weber, autoriser le 12-cylindres à développer 352 ch, une puissance alors vertigineuse.
Vendue le prix d’une dizaine de Fiat 500, la sportive de Maranello doit son surnom au triplé réalisé par Ferrari aux 24 Heures de Daytona en 1967. Aussi conservatrice (elle reste proche de la 275 techniquement) qu’est avant-gardiste la rivale de Sant’Agatha, la bombe de Maranello surpasse pourtant cette dernière par sa stabilité à haute vitesse et ses performances. Sans même parler de sa fiabilité.
C’est pourtant le bouquet final des deux places Ferrari traditionnelles (jusqu’à la 550 Maranello du moins) car en 1973, la Daytona est remplacée par la 365 GT4 BB, à moteur central… comme la Miura. 1 284 coupés et 122 spiders ont été produits, soit presque deux fois plus que l’impétrante du fabricant de tracteurs, qui avait eu raison trop tôt.
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