L’offre des constructeurs automobiles serait-elle un frein à l’électrification des flottes ?
L’offre des constructeurs et le coût des infrastructures le permettent-ils vraiment une gestion durable des flottes ? Maintenir la productivité du parc véhicules tout en réduisant au minimum son empreinte carbone, une équation compliquée à résoudre.
Depuis plusieurs années la mise en place des politiques RSE, inscrit la durabilité des parcs autos au cœur des politiques de gestion des flottes d’entreprises. Que cela vienne des orientations stratégiques de la direction de l'entreprise, de l'évolution des attentes des salariés ou sous la pression des clients de plus en plus regardant sur les questions d’environnement, passer à une flotte plus durable devient un réel enjeu. Mais cela demande du temps, pas mal d’efforts et un tantinet d’ingéniosité pour y parvenir dans de bonnes conditions sans exploser le budget mobilité de l’entreprise. Dans les faits, les sociétés se disent prêtes à jouer le jeu. En pratique, les freins sont encore nombreux.
Des infrastructures trop onéreuses
L’aspect financier s’avère ici essentiel. Avant tout achat de véhicule, l’entreprise vérifie le coût total de possession (TCO). C’est-à-dire les dépenses liées tout au long du cycle de vie du véhicule. Si le coût d’utilisation du VE s’avère inférieur à celui d’un véhicule thermique, le coût d’acquisition, les dépenses en infrastructures représentent une part importante pour l’entreprise. Le prix d’une borne de recharge de 7,4 kW à 22 kW oscille entre 2 000 € HT et 4 000 € HT. Hors travaux de génie civil qui peuvent faire grimper le montant de l’installation selon la complexité de l’installation. Au-delà de l’investissement, une étude de l'association Sécurité et réparations automobiles (SRA) dévoilée en mai dernier estime qu'en cas de collision, les réparations sur un véhicule électrique sont 15 % plus chères que celles sur un véhicule thermique. De quoi inciter les entreprises à la prudence.
Afin de limiter l’impact financier, les entreprises ciblent au plus juste le profil des salariés (sédentaire, gros rouleur, roulage quotidien…) à qui délivrer un véhicule électrifié. Des VE ou des hybrides pour tous parcours quotidiens inférieurs à 200 km. Des thermiques pour les gros rouleurs (35 000 km / an au moins) hors VP. Charge à l’entreprise de convaincre le collaborateur du bien-fondé de sa démarche. Certains rechignent encore à adopter une voiture de fonction électrique. D’où les efforts pédagogiques et incitatifs nécessaires.
La loi d’orientation des mobilités (LOM) impose aux entreprises un verdissement de leur flotte avec des quotas de renouvellement en véhicules à faibles émissions : 50 % pour les services de l’État ; 30 % pour les collectivités territoriales, leurs groupements et les entreprises nationales ; et 20 % pour les entreprises privées de plus de 100 véhicules. Pourtant selon une étude de Transport & Environment, 60 % des 3 447 entreprises françaises concernées ne respectent pas la règle.
Une offre pas forcément bien adaptée
Une des raisons de ce non-respect (qui est loin d’être la seule) vient du manque d’offres adaptées aux besoins et plus accessibles financièrement pour les entreprises et les collectivités. L’électrification de VP a commencé par le haut de gamme. Or, selon les 300 gestionnaires de flotte interrogés par Dataforce pour une étude publiée en juillet, « les nouveaux véhicules électriques sont principalement nécessaires dans les segments des voitures compactes/intermédiaires et des petites voitures ». Charge aux constructeurs de proposer une offre adaptée qui leur permettra également de doper leurs ventes. Les projections de Dataforce prévoient « une croissance des immatriculations de véhicules électriques sur le marché des flottes de plus de 60 % pour 2025. » Les flottes, moteurs du verdissement automobile.
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