L’Europe championne du monde de l’hydrogène. Une palme utile ou un trophée de pacotille ?
L'Europe est en tête du nombre de dépôt de brevets en matière d'hydrogène, devant le Japon et les États-Unis. Mais ce classement ne prend pas en compte les brevets chinois, car l'Empire du milieu réserve ses brevets à son seul usage. Une drôle de victoire.
Youpi, on a gagné. Selon les statistiques conjointes consultées par l’Office Européen des Brevets (OEP) et l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), l’Europe arrive largement en tête pour les dépôts de brevet concernant les technologies hydrogènes. Mieux, la France à elle seule, a déposé 6 % des brevets mondiaux dans ce domaine au cours des dix dernières années.
Le vieux continent a dépassé les États-Unis, qui ne totalisent que 20 % des brevets, et même le Japon, qui doit se contenter de la deuxième place avec 24 %. L’Union européenne en général et la France en particulier sont donc bien engagés dans cette technologie. Les initiatives françaises dans le domaine de l’hydrogène se multiplient du côté de la recherche fondamentale menée par le CEA ou le CNRS qui recherchent la manière de fabriquer de l’hydrogène proprement.
Mais la France dispose également d’entreprises comme Air Liquide ou Symbio, qui fabrique des piles à combustible. De même, deux nouvelles marques automobiles, NamX et Hopium tentent de s’imposer sur un marché qui reste encore à venir. L’État français lui-même mise sur ce système et a décidé de subventionner de 9 milliards d’euros ceux qui travaillent à son développement.
Les Chinois hors concours
Pourtant, cette bonne nouvelle, et cette course en tête, oblige à rester prudent. Car d’une part, les statisticiens n’ont pas pris en compte les brevets chinois. Pour quelle raison ? En raison de la méthodologie employée par cette étude. Car les deux organismes qui l’ont concocté n’ont retenu que les brevets déposés dans au moins deux pays. Or, les Chinois se la jouant perso, ne partagent pas leurs travaux avec d’autres. C’est d’autant plus ballot que l’on sait que l’Empire du Milieu est plutôt actif dans le domaine de l’hydrogène. Les constructeurs locaux, et l’administration de Pékin sont en avance sur la technologie électrique à batterie, et entendent bien conserver leur leadership sur la techno à hydrogène, au cas où cette dernière se développe en parallèle, voir si elle la remplace.
L'Europe trop focalisée sur l'automobile
Mais ce classement flatteur pose un autre problème. L’Europe, et la France, surtout, semblent plus orientés vers l’automobile que vers d’autres moyens de transport, ce qui est également le cas de la Corée du Sud, en quatrième position de ce classement. Or, et même Philippe Rosier, le patron de Symbio, reconnaissait dans l’interview qu’il nous a accordée, que la priorité de l’hydrogène, devait être, pour le moment, réservée aux poids lourds, aux utilitaires, et pour une part plus marginale aux autos de services (utilitaires, taxis, vtc, etc). Pour lui, comme pour d’autres analystes, la voiture des particuliers gavée d’hydrogène, n’est pas vraiment pour demain.
Autant de raisons qui obligent à prendre ce résultat avec prudence. Mieux vaut prendre des pincettes qu’un sabre à champagne pour célébrer cette victoire au championnat du monde de l’hydrogène de la vieille Europe. À moins que, d’ici 2035, date butoir pour les autos à zéro émission, les recherches en matière de fabrication d’hydrogène (aujourd’hui souvent liée au gaz) ne soient au point et que le réseau de distribution soit opérationnel sur tout le territoire. On peut rêver.
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