JO de Paris : les chauffeurs bénévoles croulent sous une pluie de PV abusifs
Chargés de conduire les athlètes et les officiels pendant la durée des JO, certains chauffeurs bénévoles au service du COJOP reçoivent depuis deux mois un pluie d'amendes assorties de retraits de points pour des infractions inexistantes ou alors réalisées sur demande des forces de l'ordre. Une situation ubuesque.
Pendant toute la durée des Jeux Olympiques de Paris, Michel Seguin, a œuvré au bon acheminement des officiels et des athlètes sur l’ensemble des sites olympiques. Chauffeur bénévole durant les Jeux, ce sexagénaire a eu la mauvaise surprise de recevoir dans sa boîte aux lettres pas moins de six contraventions consécutives à son séjour dans la capitale. Quatre pour « stationnement très gênant ». Pourtant le sexagénaire assure qu'il se garait sur un parking officiel de Paris 2024, spécialement prévu pour accueillir les chauffeurs bénévoles. Plus surprenant encore, une des amendes mentionne qu’il stationnait « sur un trottoir, alors qu'il n'y en avait pas » explique-t-il au micro de BFM TV. Le second PV fait quant à lui état d’une piste cyclable… inexistante à cet endroit selon Michel Seguin.
Le bénévole, s’avoue encore plus stupéfait quand il reçoit consécutivement deux PV, pour des excès de vitesse. Le chauffeur avoue être un peu dérouté, alors que les forces de l’ordre, en charge de l’escorte policière, lui demandaient de presser l’allure en lui faisant signe "avance, avance, avance". Ils étaient pressés et me rendaient service avoue Michel, ravi de pouvoir bénéficier de protection policière pour appuyer sur le champignon. En remerciement de son dévouement et de ses loyaux services, Michel doit s’acquitter d’une somme globale de 700 €. Ce score mérite sans doute bien une médaille. « C’est une incompréhension totale. Nous, on circule avec notre permis, on va nous retirer des points sur notre permis parce qu’on est allés travailler gratuitement à Paris ? » lâche-t-il abasourdi. Le cas de Michel est loin d’être isolé.
Impossible de connaître le nombre de PV dressés
D’autres bénévoles ont été sanctionnés pour un stationnement irrégulier près de l’hippodrome d’Auteuil, alors qu’une autorisation préfectorale de stationnement avait été délivrée expressément au COJOP pour que les chauffeurs puissent y parquer leur véhicule. Et ainsi accéder facilement chaque jour à l’un des 2 674 véhicules Toyota du parc auto officiel du COJOP de l’hippodrome d’Auteuil.
C’est le cas de Patrick Maillard, chauffeur bénévole venu de la Manche. « J’y avais installé ma tente de toit sur la voiture, et je me suis retrouvé à faire un peu du camping dans la rue. Nous étions une vingtaine de bénévoles à partager les soirées là-bas. Nous avions l’autorisation de stationner aux abords de l’hippodrome d’Auteuil par le Comité d’organisation des Jeux olympiques (COJO), qui avait lui-même une autorisation préfectorale », raconte-t-il. Et d’expliquer quelques semaines après les jeux, avoir reçu un message d’un ami de Martigues. Compagnon campeur dans la même situation que Patrick, le sudiste se plaignait d’avoir été verbalisé pour stationnement illégal. Étonnement de Patrick. « Pourquoi lui et pas moi ? Nous avions le même macaron sur la voiture, garée dans le même secteur en profitant du même arrêté. C’est incompréhensible. » témoigne-t-il sur actu.fr. À ce jour, la préfecture de police n’est en mesure de préciser le nombre de PV dressé.
Une logistique dépassée
Et ce n’est pas tout. D’autres PV tombent. Excès de vitesse, passage au feu rouge, circulation dans les couloirs de bus… Tous attribués par le COJOP qui se charge de faire suivre les PV aux incriminés. Alors même que des chauffeurs estiment impossible de certifier à 100 % qui étaient vraiment dans la voiture, au moment de l’infraction au regard des problématiques logistiques. Il est, par exemple, arrivé que le véhicule affecté au volontaire pour la journée ne soit pas disponible sur le parc. Des chauffeurs auraient également été directemennt appelé et donc considérés personnellement en infraction car, à la vue du logiciel de gestion de la flotte, ils auraient étaient non pointés comme chauffeur de leur propre voiture, alors qu’ils étaient au volant d’un véhicule officiel Paris 2024.
D'autres conducteurs ont fait état d'amendes pour des feux rouges grillés, des circulations dans les voies de bus ou encore en sens interdit. Tous expriment leur étonnement à ce sujet puisque, selon eux, les policiers eux-mêmes leur disaient de commettre ces infractions. Comme le rapporte Pierre sur MoneyVox, « quand nous sortions du périphérique, la voie de gauche pour tourner vers (porte) d'Auteuil était filtrée par les forces de l'ordre car uniquement accessible aux véhicules autorisés. Là, il y avait une succession de feu. Nous nous y arrêtions et ne passions au rouge que lorsque nous y étions invités par les forces de l'ordre ».
Pour les délégations jugées à risque, des convois étaient organisés, avec des forces de l’ordre. Souvent il ne fallait pas s’arrêter et suivre le convoi qui avançait à vive allure. Sur une même course, il était alors possible au chauffeur se retrouver sur un même trajet avec comme infratcions, un sens interdit, un excès de vitesse, l’utilisation d’un couloir de bus, un feu rouge grillé parce que la police vous faisait signe de passer… De quoi perdre son permis de conduire d’un coup d’un seul. Surtout quand le radar ne fait pas la différence entre un véhicule officiel et un automobiliste classique.
Mise en place d'un service d'aide
Un sacré un coup dur. Plusieurs dizaines de chauffeurs seraient confrontées à cette situation ubuesque. En qualité de fournisseur officiel de la flotte automobile des Jeux de Paris et propriétaire des véhicules pris en infraction, Toyota affirme à Caradisiac qu'il" n'a pas connaissance de ces faits ". Dans le même temps le constructeur reconnait que " Toyota transfère toutes les amendes à Paris 2024 qui fait le suivi nécessaire ".
Le comité d’organisation des JO de Paris (COJOP) assure que « les amendes reçues par des volontaires dans le cadre de leur mission sont en général prises en charge par Paris 2024 ». Et de souligner que « les amendes avec retrait de points ont dû être transmises aux volontaires concernés » pour « des raisons légales ». La loi oblige à dénoncer la personne au volant au moment de l'infraction. « Lorsque les véhicules étaient escortés par les forces de l'ordre, comme dans le cas du transport de délégations ou d'athlètes, les amendes peuvent être contestées par les volontaires concernés ».
Selon le site Service-public.fr, un automobiliste dispose de 45 jours à partir de la date d'envoi de l'avis de contravention pour contester une amende pour stationnement. Même chose pour une amende issue d'un contrôle par radar ou au feu rouge.
Au regard de la situation, Paris 2024 compte accompagner les chauffeurs bénévoles dans leurs démarches de contestation. L'organisation a créé une adresse e-mail spécifique (contravention@paris2024.org) sur laquelle ils peuvent envoyer leurs demandes ude "prise en charge" . L’ensemble des recours risque cependant d’être long, très long. Pour les chauffeurs bénévoles concernés les épreuves Olympiques sont loin d’être terminées.
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