Jaguar S-Type R (2002-2007) : entre tradition et férocité, dès 10 000 €
Sous sa ligne délibérément vieillotte, la Jaguar S-Type R cache des dessous modernes et surtout un V8 gorgé de chevaux. Sans évidemment oublier le luxe, le tout à prix d’ami : pourquoi hésiter ?
Les collectionnables, c’est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi la Jaguar X-Type R est-elle collectionnable ?
Même si le constructeur ne l’assume pas, la clientèle aime son style traditionnel et la S-Type en est l’une des dernières dépositaires. Courbes à l’ancienne, intérieur cuir et bois, charme… Cette berline a l’allure d’une vraie Jaguar ! Surtout, elle l’associe à des performances exceptionnelles, conférées par un bon gros V8 suralimenté. Le genre de mécanique qui disparaît, sacrifié sur l’autel du CO2. En somme, un look vintage et une vraie rage mécanique, soit un cocktail détonnant.
Si la première Jaguar S-Type a été dévoilée fin 1963, il s’agissait en réalité d’une Mk II malhabilement relookée et dotée d’une suspension arrière indépendante de Mk X. Pas si mal reçue par le public, elle a incité son constructeur à en raviver le nom à la fin des années 90. À cette époque, Jaguar appartient à Ford, qui possède également Lincoln, marque de luxe américaine. Fort logiquement, il décide de développer une plate-forme qui servira aux deux blasons.
Et c’est grâce à celle-ci que le fabricant anglais peut donner vie à un projet de modèle plus petit que la grande XJ, sur lequel il planche depuis les années 80. Cela débouche sur la S-Type (codée X200), présentée fin 1998 au salon de Birmingham. Dessinée par Geoff Lawson, à qui l’on doit aussi la XK8, elle évoque quelque peu son ancêtre par son look néo-rétro et cible directement des références telles que la BMW Série 5, voire l’Audi A6 ou la Mercedes Classe E.
Elle est moyennement accueillie sur son marché national, à cause de son esthétique et son habitacle trop américanisant. Dommage, car sort en même temps une Rover 75 qui, de ce point de vue, lui donne une leçon. Heureusement pour elle, la Jaguar se positionne un peu plus haut en gamme et profite de dessous satisfaisant plus une clientèle traditionaliste. Certes très moderne grâce à la plateforme DEW, conception commune de Ford et Jaguar, la S-Type demeure une propulsion et ne reçoit que des moteurs en V, un 6-cylindres 3,0 l de 243 ch, et un 8-cylindres 4,2 l de 286 ch.
Dynamiquement convaincante, confortable, performante et pas excessivement chère, l’anglaise se vend très convenablement, permettant à Jaguar de se refaire une santé. Celui-ci, conscient des défauts de son cheval de bataille, lui offre dès 2002 un nouveau tableau de bord, et surtout une version très épicée : la R.
Sous le capot, elle reprend le V8 4,2 l sur lequel se greffe un compresseur Eaton. Du coup, la puissance bondit à 406 ch et le couple à 553 Nm. Comme de surcroît, ce bloc surpuissant s’attèle à une nouvelle boîte automatique ZF à 6 rapports, la S-Type R franchit les 100 km/h en 5,6 s seulement. Pour faire face à ces performances, la suspension se voit affermie, les amortisseurs sont à contrôle électronique (système CATS), les freins se renforcent grâce à Brembo et les jantes grimpent à 18 pouces.
Dans l’habitacle, c’est le grand luxe : sièges cuir à réglages électriques (concernant aussi le volant), clim automatique, capteurs de pluie et de luminosité… En option, on trouve même un GPS à écran tactile (une rareté à l’époque). Évidemment, le prix est en rapport : 70 350 €, soit 89 000 € actuels selon l’Insee. Heureusement, à cette époque, il n’y a pas de malus écolo ! Tant mieux, car la Jag est plutôt vorace et prodigue en CO2 (314 g/km). Elle se vend pourtant bien, puis évolue nettement fin 2004.
Cette fois, la poupe bénéficie d’un nouveau dessin, moins tombant, mais sous le capot, désormais en aluminium, le V8 reste à 406 ch. L’habitacle reçoit de subtiles retouches, touchant aux cadrans et aux sièges. La S-Type R poursuit sa carrière jusqu’en 2007, où elle est remplacée par la XF, très proche techniquement. Environ 8 000 unités ont été produites, sur un total de près de 300 000 S-Type, donc l’auto reste assez rare.
Combien ça coûte ?
Malgré sa puissance considérable et son luxe séduisant, la S-Type R demeure abordable. Comptez 10 000 € pour un bon exemplaire dépassant certes les 150 000 km, ceux ne dépassant pas les 100 000 km s’affichant à 15 000 €. On ne note pas de différence évidente entre les versions initiales et restylées.
Quelle version choisir ?
Préférez les restylées, bénéficiant de légères retouches et de diverses améliorations techniques, peu profondes mais améliorant légèrement la fiabilité.
Les versions collector
Il n’y en a pas en particulier. Comme toujours, les exemplaires peu kilométrés, d’origine et en parfait état, deviennent des collectors vu leur rareté grandissante.
Que surveiller ?
Globalement, la S-Type R est une auto très fiable et capable d’encaisser de gros kilométrages sans ennui majeur. Les plus anciennes pourront souffrir de la corrosion (bas de caisse, passages de roue) si elles proviennent de zones où l’on sale beaucoup les routes l’hiver, même si cela n’a rien d’endémique.
Techniquement, on relève des pannes de compresseur de clim, quelques soucis de faisceau électrique (normalement résolus en concession), alors que les boîtes automatiques des premiers modèles ont dû être reprogrammées. Celles-ci, contrairement à ce qu’annonce Jaguar, sont d’ailleurs à vidanger avant 100 000 km.
Des ennuis électroniques (capteurs, boîtiers) ont parfois eu lieu en début de carrière, avant d’être résolus en après-vente. Les durits d’eau passant sous le compresseur peuvent devenir cassantes, à cause de la chaleur. En elles-mêmes, elles ne coûtent pas cher, mais leur accès étant difficile, leur remplacement coûte quelques centaines d’euros. Surveillez également l’état des projecteurs au xénon, ainsi que les silentblocs de suspension, mis à mal par le poids de l’auto et surtout, préférez les exemplaires dotés d’un historique limpide.
Au volant
La ligne néo-rétro revêt désormais un charme interdit à la XF, commentaire également valable pour l’habitacle, profitant d’un design typiquement Jaguar. C’est vieillot mais diablement séduisant, alors que l’ergonomie apparaît bien étudiée. L’espace reste assez limité vu l’encombrement de l’auto, mais on est parfaitement installé dans les sièges en cuir dotés d’épais renforts.
En ville, la S-Type R est une bête douce et docile, distillant un confort certain. Sur route, elle demeure étonnamment silencieuse, mais là, on enfonce l’accélérateur et… le matou ronronnant se transforme en fauve miaulant (le son du compresseur), tandis que la sonorité rauque du V8 se fait plus audible.
Surtout, on est collé au siège par l’accélération féroce, insoupçonnable de la part cette digne anglaise. Un peu comme si la Reine d’Angleterre vous collait un bourre-pif. Quel jus, cette Jaguar ! On s’en lasse d’autant moins que le châssis est à la hauteur : comportement routier rassurant, bon grip, précision de bon aloi…
Seuls les freins manquent de mordant, mais ne suffisent pas à entacher cet ensemble très homogène. Évidemment, on ne retrouve pas la vivacité ni l’hyper-réactivité d’une BMW M5 E60, d’autant que la boîte auto demeure un poil paresseuse, mais les reprises de la Jaguar sont meilleures à bas et mi-régime. Celle-ci sait ne pas dépasser 10 l/100 km en conduite paisible, mais dès qu’on joue avec la puissance, la barre de 20 l/100 km est vite franchie. Qu’importe vu le plaisir distillé par cette Jaguar qui cache très (trop ?) bien son jeu.
L’alternative youngtimer
Jaguar S-Type (1963-1968)
Bon, ok, ce n’est pas une youngtimer mais carrément une ancienne. Cela dit, la S-Type 1re du nom mérite qu’on s’y attarde, et pas seulement parce qu’il s’agit de l’ancêtre de la X200. Dérivant de la Mk II, elle en corrige les défauts, notamment par sa remarquable suspension arrière indépendante remplaçant très avantageusement l’antique essieu rigide.
Proposée avec le 6-cylindres XK en 3,4 l et 3,8 l, la S-Type conserve à son lancement fin 1963 l’archaïque boîte manuelle Moss, mais dispose d’une automatique en option. Fin 1964, une unité manuelle Jaguar entièrement synchronisée est adoptée en remplacement de la Moss, et la S-Type devient en 1965 la Jaguar la plus vendue.
Son confort, son silence, sa présentation et ses qualités routières font référence. Seulement, étant 150 kg plus lourde qu’une Mk II, la S-Type est moins véloce mais cela ne rebute pas la clientèle : une 3,8 l manuelle frôle tout de même les 200 km/h ! La Jaguar quitte la scène en 1968, remplacée par la XJ6. 25 000 unités environ en ont été fabriquées. À partir de 22 000 €.
Jaguar S-Type R (2003), la fiche technique
- Moteur : 8 cylindres en V, 4 196 cm3
- Alimentation : injection, compresseur
- Suspension : jambes McPherson, doubles triangles, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs pilotés, barre antiroulis (AV), essieu multibras, amortisseurs pilotés, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 6 automatique, propulsion
- Puissance : 406 ch à 6 100 tr/mn
- Couple : 553 Nm à 3 500 tr/mn
- Poids : 1 800 kg
- Vitesse maxi : 250 km/h
- 0 à 100 km/h : 5,6 s (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Jaguar S-Type, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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