Interview Jean Marc Dossios: Bicou le Grec nous dit tout sur Christian Estrosi !
Il n'a pas la prétention d'être un puits de science, mais son long vécu dans le monde de la moto et son approche bien particulière de ce qui l'entoure l'autorise à avoir une opinion limpide sur les événements et les hommes qui ont jalonné son parcours. Récemment, dans un entretien exclusif, vous avez pu découvrir Jean Marc Dossios, personnage des paddocks et bienfaiteur de nos couleurs en mondial Supersport. Aujourd'hui, « Bicou le Grec » nous fait une confidence sur un personnage qu'il a côtoyé il y a longtemps et qui doit apparemment beaucoup au monde de la moto pour être devenu ce qu'il est actuellement. Soit un ministre de l'industrie du nom de Christian Estrosi.
Jean Marc, on a beau te surnommer le Grec, tu es avant tout « Nissard ». Soit citoyen d'un Conté dont l'édile actuel a fricoté avec l'univers du deux roues, Christian Estrosi. J'imagine que tu as entendu parler de lui ?
Bien sûr que je connais Christian. Son histoire a même commencé avec nous, avec tous ceux qui étaient à l'époque dans le sillage d'un gars formidable qui s'appelait Alain Renous. C'était un pilote vraiment vite, il faisait des courses de côte avec une Norton, marque dont il était concessionnaire. Il a été notre père à tous. On était une bande qui venait de divers horizons. Il nous a fédéré.
Peux-tu nous parler du personnage de l'époque ?
Il avait quinze ans et demi et c'était un beau petit avec les cheveux longs. Le « petit Pince de la moto », c'était lui avant que Sarron ne lui prenne le titre ! Il vivait une séparation père-mère difficile, il était un peu livré à lui-même, il était un laissé pour compte. Sa famille d'adoption a été la moto et il roulait vite. Il était plus souvent à faire des courses qu'à apprendre ses cours. Puis il y a eu le choc du décès d'Alain.
C'est à dire ?
Alain avait décidé de faire de la piste et il avait acquis une TZ 250. Le 17 mars 1974, il se tue dans Signes au Castellet en percutant une moto qui n'avait pas été dégagée. Enfoncement de la cage thoracique, fin de l'histoire. Il y a eu jusqu'à 2 500 personnes à son enterrement à Nice. D'un coup on s'est retrouvé orphelins car Alain nous avait tout appris de la moto. Et des filles.
Quelle a été la trajectoire de chacun à la suite de ce drame ?
Christian a repris le flambeau ! Il était vraiment vite et il a révélé une réelle capacité de création et de travail. Je suis resté plus de dix ans à ses côtés et je peux te dire qu'il s'est totalement remis en cause. Il a fait table rase du passé et il est devenu un grand travailleur. J'ai été son mécano et je suis convaincu que sans Assen, en 78 je crois, il aurait eu la Suzuki officielle à la place de Barry Sheene.
Rien que ça ! Peux tu nous raconter cette course ?
On était sous le choc du décès de Michel Rougery. A Assen, il éblouit le plateau lors des essais et pour la course, il demande un pneu avant bien particulier. Le team ne le suit pas, où se trompe, je ne me souviens plus très bien et Christian, déçu, me dit alors qu'il va juste prendre le départ, faire trois tours et rentrer pour au moins prendre la prime. Puis la course se lance, il s'extirpe des douze premiers, il remonte huitième et sur un bon rythme il se retrouve en tête à trois tours de l'arrivée avec 20 secondes d'avance sur Barry Sheene. Dans le tout dernier tour, il se prend une ligne blanche et tombe. C'est là qu'il rate la Suzuki officielle. Quand on y pense, il n'a jamais eu vraiment de chance en moto. Il en a plus eu en politique.
Quand est apparu l'homme politique ?
Je me souviens que Christian avait deux idoles. Agostini et Napoleon. C'était d'ailleurs assez sidérant de voir un minot comme lui pas très assidu à l'école connaître tout des campagnes de Napoleon. Enfin, quand je me rappelle ce qu'il disait de la Fédération à cette époque et que je le vois maintenant, je ne comprends pas.
Mais encore ?
Je veux dire qu'il donne l'impression de vouloir occulter cette famille de la moto qui lui a beaucoup apporté. Il ne veut pas revendiquer son passé et en quelque sorte rendre la monnaie de sa pièce à un univers qui l'a façonné. Je ne comprends pas parce qu'il y a de quoi être fier de ce parcours. Et il aime encore la moto. Il y a deux ou trois ans, on s'est retrouvé aux obsèques d'une autre grande figure de la moto du Sud, Vincent Markarian, et il m'a spontanément dit que ça lui plaisait toujours, qu'il aimait toujours rouler. Alors je lui ai organisé une séance avec la Kawasaki Moto GP à Valence. Il n'est jamais venu.
Tu regrettes cette situation ?
Plus simplement, je ressens de l'incompréhension. Je veux bien croire qu'il ne soit plus maître de son emploi du temps ni même de lui-même. Il est comme pris dans un tourbillon complexe et politique, je ne connais pas toutes ces charges. Pourtant, la moto a besoin de lui comme il a eu besoin d'elle. Un projet de circuit est tombé à l'eau du côté de Gilette. Il a été au poste de l'Aménagement du Territoire, il aurait pu défendre un dossier important pour nos jeunes qui ont besoin d'infrastructures pour rouler en sécurité et apprendre. On ne peut plus rouler maintenant, alors il faut des circuits. Il oublie un milieu qui a été un important rouage de ce qu'il est maintenant. Vraiment, je ne comprends pas.
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