Interview de Serge Nuques, Chevalier de la Présipauté de Groland.
En me trimballant dans le paddock du championnat de France Superbike, je suis tombé sur Serge Nuques, allias « Ze chevalier de Groland ». Prof de stages de pilotage, coach de Lucas Mahias en championnat de France Pirelli 600, « pigiste » dans le film « Mammuth », le personnage décalé, un peu déjanté, fait dans l'éclectisme. Bref, tout ce que j'aime. Entre baptêmes en duo sur la piste avec sa R1, déconnades, coaching, déconnades, recherche d'un moteur de R6 (la Yam, pas la bagnole !!!), et déconnades, Serge s'est prêté au jeu de l'interview.
Bonjour Serge. Tu es célèbre en tant que « Chevalier Grolandais » mais très peu de gens connaissent ton début de carrière. Tu peux nous en parler un peu ?
J'ai commencé un peu comme tout le monde à 14 ans à faire le con avec des mobylettes. Je suis venu à la moto très tard car je n'avais pas d'argent pour m'en acheter une. Donc il a fallu que je commence par travailler jusqu'à 21 ans pour pouvoir m'en payer une. Après, ça a été très vite. J'ai commencé par l'enduro. J'ai fait le championnat de France (champion de France 125 Inter en 1994). En gros, ça a duré de 90 à 2000 où j'ai fait aussi le championnat du Monde (Vice-champion du Monde par équipe en 1993). En même temps, je me suis inscrit à des courses extrêmes genre « Gilles Lalay Classic » (podium en 1998). Avec mon beau frère David Castera, on s'est un peu spécialisé là-dedans (vainqueur du Challenge Off Road Eurosport 1999). Ensuite, j'ai décidé de faire un break. J'ai remis ça en 2003 avec le « Moto Tour » où je me suis essayé à la course sur route avec un supermotard. Je fini deuxième derrière Dominique Sarron. Je me suis dit : « Tiens, il y a peut-être un truc à faire là-dedans ». Je me suis inscrit au championnat de France des Rallyes que je gagne en 2004 ainsi que le Moto Tour. J'ai mis mon guidon d'enduro sur une R1 et j'ai roulé comme ça. Ensuite, j'ai fait du circuit pour m'habituer à rouler avec des bracelets. Voilà. Je suis un peu un touche à tout en fait.
Parlons un peu de Lucas Mahias qui est ton « poulain » en Championnat de France 600 Pirelli.
Lucas, il est un peu comme moi. Il a commencé par faire le con avec des mobylettes, puis avec des scooters. Il a fait du stunt. Il a travaillé toutes les notions d'équilibre, que ce soit les weelings, les stoppies, la gestion de l'accélération/freinage en finesse et un jour, il est venu faire un de mes stages de pilotage que j'organise dans le Pays Basque sur les traces des chevaliers. Je lui ai donné quelques conseils qu'il a tout de suite mis en application. Direct, ça a marché nickel. Il a évolué à vitesse grand V. Ensuite, il a fait ses premières compétitions il y a deux ans en Michelin Power Cup. Direct, première course, il fait podium à Croix en Ternois à 1000 bornes de chez lui !!! Il fait avec les moyens du bord. Il mécanique lui-même et moi, j'essaie de l'aider comme je peux. Je lui paye les pneus et je le trimballe sur les courses. On a monté une association, le « Groland Racing Team » tout à fait dans l'esprit « Grolandais ». Le but est de le faire progresser en course car il est complètement néophyte.
Maintenant, parlons un peu de ton coté barjot, déjanté ; c'est un personnage que tu joues ou tu es comme ça dans la vie ?
Non non, je suis comme ça. Déjà, à l'époque où je faisais de l'enduro, j'avais déjà une réputation de plote un petit peu différent des autres, un peu barge, mais pas trop. Si j'étais vraiment barge, je me serai tué depuis longtemps. A coté de ça, on le fait un petit en décalé, et le fait de le tourner à la dérision, ça me permet d'être plus à l'aise. Quand tu fais des trucs genre Gilles Lalay Classic, c'est très physique et tu as vraiment besoin d'une préparation au top. Tu n'as pas trop de place pour le débonde. Ici, c'est plus facile de se lâcher. Le but, c'est de faire le con ET de gagner.
Cela ne t'a pas posé trop de problèmes avec les « institutions » disons… de plus en plus « politiquement correct » et où tout est hyper règlementé?
Non, ça va. Justement, le « Groland » ouvre des portes. Le « Groland », il est complètement décalé. Le « Groland », c'est le pays imaginaire où il peut tout se passer. C'est partout et nulle part et voilà.
Autre sujet, le film Mammuth. Tu t'es éclaté lors du tournage ?
Grave, grave. Pareil, les « Grolandais » Benoit et Guss, ils ont fait le film à la base pour Gérard Depardieu. Il a dit « oui » pour cette idée de film et moi, ils m'ont contacté pour faire des scènes. A la base, il devait juste y avoir la traversée du lac à moto et il y a la scène où je le dépasse à plus de 200 sur une départemental qui est venu se greffer.
J'ai passé un mois sur le tournage. C'était l'été dernier et je faisais la navette entre chez moi et le tournage et c'était que du bonheur. C'est un univers complètement différent. Mammuth, c'est un film à petit budget mais qui est en train de cartonner et j'en suis très content.
As-tu eu l'occasion de piloter la Munch Mammut ?
Oui, à plusieurs reprise, et c'est un truc hors du commun. C'est le mammouth de la moto comme Gérard Depardieu est le mammouth du cinéma. C'était obligé que les deux se retrouvent ensemble.
Tu t'intéresse un petit peu à la moto ancienne ?
Bien sûr. Carrément. Cette année, j'ai même participé à une course d'anciennes en championnat de France d'Enduro avec une 125 DTMX. Encore une fois, ça s'est fait à l'arrache mais on a bien gazé et Mickael Kael est venu. C'était du côté d'Angoulême et lui, c'est un vrai passionné de bécanes et il adore tout ça. Il adore les anciennes encore plus que les modernes. Il a des machines un peu décalé genre Sanglas ou Aermacchi.
Quels sont tes projets pour l'avenir ?
Continuer à me faire plaisir en moto. Cela fait une vingtaine d'années que je vis à travers ça et je souhaite que ça dure. Entre mes stages de pilotage et le coaching de Lucas, si ça pouvait durer comme ça… Pour le moment, c'est bien parti.
Merci Serge, change rien...
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération