Interview d'Emmanuel Delville, du bureau d'étude de MBK.
Lors de notre visite au musée Motobécane de Saint Quentin (02), nous avons rencontré Emmanuel Delville, du bureau d'étude de MBK, qui est très impliqué dans ce musée...
Bonjour Emmanuel; pouvez-vous nous dire quel est votre rôle au sein de la firme MBK, et ce qui vous a amené à vous investir dans le musée Motobécane...
Bonjour; donc je m'appelle Emmanuel Delville et je travaille au bureau d'étude de MBK Industrie groupe Yamaha sur les projets d'avenir, principalement sur les modèles qui sortiront l'année prochaine, voir dans deux ans. Je suis rentré au sein de MBK en 1995, et à l'époque, je n'étais pas particulièrement attiré par la moto ancienne. Dès la première année, j'ai rencontré des anciens de la société qui avaient gardé tout un tas d'infos; j'ai découvert tout cela et j'ai mordu à l'hameçon.
Vous pratiquez la moto au quotidien?
Je pratique la moto mais pas au quotidien. Comme vous avez pu voir tout à l'heure sur le parking, je me déplace en voiture ancienne. Je possède quatre motos anciennes mais je pratique occasionnellement, même si j'ai mon permis moto depuis mes dix-huit ans.
Vous pouvez nous parler un peu des projets de MBK?
Nous allons sortir un nouveau scooter 400cc d'ici la fin de l'année. C'est un très gros projet pour la marque puisque c'est la plus grosse cylindrée que nous allons produire. Il sera fabriqué chez nous et il vient compléter le modèle sorti sous la marque Yamaha il y a quelques mois. Il sera disponible vers octobre ou novembre, et il sera rapidement épaulé par une version ABS. Des "petits frères" sont également programmés par la suite.
Il y a un point qui m'interpelle dans le domaine de la moto française en général, c'est que nous avons tout pour réussir. Nous avons de très bons pilotes et des teams qui ne le sont pas moins dans tous les domaines de la compétitions, idem du coté des ingénieurs, et l'industrie motocycliste française n'arrive pas à s'imposer. Qu'est-ce qui fait que ça ne marche pas?
C'est un sujet que nous évoquons souvent sans vraiment trouver d'explication. Depuis l'arrivée des grandes marques japonaises et maintenant chinoises, de nombreuses enseignes ont été rachetées ou ont disparu. C'est dommage, mais c'est malheureusement une réalité.
Voyons maintenant comment est né l'idée d'un musée Motobécane...
Comme je vous le disais tout à l'heure, j'ai découvert cet univers en 1995 avec les anciens de Motobécane devenu MBK. Ils avaient conservé de nombreux trésors de la marque dans des locaux qui étaient inutilisés. Certains étaient en piteux état. Je me suis intéressé à tous ces objets pour connaître un peu mieux l'histoire de la société pour qui je travaille. En 1997, soit deux ans après mon arrivée, certains locaux ont été réhabilités, et nous nous sommes retrouvé avec une salle d'une centaine de m2 vide. Comme ils ne savaient pas comment l'utiliser, j'ai proposé à mon patron de faire une exposition de cyclomoteurs et de motos. Il m'a suivi dans cette idée et une première exposition de quarante-cinq motos a été montée. La plupart d'entres eux sont aujourd'hui exposés ici. L'engouement a été tel que l'exposition a été déclarée "musée" pour que les employés de l'usine, les fournisseurs mais aussi les visiteurs puissent en profiter. Après le départ en retraite de mon patron, son successeur m'a dit qu'il serait intéressant de trouver un autre endroit afin que tout le monde puisse profiter de cette collection. Nous nous sommes mis en relation avec l'association "Loisirs et Tradition" qui cherchait un moyen de mettre en valeur tous ses objets. L'addition de la collection MBK et de celle de l'association "Loisirs et Traditions" a permis de présenter un projet qui tienne la route à la mairie. C'est ainsi qu'est né le musée dans les anciens locaux de Motobécane.
Combien de modèles sont exposés?
De mémoire, il y a environ 110 modèles. Une grande partie vient de la collection MBK, et le reste nous a été prêté par des collectionneurs privés.
J'imagine que vous avez encore des motos en réserve...
Oui; le dernier inventaire faisait état d'environ 220 machines; elles ne sont pas toutes "exposables", certaines vont servir de "banque de pièces" et d'autres seront restaurées.
Qui s'occupe de la restauration?
Actuellement personne; nous avons un local pour cela mais nous n'avons pas encore mis en place la structure, tout simplement parce que nous avions d'autres priorités, comme l'extension du musée.
Yamaha, qui est propriétaire de MBK, a monté une structure qui restaure des machines anciennes et aide les propriétaires de machines de la marque à entretenir leur (s) moto (s). Ce type de service pourrait-il être repris ici?
Je ne pense pas, tout d'abord parce que Yamaha a un développement beaucoup plus mondial par rapport à MBK et Motobécane, et aussi parce que le club Motobécane est déjà très au point dans ce domaine, que ce soit pour les conseils ou pour la re-fabrication de pièces.
En 2014, Motobécane fêtera ses 90 ans; j'imagine que des évènements viendront marquer cet anniversaire...
Bien entendu; nous sommes en train de voir avec le club Motobécane pour faire quelque chose, ne serait-ce que lors d'une des manifestations qu'il organise. Actuellement, nous avons une série limitée du scooter 50cc Olivetto qui reprend les couleurs de la marque Motobécane (voir l'article de Damien à ce sujet ici).
Pour conclure, vous souhaitez rajouter quelque chose?
Oui, nous sommes toujours à la recherche d'objets ou de machines de la marque, principalement d'avant guerre car elles font un peu défaut dans le musée. Nous avons quelques pistes, mais nous sommes ouverts à toutes propositions.
Merci Emmanuel pour cet entretien et rendez-vous prochainement pour le 90ème anniversaire de la marque.
Merci à vous.
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