Interview Aurélien Grelier: "pour eux, la moto c'est un métier, pour moi un simple loisir..."

Sur les rangs depuis 2007, Aurélien Grelier monte régulièrement sur les plus hautes marches des podiums français sans pour autant atteindre le Graal d'un titre, chasse gardée d'un certain Sylvain Bidart depuis des années. Le pilote Yamaha ne démérite pas pour autant… bien au contraire puisque ce dernier reste amateur avec des obligations différentes d'un pilote professionnel. Interview.

De prime abord je trouve que tu as une image assez froide, très différente de ton pilotage que je qualifierais de généreux…

• Aurélien Grelier : « Il est vrai que je suis plutôt introverti hors de la piste avec le besoin de me concentrer, c'est pour cette raison que je reste dans mon coin. Une fois sur la moto, je me lâche et prends beaucoup de plaisir, ce qui doit se ressentir dans mon pilotage ! »

Le fait que tu travailles à Disney y est pour quelque chose?

• Aurélien Grelier : « Oui bien entendu même si dans mon travail je ne progresse pas en pilotage compétition mais en feeling de pilotage. Ce qui me permet d'être de plus en plus à l'aise sur des changements d'angle par exemple. J'y gagne également en fun avec des wheeling. Ça ne m'apporte rien en course mais c'est sympa à voir et fait du spectacle pour le public… tout en me procurant du plaisir.»

Le plaisir est important pour toi ?

• Aurélien Grelier : « Primordial tout comme le fait de ne pas me reblesser. Quand je sens que je peux gagner je donne le max et lorsque je suis dans un jour moins bon, je me contente d'assurer, c'est ce qui s'est passé à l'épreuve du Mondial à Latina. Je ne roule plus au dessus de mes pompes. Le Supermotard est une discipline très visuelle c'est ce qui me plait. C'est de cette manière que je conçois la moto. Si un jour ce plaisir disparaît je mettrai fin à ma carrière. Je ne gagne rien financièrement parlant à rouler alors il important que je m'amuse sinon quel est l'intérêt ? Bien entendu le plaisir passe également par les résultats.»

En 2014, tu seras où ?

• Aurélien Grelier : « Est-ce que je ressigne chez Blot ? Est-ce que je roulerai pour un autre team ? Ou est-ce que je raccrocherai… je n'en ai aucune idée. »

Il est envisageable que cette année soit la dernière ?

• Aurélien Grelier : « Oui l'alternative d'arrêter est loin d'être exclue. »

Pourquoi ?

• Aurélien Grelier : « Le Supermot' a du mal à avancer et que j'ai un peu l'impression d'avoir fait le tour même si je n'ai jamais été champion de France… à mon grand regret !! C'est beaucoup d'investissement personnel ce qui peut être lourd à la longue. Un jour viendra où il faudra peser le pour et le contre et prendre une décision. Je ne dis pas que le jour est arrivé mais je dis simplement que j'y pense actuellement… L'ambiance dans les paddocks est loin d'être bonne et je ne viens pas aux manches pour me prendre la tête. Alors si le climat est trop pesant pour moi, je préfère arrêter et me consacrer à ma femme et à mon petit.»

Tu t'entraînes beaucoup ?

• Aurélien Grelier : « En moto non… généralement je ne roule que pour les courses. Autrement je fais un peu de jogging, de muscu, de vélo en fonction de mes envies. J'essaie réellement de faire ce sport par plaisir… l'entraînement en fait également partie. »

Tu roules également en Mondial, y a-t-il une réelle différence entre toi et les pilotes de tête, tels qu'Hermunen ?

• Aurélien Grelier : « C'est une certitude même si le circuit joue énormément. Par exemple en Estonie j'étais à 7 dixièmes de lui et si l'on remet les choses dans leur contexte en prenant en compte que je bosse la semaine, que je ne connais pas les circuits et que ma moto est somme toute basique face à la sienne, je ne m'en sors pas si mal…

Après à savoir si dans les mêmes conditions je serais aussi fort que lui, je n'en ai aucune idée. Une chose est certaine cependant c'est qu'il est super fort comme les frères Chareyre et que non seulement je ne les battrai jamais et ne les suivrai pas non plus…

Les deux optiques sont différentes. Pour eux c'est un métier, pour moi un loisir. On ne pilote pas pareil lorsqu'il y a des contrats, de l'argent à la clef. C'est tout simplement un autre monde.

La seconde qu'il peut y avoir entre eux et moi est énorme et elle est très difficile à aller chercher. Je ne me fais pas de rêves en me disant qu'elle est à ma portée ! Mon repère, c'est Sylvain et je me dis que je ne dois pas être loin de lui.»

Au championnat de France, c'est pareil ?

• Aurélien Grelier : « Oui, les donnes aussi sont différentes. »

Ta plus grande déception ?

• Aurélien Grelier : « Mon fémur cassé. »

Ta plus grande joie ?

• Aurélien Grelier : « Gagner les Nations avec VDB et Thomas Chareyre. Un truc de « ouf » avec pour résultat 2 et 3… un rêve en somme.»

(Photos: A. Grelier)