Interview : A la veille du 74ème Bol d'Or, le manager du RAC 41 s'explique sur le transfert de Gred Junod sur la Yamaha du GMT 94
Dans un communiqué récent, Arnaud Larose, manager du RAC 41, qui fait rouler une 1000 Suzuki GSXR, indiquait qu'il avait beaucoup fait pour que Greg Junod pilote la Yamaha Officielle du GMT 94 au Bol d'Or.
Il semblait indispensable de le faire savoir et un interview avant le Bol d'Or s'imposait. (Réalisé en fin de semaine dernière)
Arnaud Larose a bien insisté, que s'il représente le RAC 41 en tant que manager, il parle au nom de toute l'équipe, car c'est toute l'équipe, chacun à sa place qui mérite les résultats obtenus, les pilotes compris, c'est donc au nom du RAC 41 qu'Arnaud s'exprime. Message reçu Arnaud !
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Arnaud, tu as tout fait pour que Greg Junod pilote la Yamaha du GMT 94, pour qu'il obtienne cette chance, c'est quand même permets moi l'expression « grand seigneur » tu te coupes un peu une jambe.
Je suis content de l'avoir accompagné dans cette démarche pour lui donner sa chance, Greg Junod, Il y a 3 ans qu'il était avec nous.
Tu l'avais trouvé comment Greg justement ?
C'est un pilote qu'on a récupéré au bord du gouffre, il avait fait la GSX R Cup, et il était parti en championnat d'Europe Superstock 600 et 1000. Dans un championnat où il s'est noyé, avec une équipe moyenne avec des moyens limités il s'est mis à beaucoup douter sur ses capacités de pilotage.
Je l'ai récupéré comme ça, il avait envie d'arrêter la moto et il s'est relancé en endurance, il a un talent à l'état pur qui est énorme. Il a fait 3 saisons chez nous sans chute avec des superpoles, des supers chronos de jour comme de nuit, des bons temps sous la pluie comme sur le sec, donc dans toutes les conditions. Il s'est avéré être une bon pilote pour l'endurance avec en plus la vitesse. Il était vraiment prêt pour faire le grand saut, il fallait qu'un team ose prendre un jeune de 21 ans, en endurance, c'est très jeune, il a 3 ans d'expérience une place de 7ème une place de 4ème au Bol d'Or 2009 et un podium au 24 heures du Mans en début d'année.
Toi Arnaud, tu représentes le RAC 41, et cette équipe n'a pas changé, toutes les personnes de l'équipe sont bénévoles y compris les pilotes. Greg va se retrouver avec un statut de pilote pro.
Il va évoluer vers le statut de professionnel, je pense que le Bol d'Or va être un peu le juge de paix par rapport à son intégration et son niveau de performance. Si ça se passe bien pour lui, cela devrait déboucher sur un contrat pro pour la suite de la saison et surtout l'année prochaine. Là, après, ce sont les instances Yamaha qui vont décider, la suite elle ne nous regarde plus.
Quel vont être tes pilotes au Bol d'or les 11 et 12 septembre ?
Toujours Olivier Depoorter et Gregg Black et on a pris Mathieu Gines qui roule en Supersport France, champion en titre et second actuellement derrière le pilote officiel Kawasaki qui sera sur la N° 11 au Bol, Grégory Leblanc, en remplacement de Greg Junod.
Après avoir fini 4ème au Bol 2009, le RAC 41 monte sur la 3ème marche du podium au 24 Heures du Mans en avril dernier, c'était inespéré, pouvez vous aller au delà ?
Non, il faut être réaliste, on perd Greg Gunod, sans dénigrer nos autres pilotes, Greg a été un énorme artificier de notre réussite depuis deux ans, c'est un jeune, quand tu lui donnes la moto, tu pourrais entre guillemets, presque aller à l'hospitality boire un café, dans son relais de 50 mn, il va te faire tous ses chronos à 2 /10ème près, trafic pas trafic, il est impressionnant.
Et en plus il amène une sérénité dans l'équipe et une détente, c'est quelqu'un qui est assez jovial, c'est quelqu'un qui apporte énormément d'un point de vu humain et d'un point de vue sérénité.
Aujourd'hui, Gregg Black, il a le même age, 21 ans, sans faire de mal à Greg Junod, il a peut-être des qualités de pilotage supérieures à Greg Junod, mais aujourd'hui, Gregg Black n'a pas cette maturité, il me demande beaucoup de travail pour le canaliser, pour le rassurer, pour le préparer à ses relais, pour lui expliquer les consignes, hors Greg Junod a complètement intégré cela et il est complètement autonome.
Tu avais des pilotes très proches au niveau chronos purs hors mis leur personnalité propre ?
Oui, on avait réussi à avoir trois pilotes très proches avec Olivier et les deux "Greg", ils étaient très homogènes, très proches les uns des autres, et quand la course partait, on avait pas de point faible. Pour Mathieu Gines, il sait se servir d'une moto, mais il débute en endurance, et on annonce des conditions difficiles au niveau de la météo. On va avoir beaucoup de travail mental à faire sur chaque pilote avant leur relais pour leur expliquer les conditions qu'ils vont rencontrer, pour faire les bons choix de pneus, Mathieu Gines n'est pas habitué à l'endurance, il aura beaucoup besoin.
Expliques moi quelque chose, que les lecteurs comprennent bien, tu parles de préparations mentales, de canaliser, tous ces pilotes savent ce qu'est une moto, sur une piste humide ils savent qu'il faut rouler moins vite, ils savent qu'ils n'ont pas une moto officielle, concrètement, que peux-tu leur amener ?
La règle n° 1, c'est déjà de les canaliser, je te donne un exemple concret : Mathieu Gines, il se bagarre pour le titre 600 en championnat de France, son adversaire, c'est Grégory Leblanc qui va être sur la Kawasaki n° 11. Cette Kawa n° 11, c'est une vraie Superbike, son moteur fait 15 chevaux de plus que la notre, rien que la fourche Ohlins usine vaut le prix de notre moto complète.
Ils ont des pneus de 16.5, de vrais pneus de développement, nous des 17 que n'importe qui peut acheter. Nous, pour des raisons d'économie, on change les pneus tous les 2 relais à l'arrière et tous les 4 à l'avant. La Kawa usine, elle va avoir des gommes neuves à tous les relais.
Donc quand Mathieu va se faire doubler par la Kawa n° 11, lui dans sa tête, c'est Grégory Leblanc. Grégory Leblanc en France, il le bat une course sur deux, il va s'accrocher à sa roue. Mon job, c'est de lui dire et lui rappeler, ta moto, elle est comme ça, la sienne elle est comme ça. Tes pneus, ils sont comme ça, les siens, ils sont comme ça, sa fourche et ses freins, t'as pas les mêmes. Je dois le recentrer sur le potentiel réel de notre moto.
C'est surprenant, c'est un peu comme des « gamins » auquel il faut toujours rappeler les règles !
On a une bonne moto, ce n'est pas une moto d'usine, il faut rester les pieds sur terre, sous la pluie, il y a des écarts énormes avec les 16.5. Donc sous la pluie, quand je vais voir mes pilotes rouler plus vite que certains pilotes d'usine, je vais indiquer au panneauteur de faire ralentir le pilote parce que là, peut-être qu'il se sent bien, mais il commence à être au dessus des pompes du matériel.
Pourtant tout le monde sait que la pluie nivelle le matériel, les courses depuis toujours prouvent que c'est le pilote le plus important.
En moteur oui, mais avec les pneus, s'il pleut, tu vas voir la différence entre les Michelin 16.5 et le reste monde, ça va être un boulevard.
Tous ceux qui ne les ont pas, on en reparlera, ils vont se faire mettre 3 à 4 secondes au tour.
16.5 ou 17, c'est très peu physiquement, il y avait eu la mode Spencer en 16 pouces il y a 25 ans, on est revenu à 17 longtemps, la norme, puis 16.5. Comment une telle différence de performance sous l'eau ?
C'est vrai, c'est pas vraiment 16.5 ou 17 la vraie différence, c'est que aujourd'hui Michelin ou Dunlop, ils font du développement avec des pilotes à l'année qui roulent par tous les temps avec des 16.5, exclusivement sur des 16.5. Malgré le transfert des données techniques sur les 17, ça vaut pas un réel développement sur cette dimension. Elle est là la différence, s'ils faisaient des tests sur les 17, on aurait des trucs de fou. Les écarts avec les 16.5 seraient très réduits.
Pour revenir à Greg Junod pour qui tu as tout fait pour le laisser partir à la concurrence, c'est d'un esprit sportif rare.
Franchement, c'est quelqu'un qui a été extrêmement engagé à nos cotés, qui a été fidèle, qui nous a énormément aidé à arriver à obtenir les résultats que l'on a eu. Il arrive un moment où il faut savoir renvoyer la balle. Aujourd'hui, mon rôle c'est d'accompagner au maximum ces jeunes et lui, c'est sa vie, il ne vit que pour ça, il peut accéder à un contrat professionnel, nous on peut pas, si on le garde pour nous, on lui coupe les ailes.
De nos jours, j'ai trouvé le geste très beau et je voulais t'en parler pour le retransmettre aux lecteurs, que l'on sache que cela existe encore.
C'est gentil, mais si un jour nos autres pilotes, Olivier ou Gregg Black se retrouvent dans le même cas de figure, ce sera avec grand plaisir que j'essayerais de faire la même chose, ce sont des jeunes méritants.
Peut-être que notre statut aura évolué, on pourra peut-être faire plus mais je ne suis pas sûr qu'on en ait réellement envie, on est bien sur la piste dans notre coté bénévoles, on a tous des métiers et une vie à coté, on est bien comme ça, on a pas forcément besoin de plus.
Merci Arnaud, on ne peut que souhaiter au RAC 41, une très bonne place au Bol d'Or.
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