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Ile-de-France: la voiture bientôt au point mort?

Une étude tout juste publiée souligne que l’usage quotidien de la voiture a reculé de 4,7% depuis 2010. Cela n’empêche hélas pas les bouchons d’augmenter et les transports en commun de saturer, tandis que les élus prennent des positions anti-auto toujours plus radicales. Bref, ça va coincer de plus en plus dans les années à venir. Voici pourquoi.

Ile-de-France: la voiture bientôt au point mort?

Chaque jour, 12,1 millions de franciliens effectuent 43 millions de déplacements tous modes de transports confondus, chiffre qui traduit une hausse de 5% entre 2010 et 2018. Sur la même période, il apparaît que l’usage des transports en commun aura progressé de 14%, celui du vélo de 30% et que la marche aura augmenté de 9% le nombre de ses adeptes.

Ces chiffres, issus d’une enquête d’Ile-de-France Mobilités tout juste dévoilée, s’accompagnent d’une donnée plus intéressante encore : les progressions évoquées plus haut se sont faites au détriment des déplacements en voiture, qui ont chuté de 5% sur la période, baisse inédite depuis l’après-guerre. « Cette diminution résulte en partie de l’évolution de la population francilienne. Les personnes âgées se déplacent moins. La part des cadres au sein des actifs franciliens augmente et ces emplois sont en général bien desservis par les transports en commun », commentent les auteurs de l’étude. A cela s’ajoute le développement des offres de transport alternatives à la voiture (vélos en libre-service, trottinettes…) et des transports collectifs, notamment les bus.

On note aussi que la désaffection touchant la voiture dépasse les frontières du périphérique: la baisse atteint 13% dans la petite couronne (-490 000 trajets chaque jour) et marque même un léger déclin en grande couronne

On le voit, l’automobile ne cesse de perdre du terrain, ce qui n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour la qualité de l’air. Celle-ci constitue d’ailleurs l’une des préoccupations majeures des Français, ainsi que l’avait montré l’enquête « Fractures françaises » menée par l’institut Ipsos Sopra-Steria, dont il ressort notamment que 52% des Français considèrent la protection de l’environnement comme leur principale source d’inquiétude.

Mieux : 51% incitent le Gouvernement à « prendre des mesures rapides et énergiques pour faire face à l’urgence environnementale, même si cela signifie de demander aux Français et aux entreprises des sacrifices financiers. »

Un mois de travail dans les bouchons

Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, avec des consciences qui s’éveillent et des automobilistes progressivement ramenés à la raison…à coup d’entraves à leur liberté de circulation, à l’image de qui se pratique à Paris où fleurissent les restrictions depuis quelques années. D’après une récente étude sur l’autopartage commandée par Getaround (ex-Drivy), 87% des habitants des grandes villes d’Europe sont convaincus que leur qualité de vie s’améliorerait à mesure que le nombre de voitures baisserait. Dont acte.

L'automobiliste parisien perd chaque année 150 heures dans les embouteillages.
L'automobiliste parisien perd chaque année 150 heures dans les embouteillages.

Pour autant, la « guerre à l’automobile » ne présente pas que des avantages. Le principal point noir, dont le rapport évoqué plus haut ne parle pas, est une augmentation exponentielle du nombre de bouchons sur la période considérée! Le 8 octobre dernier, on enregistrait ainsi une thrombose record avec 628 km de bouchons cumulés : un chiffre certes exceptionnel, mais qui traduit malgré tout bien la densité du trafic en Ile-de-France.

Ce vendredi 15 novembre, jour de la mise en ligne de cet article, les bouchons dépassaient encore les 400 km à 9h30 du matin. « La ville de Paris a réussi la prouesse d'augmenter la congestion avec moins de déplacements en voiture », tonne l’association 40 millions d’automobilistes.

Difficile de lui donner tort. Dans sa dernière édition, le TomTom Traffic Index indique que Paris et sa région constituent l’agglomération la plus embouteillée de France et prennent le 41ème rang mondial en termes de congestion (sur 403 villes étudiées). Il y a moins de voitures, mais ceux qui en ont y passent toujours plus de temps.

Le métro en surchauffe

Fort des datas récoltées, TomTom attribue ainsi à la capitale un indice de circulation de 36%, soit une augmentation du temps de parcours en moyenne supérieur de 36% par rapport au même trajet effectué dans de bonnes conditions de circulation. On perd donc en moyenne 41 minutes chaque jour dans les bouchons de la capitale, l’équivalent de 150 heures par an…ou d’un mois de travail ! « Si la moyenne de congestion est à 36% à Paris, cette valeur peut doubler sur une journée-type en semaine, avec un taux de congestion qui peut atteindre 71% le matin », constate un porte-parole de TomTom.

Moins de voiture, cela signifie aussi une sur-fréquentation de certaines lignes de métro. Un enfer quotidien pour des dizaines de milliers d'usagers.
Moins de voiture, cela signifie aussi une sur-fréquentation de certaines lignes de métro. Un enfer quotidien pour des dizaines de milliers d'usagers.

Pour y remédier, faudra-t-il se résoudre à abandonner sa chère voiture pour prendre le métro? Pourquoi pas? Après tout, l'autosolisme est une forme de non-sens d'un point de vue écologique. Hélas, Le Parisien/Aujourd’hui en France nous a appris cette semaine que la fréquentation quotidienne dans le métro y avait augmenté de 218 000  usagers entre 2013 et 2018, soit l’équivalent de la ville de Rennes, ce qui se traduit par une saturation du réseau dont tous les usagers peuvent témoigner. Même en dehors des heures de pointe, certaines lignes comme la 1, la 9 ou la 13 peinent à accueillir des voyageurs. Et rien ne laisse présager d’un inversement de tendance.

Supprimer le périphérique

Pour s’en convaincre, il n’est qu’à écouter les candidats à la mairie de Paris. La maire sortante Anne Hidalgo est ainsi favorable à une transformation totale du périphérique, « comme à Séoul, où un axe à grande circulation est devenu un parc avec au milieu une rivière ».

Supprimer le périphérique pour rendre Paris féérique? Il faut s'attendre à des promesses assez délirantes dans les mois qui viennent avec la campagne des municipales qui s'ouvre. (image "projet" extraite d'un document de campagne de la liste "Parisiennes, parisiens" conduite par Gaspard Gantzer)
Supprimer le périphérique pour rendre Paris féérique? Il faut s'attendre à des promesses assez délirantes dans les mois qui viennent avec la campagne des municipales qui s'ouvre. (image "projet" extraite d'un document de campagne de la liste "Parisiennes, parisiens" conduite par Gaspard Gantzer)

Une vision partagée par Gaspard Gantzer, qui prône une déconstruction progressive mais totale, sur 15 ans, de cet axe qu’empruntent 1 million de véhicules chaque jour : « la destruction de cette infrastructure routière de 35 kilomètres de long permettrait de récupérer 600 hectares en comptant la voirie, les talus et les 156 bretelles. »

David Belliard, Président du groupe écologiste au Conseil de Paris et futur candidat Europe Ecologie - Les Verts, souhaite quant à lui créer des pistes cyclables dans toutes les rues de la capitale et supprimer la moitié des places de stationnement. Et même la voiture électrique ne trouve pas grâce à ses yeux : « si la voiture polluante doit être éradiquée, la voiture électrique ne peut pas la remplacer car les matériaux nécessaires à sa construction sont extrêmement polluants. »

Les positions anti-auto toutes plus radicales les unes que les autres vont se succéder dans les semaines à venir, à mesure que progressera la campagne des municipales (qui s’achève en mars). Pure folie? Au contraire, du solide bon sens d’un point de vue électoral.

Ce sont surtout les habitants de l’agglomération parisienne qui grognent, et les élus parisiens s’en moquent du simple fait qu’ils ne votent pas chez eux. Les chiffres de l’Insee montrent que 63% des ménages parisiens ne sont pas motorisés, et ce n’est donc pas eux qui se plaindront d’une politique ouvertement anti-voitures. Et vous, quand souscrivez-vous votre forfait Navigo ?

 

 

 

 

 

 

 

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