Il fait beau, où est ma moto ?
Youpi ! Il commence à faire beau, les routes sèchent et une espèce en hibernation depuis l'automne dernier pointe timidement le bout de son garde-boue avant : le motardus urbanum estivalum.
Cousin du motardus mordicum, qui lui roule toute l'année quels que soient la pluviométrie, la température et le nombre de gamelles qu'il se sera prises sur la neige ou le verglas, le motardus estivalum refait surface sur nos rocades, autoroutes urbaines et autres périphériques.
Comment le reconnaître me direz-vous ? Simple, avec un peu de sens de l'observation :
- à son pelage tout d'abord : alors que son homologue étanche se vêt de couleurs ternes, voire tristes (noir, gris, à la limite kaki, mais alors très foncé, faut pas déconner), le motardus estivalum se repère assez facilement à sa tenue bigarrée. Il tient, probablement inconsciemment, à affirmer haut et fort sa condition de motard, à la route comme à la ville : dans certains cas extrêmes il arrive même qu'on le retrouve à la machine à café, 1h après son arrivée au boulot, casque au bras et cuir sur le dos.
- à sa moto ensuite : elle est rutilante, et bien que sortie de concession en Avril 1994 on a l'impression qu'elle vient d'en passer la porte. Du reste elle vient d'en passer la porte, mais pour la révision des 18000. 200€ tous les 4 ans, finalement ça revient pas cher une moto, de quoi se plaignent-ils ?
Bref, la raison à ceci est simple et de bon sens : son cuir n'étant pas étanche, dès que la température descend en-dessous de 22° et les risques de pluie à 3 jours dépassent 10% sa moto reste au garage. De toute façon, la moto sous la flotte, faudrait être fou : ça glisse et après il faut un temps pas possible pour la nettoyer. Son cousin (pas si) éloigné, lui, a depuis longtemps laissé tomber le nettoyage hebdomadaire de sa meule au profit d'activités nettement plus intéressantes, comme d'aller discuter sur un forum internet des intérêts comparés du PR16 et du PR19, ou de la taille maximale admissible des tenues des umbrella-girls de Moto GP. Il sait de toute façon que s'il la récure dans tous les recoins, il pleuvra forcément demain.
- à sa conduite enfin : peu habitué à la furie de la transhumance biquotidienne, c'est un peu hésitant qu'il s'engage entre les files, se demandant si ça passe, si ça passe pas, oui ça passe, si devant il passe moi aussi. A 30km/h c'est tout bon, de toute façon le but du jeu c'est d'arriver en un seul morceau (et il a tout à fait raison), histoire d'avoir des trucs à raconter à la machine à café. Ceci étant, les 18 deux-roues qu'il traîne dans son sillage n'ont pas l'air de cet avis, et le font savoir à grand renfort de klaxon et de rupteur. Il n'en a cure, de toute façon pour s'en rendre compte il faudrait qu'il arrive à détacher ses yeux de la route et à jeter un oeil dans un rétroviseur...
Pendant ce temps, le cousin l'a dépassé en se faufilant entre les deux files de droite depuis 10 minutes et caracole 8km plus loin, trajectoires tendues entre les voitures et pots ronflants, presque arrivé au boulot. C'est vrai quoi, on n'a pas que ça à foutre...
Mais une fois le mois d'août passé (un bonheur, pas un chat sur la route, pas de files de voitures à remonter, seule ombre au tableau les deux amendes pour excès de vitesse reçues en revenant de vacances, franchement 86km/h retenus pour 80 c'est abusé) la vie reprend son cours, le ciel gris reprend ses droits, et le motardus urbanum estivalum reprend le métro.
Toutes les bonnes choses ont une fin.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération