Hybride rechargeable: un marché incompréhensible
Les ventes d'hybrides rechargeables baissent en Europe, et même des constructeurs qui en vendent nous expliquent que cette technologie est moins vertueuse que l'hybride simple.
Y aller ou pas ? Terriblement séduisante sur le papier, avec la promesse de combiner les vertus de l’électrique en ville et la facilité d’usage du thermique sur long trajet, la technologie de l’hybride rechargeable ne suscite pourtant qu’un intérêt mitigé auprès des automobilistes européens auxquels elle est destinée en priorité.
En 2022, alors que les ventes de modèles 100% électriques progressait de 25% pour atteindre 1,56 million d’unités, celles des modèles PHEV (pour Plug-in hybrid electric vehicle) régressaient de 2% pour s’établir à 1,02 million.
Dans le détail, on constate que les résultats varient tout de même beaucoup d’un groupe automobile à l’autre, ainsi que le dévoile ce mardi matin le cabinet Jato, spécialisé dans l’étude du marché automobile mondial.
Volkswagen, plus gros pourvoyeur d’hybrides rechargeables du Vieux Continent, a vu ses ventes chuter de 23% (183 000 voitures). Mêmes tendances à la baisse chez BMW (-8%), Mercedes (-10%) ou Renault (-54%).
A l’inverse, ça progresse chez d’autres dont la gamme s’est élargie l’an dernier, comme Stellantis (+19%), Hyundai-Kia (+38%), Ford (+16%), Mitsubishi (+21%) ou Toyota (+9%).
Sans oublier les redoutables constructeurs chinois, les Lynk & Co et autres, dont les immatriculations de PHEV ont crû de 68% (16 978 voitures).
Bien que les volumes restent souvent faibles en valeur absolue, un marché existe donc malgré tout…même s’il est déroutant d’entendre les discours souvent contradictoires d’une marque à l’autre.
L'hybride simple plus vertueux?
On en a l’illustration avec le géant Toyota, n°2 européen derrière Volkswagen. Très rétif sur le sujet de l'électrique, le Japonais ne proposera sa nouvelle Prius qu’en hybride rechargeable. On pourrait s’étonner que ce modèle, censé représenter le nec plus ultra en termes de dépollution, ne passe pas au 100% électrique.
Mais Toyota y voit notamment un avantage quant à la gestion des matières premières, lithium et cobalt en tête. Les voitures zéro émission sont trop gourmandes de ces matériaux dont les prix augmentent à mesure que la demande s’accroît, et le constructeur préfère utiliser lesdits matériaux dans des batteries moins onéreuses pour véhicules hybrides.
Pourtant, même là, Toyota avoue que l’hybride rechargeable n’est pas la panacée en matière de dépollution. Selon ses propres estimations, les ressources mobilisées pour concevoir 6 batteries d’hybride rechargeable (sur la base de 100 kWh de batterie, voir photo) permettraient de fabriquer 90 batteries pour hybrides simples, ce qui est selon lui nettement plus intéressant en matière de bilan carbone.
En d’autres termes, on vous propose de l’hybride rechargeable, mais on aime autant vous vendre de l’hybride simple. Une technologie il est vrai moins onéreuse, moins contraignante à l'usage, et qui a largement démontré son efficacité au fil des ans.
D'ailleurs, l'automobiliste ne s’y trompe pas : en 2022, 22,5% % des voitures neuves vendues en Europe étaient des hybrides simples, contre 19,8% l’année précédente.
Des hybrides simples qui constituent donc une transition des plus recommandables en attendant l’avènement du 100% électrique, qui progresse à toute vitesse et pourrait même dépasser le diesel dès cette année.
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