Ford Fiesta 1.1 vs Opel Corsa 1.2, duel de petites youngtimers allemandes, dès 1 200 €
Deux citadines à 3 portes d'outre-Rhin ont connu leur heure de gloire au dans les eighties, la Ford Fiesta et l’Opel Corsa. Aujourd’hui, elles constituent des moyens sympas pour s’extraire tranquillement de la banalité du quotidien, sans se ruiner. Mais que choisir entre la première en 1,1 l 50 ch et la seconde en 1,2 l 54 ch ?
Les forces en présence
Ford Fiesta 1.1 (1983-1989) : berline 3 portes, 4 cylindres en ligne, 1,1 l atmo, 50 ch, 765 kg, à partir de 1 800 €.
Opel Corsa 1.2 (1982 – 1990), berline 3 portes, 4 cylindres en ligne, 1,2 l atmo, 54 ch, 750 kg, à partir de 1 200 €.
Au début des années 80, c’est le renouveau pour les citadines. Après la VW Polo qui a modernisé le genre en 1981, Opel a lancé la Corsa en août 1982, sa première incursion dans ce segment de marché, qu’il avait déjà effleuré avec la Kadett City en 1975. Mais à la différence de cette dernière, la Corsa est une toute nouvelle auto, à roues avant motrices. Et elle a de grandes ambitions !
Seulement, tout comme la Polo, elle se contente de trois portes, à l’instar de son autre rivale allemande, la Ford Fiesta. Apparue en 1976, celle-ci bénéficie d’une énorme refonte à l’été 1983, afin de se remettre à niveau face à une concurrence acharnée, dominée par les Fiat Uno et Peugeot 205 lancées respectivement en janvier et en mars 1983. La Ford et l’Opel plaisent notamment à une clientèle appréciant le côté rassurant d’autos produites par des constructeurs ayant une bonne réputation en matière de fiabilité et de prix bas.
Présentation : deux petites sérieuses
Chez Ford, comme chez d’autres d’ailleurs, on regarde de très près ce qu’il se passe chez Fiat, référence des constructeurs généralistes au début des années 70. Et celui-ci a présenté une 127 en 1971, qui pose brillamment les bases du segment B. Puis rencontre un énorme succès. De plus, aux USA, à cette époque où les carburants commencent à coûter plus cher (avant la crise de 1973), les petits modèles, notamment japonais, se vendent bien, et Lee Iacocca, numéro 2 de Ford, est alors sûr qu’il y a un marché. Ne serait-ce qu’en Europe.
Contre l’avis de la division européenne de l’ovale bleu, il convainc Henry Ford II, patron de la marque, de produire une citadine. Les études débutent en 1972, c’est le projet Bobcat dans lequel Ford investit une somme monstrueuse : 1 milliard de dollars. Pas question d’extravagances, on va s’inspirer du meilleur : architecture mécanique de la Fiat 127 (moteur transversal avant, traction, boîte en bout de vilebrequin, jambes McPherson), hayon de Renault 5 et look sympa comme cette dernière. Présentée en 1976, la Fiesta rallie bien des suffrages et entame une fructueuse carrière. Seulement, elle évoluera relativement peu, jusqu’en… 1983 !
Là, la petite Ford est profondément revue. Toute la partie avant est redessinée dans un style arrondi, le tableau de bord ainsi que la sellerie sont renouvelés entièrement, et la suspension se voit assouplie. Malheureusement, sous le capot, les évolutions sont moins marquées. Ainsi, les moteurs sont-ils largement reconduits, à commencer par les 1,0 l et 1,1 l Kent à arbre à cames latéral. Le second voit même sa puissance chuter de 53 ch à 50 ch, mais la vitesse maxi progresse à 143 km/h, grâce à une meilleure aérodynamique.
Plusieurs finitions sont proposées, de la C à la Ghia. La L intermédiaire n’est pas mal équipée, avec son totaliseur partiel, sa montre, ses appuie-têtes, et son essuie-glace arrière. A 39 900 F fin 1983 (12 800 € actuels selon l’Insee), elle est correctement placée, malgré sa vitesse maxi limitée à 143 km/h. Par la suite, la Fiesta ne va plus évoluer autrement qu’à coups de petites retouches cosmétiques et de séries spéciales jusqu’à sa refonte de 1989.
Ça a dû être un choc culturel difficile à surmonter pour les gens d’Opel. Expliquer aux décideurs de leur propriétaire GM, numéro un mondial produisant des véhicules démesurés qu’une petite voiture peut être rentable. Seulement, le succès de la Fiesta fabriquée par Ford, le rival de toujours, a commencé à les faire réfléchir. Au départ, interdiction était donnée de concevoir une plateforme spécifique, puis, là encore, l’insistance d’Opel a payé.
La marque allemande a eu le droit d’étudier une citadine moderne, totalement inédite et à roues avant motrices. Pour ce faire, on s’est appuyé sur l’expérience acquise avec la Kadett de 1979, et l’équipe d’Erhard Schnell, responsable de la très belle Opel GT, a dessiné celle qui sortira en août 1982 sous l’appellation de Corsa. Bénéficiant de sa propre usine, sise à Saragosse, en Espagne, cette jolie petite auto, aux ailes originalement renflées, se propose à un prix compétitif. Y compris dotée du tout nouveau moteur 1,2 l à arbre à cames en tête et poussoirs hydrauliques.
La Corsa 1.2 Luxus, finition intermédiaire, est facturée 38 010 F, soit 12 200 € actuels selon l’Insee, en juillet 1982. Capable de 152 km/h, donc de faire bonne figure sur autoroute, elle a droit à des appuie-têtes, une montre, un essuie-glace arrière, et une banquette rabattable, ce qui est très convenable à l’époque, même si la boîte 5 demeure optionnelle. Evidemment, avec des jambes McPherson à l’avant et un essieu de torsion arrière, la suspension demeure simple, mais pas indigente. La petite Opel remporte un joli succès : pour sa première incursion sur le segment des citadines, la marque au blitz a réalisé un coup de maître.
Proposée immédiatement en 3-volumes TR, pour plaire au marché espagnol, notamment, la Corsa attendra toutefois 1986 pour bénéficier d’une carrosserie à 5 portes (ou 4 en TR). Des modifications de détail interviennent, les appellations changent (la base devient LS, la Luxus, GL), des séries spéciales apparaissent (comme la Steffi Special) mais la Corsa patientera jusqu'en 1990 pour subir un restylage plutôt hasardeux, s’accompagnant toutefois d’une planche de bord plus chic.
Fiabilité/entretien : petites mais robustes
En 1983, la Fiesta est une auto largement éprouvée. Son solide moteur Kent, à arbre à cames latéral entraîné par chaîne se contente d’un entretien minimal (pas de courroie) et basique : vidanges tous les 10 000 km, réglages allumage/carburation régulier, vérifications du jeu aux soupapes… Tout est simple, mais étant d’une conception ancienne, le Kent commence à fatiguer vers 150 000 km. Heureusement, il est aisé à refaire. Pas de souci côté boîte. En revanche, si l’électricité peut faire des caprices, le vrai souci est la corrosion, qui peut attaquer partout. Gros avantage de la Fiesta, elle a de très nombreux fans, notamment en Angleterre, donc les pièces de rechange sont faciles à trouver.
Commercialisée après des tests intensifs, la Corsa A n’a pas connu d’ennuis de jeunesse. Le moteur 1,2 l se montre donc très costaud, tandis que ses poussoirs de soupapes hydrauliques facilitent la maintenance. A la longue, les joints de queue de soupapes peuvent faiblir, mais le bloc encaisse aisément 200 000 km s’il a été bien entretenu (courroie de distribution à changer régulièrement). La transmission ne pose pas de soucis particuliers non plus. Seulement, comme la Fiesta, la Corsa connaît parfois des problèmes électriques et surtout, souffre de la corrosion (bas de portières et fond de coffre sont très sensibles). Les pièces se trouvent moins aisément que celles de la Fiesta.
Avantage : Fiesta. Un peu plus simple à entretenir, la Fiesta prend le dessus malgré son moteur un peu moins endurant, car ses pièces se trouvent plus aisément.
Vie à bord
Dans la Fiesta Mk II, Ford a réalisé de gros efforts de présentation et de finition. L’ensemble présente correctement, le tableau de bord se taille dans un plastique plutôt robuste, les accessoires semblent solides, alors que la sellerie se montre plutôt confortable pour une petite voiture. A noter que la version supérieure Ghia dispose d’une console centrale spécifique, intégrant en hauteur l’autoradio, apportant des aérateurs supplémentaires et plaçant face au conducteur les molettes de chauffage. Reste que les rangements n’abondent pas, et que l’habitabilité est mesurée, surtout à l’arrière. L’équipement prête à sourire selon les normes actuelles mais s’avère correct pour une citadine des années 80.
Dans la Corsa, le tableau, très vertical, ne fait pas plus moderne. Et sa réalisation dans un plastique franchement pitoyable est une source de bruits divers. Heureusement, il est très bien agencé. De plus, Opel a prévu une pléthore de rangements : grande tablette inférieure sur toute la largeur inférieure de la planche de bord, vide-poche devant le levier de vitesses, bacs de portière, boîte à gants… Minces, les sièges avant sont néanmoins fort bien dessinés. L’habitabilité est sensiblement équivalente à celle de la Fiesta, mais le coffre un peu plus grand et on peut améliorer l’accessibilité en optant pour une 5 portes.
Avantage : Corsa. Malgré sa moins bonne finition, l’Opel prend le dessus en raison de la conception plus pragmatique de son habitacle.
Sur la route : une Corsa plus vive
Position de conduite très convenable dans la Fiesta, on l’on est correctement installé. Le moteur émet un bruit sympathique et se montre plutôt souple, mais passé 100 km/h, il perd franchement de sa vivacité. Sa faible appétence pour les hauts régimes trahit son âge, et la boîte à l’étagement trop long pénalise les reprises, trop faibles.
Heureusement, la boîte est plutôt agréable à manier. La tenue de route n’est pas mauvaise, mais elle pâtit du mauvais accord entre les suspension avant (trop souple) et arrière (trop raide). Résultat, la Fiesta pioche en virage et malmène ses passagers arrière sur mauvaise route. Et ses trains roulants, moyennement guidés, sont flous, même si la direction reste légère. En clair, il faut rouler tranquillement avec elle, surtout que son freinage est à peine correct.
Dans l’Opel, on est surpris par le bon maintien du siège et dérouté par le volant légèrement en biais. On se trouve tout de même convenablement installé. Emettant lui aussi un son plutôt sympa, le moteur montre de suite ses qualités. Très souple, il est toujours volontaire, et monte en régime bien plus vivement que celui de la Ford, tout en autorisant des performances nettement supérieures. Avec elle, on peut tenir un bon 130 sur autoroute sans trop forcer. Et la boîte, certes un peu longue mais agréable manier, lui convient bien. La tenue de roue paraît d’emblée plus franche que celle de la Ford, et la direction, légère, plus précise. Mais la suspension manque vraiment de confort et les freins de puissance…
Avantage : Corsa. Plus performante, vive et tenant mieux la route, l’Opel remporte une logique victoire face à la Ford malgré ses freins vraiment mollassons.
Budget : vraiment pas chères
Pour 1 200 €, on peut repartir au volant d’une Corsa 1.2 en très bon état et nantie d’un contrôle technique valide, totalisant environ 130 000 km (mais pas au compteur, car il ne compte que 5 chiffres, comme dans la Fiesta). A 2 000 €, on en a même vu une totalisant moins de 45 000 km.
La Fiesta semble un peu plus chère. Comptez plutôt 1 800 € pour une auto en condition appréciable et nantie d’un contrôle de moins de 6 mois. Evidemment, elle passera nettement les 100 000 km. A 2 500 €, nous en avons repéré une de 55 000 km en bel état.
Côté consommation, ces deux montures sont frugales, avalant moins de 6 l/100 km en usage tranquille, à condition d’être bien réglées.
Avantage : Corsa. Moins chère à l’achat que la Ford, l’Opel rafle la victoire, d’autant que sa consommation est équivalente.
Verdict : la Corsa, plus rapide et moins chère
Plus moderne de conception que la Fiesta, la Corsa prend le pas en matière de comportement routier, de précision de conduite et de performances, tout en délivrant un agrément général nettement supérieur. Reste qu’elle n’est pas plus confortable ni plus spacieuse. La Ford a pour elle une meilleure finition et un entretien plus aisé en raison de pièces détachées plus abondantes, du moins outre-Manche. Ces deux autos sont de surcroît très fiables, même si cela dépend surtout des soins qu’elles ont reçus.
Le classement final
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | Ford |
Vie à bord | Opel |
Sur la route | Opel |
Budget | Opel |
Verdict | Opel |
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