2. Exclusif, essai Honda CRF 450R Luc1, championne de France de supermotard: bonheur à l'état pur

Impossible de juger de l'évolution de ce millésime 2013 sans avoir la version précédente sous la main… nous opterons donc pour un essai que l'on qualifiera de « traditionnel » tout en gardant en mémoire l'extraordinaire facilité de l'ensemble ainsi que l'impressionnante souplesse du moteur de la machine tirée en 2012 (pour relire notre ici, c'est ici).

ON PREND LES MÊMES ET ON RECOMMENCE

Si de façon générale la présence d'équipements identiques aux versions antérieures peut lasser, ce n'est ici pas le cas et c'est avec toujours autant d'émotion que l'on découvre cette nouvelle Honda.

Sans pécher par excès la préparation réalisée par Lucquin est une moto d'origine qui s'est habillée chez les plus grands couturiers. L'italien Alpina se chargera des roues avec des Carbon Pro Matrix tubeless chaussées par les exceptionnelles gommes Michelin. L'œil sera immédiatement attiré par le bras-oscillant réalisé avec soin par Top-Block. Le freinage est une nouvelle fois confié à Beringer et son kit de freins avant Top Race Supermotard (ici en essai), comment en aurait-il pu en être autrement ! Amateur de belles pièces le sabot carbone de chez DBS Factory devrait vous séduire.

Bud Racing aura en charge le travail sur les suspensions tout en ayant le rôle de maintenir les tubes de fourches avec un té taillé masse. Et le mono dans tout ça ? FRD a concocté deux moteurs plus ou moins violents. L'un sera en charge de défendre les couleurs du team au Mondial tandis que celui dont nous disposons aujourd'hui aura pour mission de garder la couronne française bien au chaud à Troyes en gardant à distance les pilotes bleutés, jusqu'alors impuissants face à la déferlante rouge toujours invaincue ! Ça énerve.

Pas de données précises sur la puissance délivrée par le quatre et demi mais comme à l'accoutumée Sylvain Fura a préparé un berlingot en travaillant entre autre sur la culasse (piston/ arbre à came, ressort de soupapes) pour un résultat collant aux attentes du champion en titre. « Ce n'est pas la peine de monter haut dans les tours pour avoir de la puissance » explique Sylvain Bidart « la moto est faite pour reprendre suffisamment bas dans les tours afin de pouvoir rouler sur le couple et gagner ainsi en efficacité. Je cherche un moteur plein à tous les étages ce qui permet de gagner en simplicité d'utilisation ».

Le grand absent du tour d'horizon est l'échappement. En effet mister Bidart s'engagera cette année dans les différents championnats avec une ligne d'origine… D'après les dires de Ludovic Lucquin, team manager, la raison est toute simple : « la moto marche très bien comme ça ! ». Les esprits mal placés y auraient vu les ravages de la crise et les difficultés financières de certains accessoiristes.

VILLARS ON ICE

Côté accroche ce n'était pas du côté de Villars sous Écot qu'il fallait venir chercher du grip. Bitume glissant, température nordique et ballet de camions bennes… si nos conditions d'essai ne sont pas idéales nous les oublierons immédiatement après avoir posé nos fesses sur le CRF.

Pas la peine de se déboiter le bassin pour faire craquer le moteur qui nous gratifie d'un son grave après 2 coups de kicks.

Une selle qui invite aux transferts de masse, des commandes qui tombent naturellement sous les mains, rien ne laisse présager d'une différence avec la Honda de monsieur tout le monde. Rectification : rien à première vue ! Si la position de pilotage est traditionnelle c'est du côté du moteur que l'on trouvera une différence avec un CRF stock.

Le boulot de FRD (comprenez Fura Racing Development) a clairement porté ses fruits. Pas la peine de s'exciter sur la boite pour profiter des watts, le moteur en a suffisamment dans les bas et moyens régimes pour vous catapulter d'un virage à l'autre et le seul frein ne se trouve pas dans le berlingot mais plutôt dans le caleçon du pilote…

Ce n'est pas compliqué, le moulin donne l'impression de ne jamais forcer ni peiner. Capable de reprendre en douceur il monte dans les tours tout en constance. Amateur de machine explosive, passez votre chemin. Pas de coup de bluff ni de quelconque violence, la préparation de Sylvain est telle que la moto est efficace et totalement gérable sur l'intégralité de la plage d'utilisation et permet de jouer de la poignée droite sans modération… L'esprit est donc identique à la version précédente avec peut-être un chouya plus de couple, permettant de reprendre un peu plus tôt dans les tours.

La plénitude du mono permet de se concentrer sur la partie cycle et plus particulièrement les suspensions. Stable, la japonaise est impériale et précise dans le majestueux relief de Villars qui ne pose lui aucun problème, permettant ainsi de juger du taff réalisé par l'équipe Bud.

Précise, la Bidart-Bike et ses SuperMotard 29B (pour relire l'essai des gommes Michelin, c'est ici) n'ont pas peur des prises d'angle et accepteraient sans sourciller une poignée de centimètres supplémentaires avant d'avouer un début de limite.

Remarque identique concernant l'ensemble Beringer, toujours aussi séduisant et facile à gérer. Progressivité, endurance et mordant transformeront le motard lambda en prince de la pince ! Incritiquable en somme cette championne de France… pas tout à fait. Nous émettrons une nouvelle fois des réserves concernant l'anti-dribbling estampillé STM. Toujours aussi décevant côté retour d'informations, donnant l'impression au pilote que son levier gauche est atteint de la maladie de Parkinson. Une cure suisse pourrait être le traitement de ce mal? Clairement !