2. Essai vidéo Ducati XDiavel 2016 : un paradoxe

Le XDiavel est un séducteur. Armé jusqu'aux dents de tout l'attirail pour flatter l'ego du motard, on s'y laisse piéger très vite. Et même le froid et les giboulées de mars n'ont pas attaqué mon moral pour tester cette moto. Et très vite, le premier constat se fait : la conception du 1262 cm3 fait beaucoup moins de bruit que son frangin le Diavel. Une bénédiction pour certains, une aberration pour les puristes. Et pour le coup je penche du côté des puristes. Quitte à s'afficher, autant le faire jusqu'au bout.

À bord, on peut prendre conscience du long réservoir surmonté par le grand guidon. On a apprécié l'ergonomie de la selle qui contrebalance sa finesse en termes de confort. On retrouve également le système Keyless et du démarrage, la clé dans la poche. Le compteur placé sous le guidon est bien lisible. Les bras écartés et les pieds en avant, on sait d'entrée que l'on va en prendre plein le casque sur les hautes vitesses. Petit aparté, Ducati avait bien conscience que le point faible des customs est la faible garde au sol, et dans ce cas précis il fallait corriger le problème pour pouvoir exploiter pleinement la machine. La position des cale-pieds est relativement haute et Ducat' annonce un degré d'inclinaison à 41 degrés. Well done ! Sur les manœuvres à l'arrêt les 247 kilos de la bête se font sentir, mais c'est une impression qui ne durera pas, après quelques manipulations, on s'adapte très vite au gabarit.

Qu'on se le dise, cette moto n'est pas une moto pour les débutants, il faudra avoir déjà bien roulé sa bosse pour profiter pleinement sans se faire peur. Un point important puisque la prise en main est assez immédiate et peut donner l'illusion d'une machine facile. Les premiers kilomètres se feront en ville et il ne faudra pas longtemps pour se rendre compte que ce n'est pas du tout son terrain de prédiction, et ce pour plusieurs raisons. Si on enlève le fait de se faire dévisager à chaque feu rouge (ce qui finit vraiment par mettre mal à l'aise), la largeur du guidon ne permet pas de naviguer facilement entre les voitures, idem pour les interfiles. De plus le levier d'embrayage assez dur devient vite fatigant sur les mouvements répétés, surtout lors de la gestion des gaz au ralenti. Lors de notre essai, les températures avoisinaient le 0 degré et on peut apprécier le chauffage d'appoint du moteur. En revanche, on peut supposer qu'en été, cela deviendra très vite insupportable. Il n'aura fallu que quelques heures pour éprouver ma patience et me jeter à corps perdu sur la première voie rapide qui passe.

C'est sur les portions roulantes que le XDiavel prend toute sa dimension. Et là deux comportements naissent. D'un côté, le plaisir de se laisser bercer par le ronronnement du bicylindre, en espérant ne pas trop croiser de routes abîmées avec le retour de suspension arrière un peu sec. Et de l'autre, la tentation incessante d'ouvrir en grand la poignée de gaz pour faire exploser le couple ainsi que les articulations de ses bras. Un véritable jeu se met en place entre la moto et le pilote. Dès les plus bas régimes, le XDiavel se met à pousser très méchamment. Il n'est pas rare de passer les 110 km/h juste sur le 2ième rapport. C'est à ce moment-là que les assistances électroniques prennent toute leur importance. Sur les accélérations très franches en mode Sport par exemple, ça aidera la moto à ne pas se délester sur l'avant (oui, oui vous avez bien lu). On regrette presque la position Custom pour une position dragster.

Grâce à aux Pirelli Diablo Rosso II avec un shape unique à 17° et destiné uniquement pour les modèles Diavel, les parties sinueuses se géreront bien.

Sans parler d'une agilité hors paire, le XDiavel s'en sort avec les honneurs, bien plus que la concurrence qui doit en plus jouer avec une garde au sol souvent réduite. Nous sommes donc assez loin des codes standards du custom puisque l'on peut compter sur 41° degré d'inclinaison, les plus joueurs aimeront ça !

On sent que Ducati a bien travaillé son ensemble moteur/partie cycle puisque la moto est homogène et tient bien le pavé. Pas à un seul moment de notre essai, la bête n'a montré de mouvements parasites ou une difficulté pour la gérer. Il faut bien ça, puisque la grande majorité de la concentration du motard se fait sur l'exploitation du moteur.

Côté frein, pas vraiment de surprise, puisque la monte radial Brembo, fait parfaitement son travail. Le poids de la moto ne sera même pas un handicap. Le feeling sous le levier est excellent. Progressif, mais ne manquant pas de mordant, on pourra également jouer facilement de l'arrière pour asseoir sa trajectoire.