2. Essai Victory Hammer S : on se plait dans ses défauts
Il est évident que le motard aime se faire remarquer quelque part. Nous sommes tous plus ou moins de la planète narcisse. Que notre monture soit admirée du plus grand nombre, c'est flatteur. J'avoue aussi m'être fait remarquer avec certaines machines que je pouvais avoir en essai. Certes, Victory n'est pas une marque courante, mais j'étais loin de me douter de l'effet qu'elle pourrait faire auprès des gens que j'ai pu croiser.
« Bon Dieu, mais ce n'est qu'un custom ! » je me suis dit. Et bien apparemment non, ce n'est pas qu'un custom. Ses lignes allongées, son coloris noir et orange mat, son pneu de 250 mm font leur effet. Une photo par-ci, quelques mots échangés avec des passants intrigués, des motards et même des lecteurs de Caradisiac moto ( Et je dirai même pour les filles, cette moto est un aimant à garçons puisque cette Hammer m'a même donné droit à une invitation à dîner). Bon, redevenons un peu sérieux…
La Hammer S ne paraît pas si imposante d'un premier abord. Le plus curieux c'est qu'elle donne l'impression d'être coupé en deux. Un avant très allongé avec un style plutôt classique custom. L'arrière tranche radicalement au contraire avec une selle monoplace un énorme garde-boue (où est incrusté un feu à LED) qui cache un pneu de 250 mm. On appréciera le soin apporté aux finitions, juste la beauté simple du bloc moteur et la qualité de la peinture mate. Et même si Victory apporte déjà un look de série bien abouti, on regrettera la qualité du revêtement de la selle et le fait de n'avoir que des clignotants en plastique qui gâchent la ligne.
Côté équipement, il faudra faire avec le minimum vital. Compteur de vitesse, compte-tours et ordinateur de bord. Ce dernier contient trip 1, trip total, compte-tours analogique et un indicateur de rapport engagé. Il ne faudra compter que sur le témoin de réserve pour se rendre dans la station la plus proche. D'ailleurs, j'ai pu remarquer qu'il ne s'allumait qu'à l'arrêt et avait tendance à s'éteindre en roulant (défaut de détecteur ?). Plutôt angoissant au final puisque la consommation peut être variable suivant le rythme de roulage. Idem pour l'indicateur de rapport engagé. Une bonne idée au départ, mais qui a tendance à s'emballer quand on se retrouve débrayé en affichant un quatrième rapport quand on passe en deuxième par exemple. Pas vraiment gênant en soi, mais pour le coup on aurait préféré qu'ils se servent de cette place dans le compteur pour mettre une jauge à essence.
On est bien alors!
A bord, on trouve très facilement ses marques, tout vient naturellement sous la main et les pieds (attention au sélecteur de vitesse qui est un peu bas d'origine). La selle est d'un confort étonnant. On pourra manger les kilomètres sans devoir s'arrêter pour un mal de fesses. Les premiers kilomètres se feront avec prudence pour les non initiés. On a cette impression que le pneu de 250 mm demandera toujours de l'attention pour ne pas se laisser embarquer dans les virages serrés. Mais ce n'est qu'une impression, car au bout d'une cinquantaine de kilomètres, Hammer se montre plus docile que prévu. Beaucoup plus facile à manier à l'arrêt et à basse vitesse qu'un custom classique, elle affiche quand même 305 kilos à vide ! Un très bon point pour Victory sur la répartition des masses.
Après, il est certain que la Hammer choisit les terrains où elle sera la meilleure. La ville est à proscrire même si son empattement reste assez petit. Elle chauffera assez vite et se faufiler dans la circulation reste du parcours du combattant. L'autoroute restera gérable si vous ne dépassez pas le 120 km/h. Elle se montre d'une étonnante stabilité mais la prise au vent vous fait sentir comme le Spi tendu d'un voilier.
La où on trouve tout son plaisir avec la Hammer reste les grandes nationales avec portions sinueuses (faut pas déconner non plus) et même un peu de route de montagnes. C'est d'ailleurs le bicylindre de 1731 cm3 qui en est pour beaucoup. Même s'il n'affiche que 89 chevaux, on prend beaucoup de plaisir à l'exploiter. Normal, il est plein partout. L'allonge est progressive et vraiment proportionnelle à l'ouverture des gaz. Ouvrez en grand et vous vous retrouverez tracté aussi bien en montée que sur du plat. Vous êtes en sous régime ? Pas de soucis, les reprises se font en douceur, il ne sera même pas nécessaire de baisser un rapport. Il met en confiance. Un peu trop d'ailleurs car si vous avez le malheur de baisser un rapport un peu brusquement vous vous retrouverez avec un sacré blocage de roue arrière. Et avec un pneu de 250 mm, vous allez le sentir passer. Je ne pourrais hélas pas vous parler du bruit d'origine puisque Victory a fait mettre une ligne complète Cobra sur le modèle d'essai (disponible au catalogue de la marque). Et j'avoue ne pas l'avoir regretté. Ce son rauque est un régal d'échappements.
Lors de mes périples, la Hammer s'est révélée au final être une machine facile à vivre, même si son moulin super joueur se retrouve brimé par une garde au sol un peu basse (custom oblige). La tenue de route, sa réactivité donnent vraiment envie de la pousser toujours plus loin et de passer toujours plus fort dans les virages. Mais cet excès de confiance se retrouve vite arrêté par les hurlements des cale-pieds sur l'enrobé et le manque flagrant de frein. Car oui, la Hammer a besoin qu'on anticipe les freinages, sinon c'est droit dans le mur. Il faut les arrêter les 400 kilos (moto + pilote) et pour cela le double disque de 300 mm s'avère insuffisant. Le freinage est progressif mais pas mordant. Mais une fois ce paramètre pris en compte, on prend un réel plaisir à rouler avec la Hammer. Elle reste assez vive dans les changements d'angle et la reprise en sortie d'épingle n'est qu'une formalité car au couple du moulin.
Les points de détails qui peuvent énerver
En ce qui concerne le passager. Et bien, il faudra compter celui-ci en matière d'option. Déjà car le morceau de selle derrière le pilote ne pourra compter qu'un 36 tout mouillé dessus et qu'il faut l'avouer, une machine comme la Hammer, ça se pilote en solitaire.
La Hammer saura faire la nique à tout ceux qui s'obstinent à ne pas porter de protection pour rouler. Cette chose? Sa ligne d'échappement. Elle est assez excroissante et si on ne possède pas des bottes en cuir hautes, la brûlure viendra rapidement vous rappeler de vous protéger.
Dernier point. L'autonomie dirons-nous assez aléatoire... Suivant votre mode de roulage, vous pourrez vous retrouver en réserve avec à peine 140 km au compteur si vous ouvrez, et monter dans les 200 km si vous roulez mode pépère. Sans compter le témoin d'essence qui s'amusera avec vous avec un "je m'allume, je m'éteins, je m'allume, je m'éteins, je m'allume...."
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