Essai - Vélo électrique Michael Blast Outsider 5.0 : que vaut le "vélo moto "?
Michael Blast est un constructeur qui a décidé de mélanger la moto et le vélo. Un concept nommé par les enfants « vélo moto », appellation que nous validons également. Avec l’Outsider 5.0, la marque souhaite proposer un engin de déplacement électrique qui donne la banane et accessible à tous. Si le résultat est réussi, il ne convient pas à tout le monde et souffre de quelques défauts qui peuvent être rédhibitoires pour une partie des utilisateurs.
Il ne passe pas un mois sans que le monde des « nouvelles mobilités » n’accueille un nouveau véhicule original ou décalé. Michael Blast est une marque d’engins de déplacement électriques, inspirée de l’univers moto, qui cherche à nous faire rouler différemment plutôt que sportivement. Est-ce que le plaisir peut balayer d’un revers de la batterie les habitudes vélo-boulot-dodo, troquant le fun pour l’aspect pratique ? C’est ce que tente de faire l’Outsider 5.0, dernière itération du constructeur.
L’Outsider 5.0 est un gros bébé qui reprend les codes du Suzuki VanVan à savoir : une selle longue sans aucune ergonomie, un guidon de type moto, une fourche avant suspendue réglable, un cadre en alu, un énorme phare cylindrique - ici doté de plusieurs LED - , une hauteur de selle de 83 cm (donc adaptée aux gabarits de minimum 1,70 m) et des pneus tout-terrain.
Pour le reste, on retiendra un poids sans batterie de 25 kg, une batterie colossale de 1 000 Wh (en 48V) de 4,5 kg, un moteur Bafang de 250 W positionné dans le moyeu de la roue arrière capable de fournir 750 W en crête, une transmission par chaîne Shimano Altus, des freins à disques hydrauliques Tektro Auriga avec un disque de 180 mm à l’avant et 160 mm à l’arrière et un chargeur 3A qui permet un 0-100 % en 8h et un 20 %-80 % en 4h
Posons les bases de suite : ceci n’est pas un vélo. Il s’agit d’une moto qui a adopté les règles de conception des EDPM (Engin de Déplacement Motorisés) pour permettre de rouler avec style sur les pistes cyclables.
C’est dans le Vintage qu’on obtient le plus de sourires
« Il est superbe », « Mais c’est un vélo ? En tout cas j’adore », « Regarde le vélo moto maman ! »
Après presque 20 jours d’essai, l’Outsider a cumulé les compliments et dévissé les têtes. Il n’y aura eu qu’un cycliste, un peu aigri, qui pestait contre le manque d’effort, avant d’avouer être jaloux de l’engin.
Il faut reconnaître que le mélange des genres ne laisse pas indifférent. Si la marque américaine Super73 a popularisé le concept du vélo typé moto, Michael Blast a poussé l’idée à son paroxysme. Nous n’avons malheureusement pas pu avoir de photo, mais un modèle Super73 s’est retrouvé à côté de notre modèle d’essai. L’Outsider est nettement plus volumineux et sexy.
Disponible en plusieurs coloris, nous avons récupéré le modèle noir floqué du numéro de Valentino Rossi. Aucun autre rapport qu’un clin d’œil, et encore.
Le cadre ne contient pas de moteur. Il est vide. Mais, il peut à la fois accueillir une seconde batterie (qui porte ainsi l’autonomie à minimum 180 km, soit un maximum qui dépasse allègrement les 200 bornes) et une sacoche souple.
Le phare énorme est composé de plusieurs LED. L’éclairage est à la fois large et puissant. Il est inclinable verticalement pour éviter d’aveugler les automobilistes (un bon point). Il est d'ailleurs puissant, éclaire sur un angle large et loin et sera parfait pour le prochain hiver.
La selle est agréable. Il est possible de la remplacer par une version type Café Racer.
Le réservoir est une capsule en plastique relié par un câble à la batterie protégée dessous. L’effet est réussi. Les énormes pneus « fatbike » terminent cet aspect moto.
Un suivi sur le long terme
Tous les éléments sont réparables. Tant que la marque dure. Compte tenu de l’engouement des consommateurs pour les engins de mobilité alternatifs, il n’y a pas de raison qu’elle disparaisse, d’autant qu’elle ne fait que progresser depuis quelques années. Il faut dire que la personne à sa tête est à l’origine de l’arrivée de Super Soco en France.
Du numéro aux garde-boue, en passant par l’afficheur, le contrôleur, les poignées en cuir et même le phare qui peut être remplacé par une version chromée. Mais ce sont surtout le chargeur et la batterie qui sont disponibles et en stock. D’ailleurs, les prix des différentes pièces sont abordables. Mais nous parlerons finances un peu plus loin dans le test.
Notez qu’il n’y a aucune application ni aucun système connecté. Tant mieux. À moins d’être payante, une application est rarement mise à jour (trop coûteux).
Un poids lourd comme le règlement administratif (encore plus lourd) qui le qualifie
L’Outsider pèse 25 kg, ce qui est la norme de ce genre de VAE. Mais cette norme inclut la batterie dans le pesage. Ici, il faut ajouter une batterie de 4,522 kg. On a un engin qui frôle les 30 kg sans les dépasser (29,522 kg exactement). C’est important, car au-delà de 30 kg, l’Outsider ne boxerait plus dans la même catégorie, si tant est qu’on puisse s’y retrouver dans les différents règlements.
Ce que dit la loi
Mais, depuis le décret du 14 janvier 2022, les cyclomobiles (et non cyclomoteurs) légers (draisiennes électriques par exemple) peuvent circuler sans immatriculation et son soumis aux règles appliquées à la catégorie L1e-B, qui sont une variante de la catégorie L1e-A (ouf) qui regroupe les véhicules d’une puissance maximum de 350 W, dépourvu d’aménagement pour le transport de marchandise, avec une seule place assise, de maximum 30 kg à vide et ne pouvant rouler au-delà de 25 km/h.
Et c’est toute la problématique : car avec une gâchette d’accélération, l’Outsider remplit les critères définissant un cyclomobile léger.
D’ailleurs, le site légifrance indique que le cyclomobile léger est un « véhicule de la catégorie L1e muni de pédales dont le mode de propulsion auxiliaire d'aide au pédalage d'une puissance maximale est inférieure à 1 kW (l’article 6.11 évoque la puissance maximale de VAE limitée à 250 W) et s'interrompt dès que le véhicule atteint une vitesse égale ou supérieure à 25 km/ h ».
Malgré différentes demandes, personne n’a réellement pu justifier l’interdiction ou l’autorisation de l’usage de l’Outsider avec sa gâchette sur route publique et piste cyclable. Preuve qu’avant de vouloir créer un protectionnisme complexe à propos de la voiture électrique, il serait utile de clairement définir les lois de circulation d’engins qui peuvent rouler 100 km en chargeant une seule fois une batterie de 1 kWh et permettant donc un tarif de 0,20 €/100 km.
Une conduite amusante que les cyclistes vont détester
La moto offre une sensation de plaisir et une impression de liberté incomparable dans l’univers des véhicules routiers. L’Outsider réussit le pari d’offrir les mêmes sensations, en les transposant dans l’univers du vélo.
Dès les premiers tours de roues, les zygomatiques se contractent, les dents apparaissent. Une aura se dégage et vient percuter les passants, motards et automobilistes autour de vous. Ça change des clivages sur Twitter. Le coup de grâce sera donné par un motard me saluant. Même les cyclistes, plutôt dans leur bulle m’ont esquissé un mouvement de la tête. L’Outsider est un générateur de bonheur.
On a envie de prendre le temps, on ressent du plaisir au guidon, du plaisir sur le trajet et cela, même sur les parcours généralement ennuyeux et routiniers.
La puissance du moteur est remarquable. L’Outsider 5.0 a été le seul à réaliser la montée reliant le MACVAL à Joinville, parcours pentu que seules les trottinettes les plus puissantes avaient arpenté sans peine. Ce qui signifie que vous allez pouvoir rouler sans effort presque partout.
Le document fourni dans la boîte de présentation ne recommande pas la conduite sous la pluie. Nous n’avons donc pas suivi la recommandation. La météo aidant, l’Outsider a eu droit à une petite douche. Ce qui a permis de vérifier que l’étanchéité était bonne, notamment au niveau du « réservoir » protégé par une mousse empêchant l’intrusion d’eau. Le phare n’a pas connu de souci non plus.
Une position de conduite anti-effort
L’Outsider n’est pas une bicyclette. La posture de conduite place les genoux trop hauts, les jambes trop en avant, le dos trop reculé et les bras trop loin. C’est l’opposé de la position idéale sur un vélo.
Pour pallier cela, il suffit de régler l’assistance. S’échelonnant de 1 à 5 (mais pouvant offrir 9 niveaux dans les paramètres) elle est basée sur un capteur de rotation et non de couple.
Par conséquent, avec l’assistance au maximum, il suffit de tourner à peine les pédales pour avancer aux 25 km/h maximum légaux. N’espérez pas perdre du poids avec cet engin.
Malheureusement, cette solution entraîne un décalage entre le coup de pédale et l’assistance. L’effort fourni à la pédale n’a pas d’effet sur l’aide délivrée par le moteur.
Second souci, même si vous arrêtez de pédaler, il y a une latence et le moteur continue de vous assister pendant 2 secondes, vous obligeant bien souvent à jouer des freins et anéantissant toute tentative d’anticipation.
Il est possible d’embarquer une personne derrière. À deux adultes, soit 160 kg sur la machine (donnée pour 120 kg maximum), le trajet n’a posé aucun souci. Il faudra toutefois monter les cale-pieds passagers optionnels (à 35 €) pour que tout se passe correctement.
Les freins à disques hydrauliques sont très puissants, progressifs et endurants. Afin d’en être certain, j’ai poussé le vélo en descente à 50 km/h (les 25 km/h franchis, c’est la gravité qui a pris le rôle d’assistance). Le freinage a été réalisé en descente pour accentuer la demande, avec un humain de 100 kg dessus. Le résultat était sécurisant et le « vélo moto » a freiné court.
L’Outsider se conduit plus comme une moto qu’un vélo. On se positionne dessus comme sur un VanVan, on prend de l’angle de la même manière.
La transmission Shimano Altus n’est pas idéale. On a la sensation régulière soit de pédaler dans le vide soit de lutter (et la position de conduite n’aide pas).
Enfin, dernier souci et non des moindres : le moteur ne débraye pas une fois les 25 km/h passés. On se doit de lutter contre le poids du vélo, contre l’énergie nécessaire pour aller plus vite et contre une résistance du moteur.
Pour résumer, chevaucher l’Outsider nécessite de pédaler par à-coups, assistance au maximum et d’anticiper au maximum l’aide du moteur. On finit par s’y faire, mais ça n’a rien d’agréable ni de logique.
Autonomie et recharge
Avec la batterie de 1 000 Wh en 48V, l’Outsider peut avaler 88 km sur un parcours mixte, par environ 10 °C, avec 100 kg de viande humaine et 10 kg d’accessoire sur la selle. C’est énorme et logique compte tenu du réservoir d’électrons.
Le chargeur 3A est fourni. Vous pouvez vous en procurer un autre (pour charger au bureau par exemple). Il faut le préciser car ce n’est étrangement pas toujours le cas, les pièces détachées étant rares.
Le temps de charge est de 4 heures pour un 20 %-80 % et de 8 heures pour un 0-100 %.
La charge se fait soit en se raccordant à la fiche du « réservoir », soit en retirant la batterie. Pour ce faire, il faut ôter le réservoir via 2 vis (conçues pour être retirées à la main) et extraire la batterie via la clé fournie. Notez que la batterie dispose de son propre interrupteur, qu’il ne faudra pas oublier d’allumer avant de remonter le réservoir.
La manipulation prend maximum 2 minutes On a connu pire.
Prix
L’Outsider s’affiche à 3 190 euros (montant auquel s’ajoutent les différentes aides gouvernementales et régionales). Un tarif bien placé compte tenu de l’autonomie et de l’équipement. Surtout lorsque des vélos dont les batteries ne dépassent pas les 625 Wh atteignent rapidement la barre des 4 000 euros. Toutefois, ces vélos offrent souvent une meilleure expérience de pédalage avec tout ce que ça implique en matière de composants.
Débridage
Avant de commencer, sachez que le débridage du vélo n’est possible qu’en entrant un code de sécurité que seul le vendeur du vélo a en sa possession. L’engin débridé n’est autorisé que sur des voies privées. Sur voie publique, en plus de vous exposer à une amende salée et à la confiscation de l’engin, vous n’êtes plus couvert par votre assurance qui pourra se retourner contre vous.
Cela étant posé, nous avons essayé l’Outsider débridé sur voie privée, évidemment. Pour cela, il faut accéder à un menu spécifique via un code. Dans ce menu, on peut régler différents paramètres comme l’ampérage (qui change de facto la puissance du moteur qui peut alors atteindre les 750 W) ou le nombre de niveaux d’assistance (5 ou 9).
La vitesse max peut atteindre 45 km/h. L’Outsider se transforme en scooter électrique.
Côté sensations, rien de fou. L’accélération est linéaire et lente. Le système de pédalage est totalement largué dès 29 km/h et on se retrouve à pédaler dans le vide. Les freins ne sont pas mis à mal et s’arrêter en étant lancé à 45 km/h ne pose aucun problème.
Le débridage n’apporte donc rien en matière de plaisir ou de sensations, à la différence d’une trottinette Dualtron Victor par exemple, dont l’accélération était paradoxalement plus linéaire une fois le moteur débridé. Dans la mesure où cette manipulation rend de facto illégal le vélo et vous interdit de rouler, nous ne sommes pas certains d’un gain à le réaliser.
Verdict
Le Michael Blast Outsider 5.0 est une machine à plaisir bien finie et réussie, pour qui ne cherche absolument pas l’effort et la sensation du vélo. Il offre une des plus importantes autonomies dans la catégorie, délivre les sensations de la moto et offre un capital sympathie qui change catégoriquement la perception que votre environnement a de vous.
Mais il faut faire avec un vélo qu’il est difficile d’emmener au-delà des 25 km/h en pédalant, un moteur qui ne débraye pas et rappelle ceux des débuts du VAE et une dissonance entre le coup de pédale et la poussée du moteur. Ces problèmes disparaissent évidemment avec l’installation d’une gâchette d’accélération.
C’est une bien élégante alternative à une Citroën Ami pour moitié moins cher.
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