Essai - Renault Talisman : sans les quatre roues directrices, point de salut ?

Essai après essai, depuis sa toute première présentation à la presse en novembre 2015, le châssis de la Renault Talisman a convaincu l'ensemble la rédaction de Caradisiac, quelle que soit la motorisation et quel que soit le journaliste comme le montre la sélection de commentaire ci-dessous.

Est-ce que ça fait de la Talisman non seulement la plus belle Voiture de l'Année 2015, mais aussi la référence de sa catégorie en matière de liaisons au sol ? C'est en fait un peu plus compliqué que ça. En effet, l'intégralité des modèles de la grande Renault dont nous avons pris le volant disposait du pack 4Control, une option à 1 700 € exclusivement sur la finition Intens et de série sur le haut de gamme Initiale Paris, et qui comprend le système des quatre roues directrices, les suspensions pilotées et des jantes en 19 pouces. Il faut donc compter pas moins de 32 900 € + 1 700 € = 34 600 € pour en bénéficier avec le plus petit moteur dCi 110 alors que la gamme démarre à 27 900 €, sans oublier qu'en finition Intens, il n'existe qu'une différence de 1 300 € entre une dCi 110 EDC et une dCi 130 EDC, 800 € entre une dCi 130 EDC et une dCi 160 EDC, et enfin 1 300 € entre une TCe 150 EDC et une TCe 200 EDC. Sans oublier les 1 200 à 1 400 € entre la berline et le break. Ce qui fait se poser de nombreuses questions. Est-ce que ça vaut vraiment la peine ou peut-on s'en passer et opter pour la motorisation supérieure ou pour la version Estate avec un budget moindre ? Qu'advient-il donc de cette fantastique tenue de route sur les modèles dépourvus de ce fameux pack ? Sert-il de cache-misère ou ne fait-il que parachever un châssis bien né ?

Avant d'arriver à des réponses, commençons par un peu de théorie. Le pack 4Control comprend donc un système à quatre roues directrices, faisant braquer le train arrière de façon antagoniste au train avant et de 3,5° maximum jusqu'à 50, 60 ou 80 km/h suivant le mode de conduite choisi entre Confort, neutre et Sport, et dans le même sens au-delà dans la limite de 1,9°. L'objectif est d'améliorer la maniabilité à basse vitesse et la stabilité ensuite. Et sur le papier déjà, cela fonctionne, avec un diamètre de braquage entre trottoirs de seulement 10,8 m, un chiffre exceptionnel pour une berline de tout de même 4,89 m, surtout quand on le compare aux 11,7 m d'une Volkswagen Passat de 4,77 m ou les 11,9 m d'une Peugeot 508 de 4,83 m. Cependant, une Talisman sans 4control réalise le même exercice en 11,6 m. Moins bien mais toujours mieux que la concurrence. À vitesses plus élevées, le braquage s'inverse donc mais la différence par rapport à un train arrière passif est difficilement appréciable.

Les suspensions pilotées font aussi partie du pack 4Control, réglables via le système multi-Sense sur plusieurs modes : Confort, Sport, Eco, Neutre et Personnalisé, faisant varier la fermeté de l'amorti du plus souple au plus ferme, ce qui permet de passer d'un tapis volant lissant toutes les imperfections de la route à une authentique GT à l'efficacité étonnante. On ne retrouve évidemment pas ces visages multiples dans un modèle aux suspensions classiques et on note tout de suite un roulis logiquement moins contrôlé, mais le compromis choisi est tout ce qu'il y a de plus satisfaisant, avec un curseur plus orienté vers le confort, une qualité plus souvent recherchée dans un véhicule du segment D que la précision ultime.

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 Enfin, le pack 4Control ajoute d'office des jantes de 19 pouces avec pneus en 245/40 en lieu et place des 17 pouces chaussées en 225/55 de la finition Business de notre modèle d'essai, équipée du dCi 130 associée à la boîte EDC. On pourrait craindre pour le confort avec celles de plus grand diamètre, mais c'est sans doute compensé par les suspensions pilotées car les remontées parasites dans l'habitacle des imperfections de la route se font rares. Ces dernières disparaissent cependant totalement avec les plus petites jantes, faisant de la Talisman une routière au long cours encore plus appréciable. Une qualité qui se confirme avec la consommation et le volume du réservoir : la Talisman est en effet homologuée en mixte pour 4,3 l/100 km en 17 pouces (6,1 l/100 km constatés par nos soins lors de l'essai) et 4,4 l/100 km en 19 pouces, le réservoir passant de plus de 52 à 47 litres pour intégrer le train arrière directionnel. Ces différences paraissent anecdotiques, mais cela augmente au final l'autonomie théorique de près de 150 km. Le seul défaut que l'on citera de la plus petite monte est l'aspect esthétique : autant les jantes de 19 pouces au très beau dessin, que ce soit le modèle Alizarine de la finition Intens ou celui de l'Initiale Paris, remplissent parfaitement les passages de roue et soulignent avantageusement la ligne de la Talisman, autant celles de 17 pouces paraissent perdues dans les ailes, avec un effet ballon disgracieux des pneus à flancs hauts.

Question embonpoint, le système 4Control ajoute 30 kg sur la balance, l'amortissement piloté 4 kg et les jantes et pneus de 19 pouces 2 kg par rapport aux 18 pouces, soit un total de 36 kg, ce qui est négligeable sur une berline routière de plus de 1 400 kg. Le train arrière directeur plus lourd aurait même tendance à améliorer la répartition des masses.

Une Renault Talisman est-elle plus efficace avec le pack 4Control que sans ? Indéniablement, il lui permet d'avoir un comportement dynamique extraordinaire pour une traction de cette catégorie. Est-elle par contre plus confortable ? Cela ne se joue pas à grand-chose mais au contraire, notamment à cause des jantes de 19 pouces qui, si elles sont spectaculaires esthétiquement, entament de plus légèrement la consommation et donc l'autonomie, surtout avec le plus petit réservoir allant avec. Confort amélioré, consommation moindre et autonomie plus grande, trois qualités particulièrement recherchées pour une routière et qui font d'une Talisman sans 4Control une proposition à ne pas négliger.