Essai - Kawasaki W800 : Une Jap' qui sonne juste
La Kawasaki W800, la plus européenne des néorétros, revient en force (y compris niveau tarif, positionné à plus de 10 000 €) et en finesse avec ce nouveau millésime. Si la W650 avait su remettre la catégorie des roadsters à l'ancienne sur les rails en son temps, que reste-t-il à la version Euro5 de la belle ? Du panache, de la verve et bien entendu quelques défauts. Sinon ce ne serait pas drôle.
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Note
de la rédaction
14/20
Je n'ai de souvenir réel de la W800 disparue en 2016 qu'un freinage ou plutôt une tentative de freinage ayant entraîné un magnifique coulé à un feu. Pourtant abordé à allure raisonnée, tout en exploitant un moteur déjà très agréable et prompt à dépasser les limites dudit freinage, levier de frein en butée et pied droit à fond sur la pédale n'avaient pu stopper la "bête". La faute à un tambour arrière résolument fainéant et à une absence de puissance de l'étrier avant. Ambiance, donc.
À l'heure de l'ABS obligatoire et des refontes techniques et technologiques, la W800 de Kawasaki revient, optimisée pour Euro5 et surtout corrigée à bien des égards, à commencer par ledit freinage. Le disque avant de 320 mm de diamètre (donc de grand diamètre), se voit ainsi secondé par un disque arrière de 270 mm. Et ça, c'est une bonne nouvelle en soi.
Même si l'étrier de frein avant comme celui de l'arrière, n'affichent que deux pistons, on est en droit d'attendre de l'ensemble un freinage correct et apte à stopper de manière plus élégante et agréable les 221 kg tous pleins faits annoncés et béquille centrale montée. Pas légère, donc, la W800, malgré un "petit" réservoir de 15 litres et très peu d'habillages.
La qualité, ça pèse et ça (se) paye, qu'on se le dise. Les cotes du tube du cadre à doubles berceaux ont été revues à la hausse, afin d'apporter un comportement plus serein, tandis que la motorisation s'accorde avec les normes de pollution acceptables. De même, ne cherchez pas une once excessive de plastique, on travaille ici les matières et matériaux nobles, prompts à dégager ce qu'il faut d'émotions esthétiques. Au point de faire oublier les quelques inserts synthétiques. Saurez-vous les déceler ?
De la tôle, du skaï et du métal
La W800 affiche par conséquent toutes les caractéristiques d'une ancienne, à commencer par l'utilisation massive (au sens propre et au sens figuré), de métal. Se dégage de cette Classique une impression de robustesse, celle d'une moto posée sur le sol par des éléments purs et surtout, un quelque chose d'indéfinissable que seules les "non plastiques" sont à même de communiquer. Instinctivement. Naturellement.
Écologique, donc, la W800 ? En un sens oui, surtout avec sa nouvelle motorisation, conforme à Euro4 et probablement prête pour Euro5. En résulte un bicylindre affichant nativement 35 kW à 6 000 tr/min (donc 100% compatible A2), tandis que l'instrumentation analogique voit la zone rouge du compte-tours débuter 1 000 révolutions plus haut.
La coupure moteur intervient quant à elle aux alentours de 8 000 tr/min, mais le couple maximal est obtenu bien plus bas, aux alentours de 5 000 tr/min. Longue course, l'élément à refroidissement par air privilégie sur le papier le couple à bas et mi-régimes, tout en offrant une belle allonge sur le 5 ème et dernier rapport.
Toujours à propos du propulseur Kawasaki, on apprécie les découpes de ses ailettes, celles de ses carters, sans oublier son signe distinctif : l'arbre de distribution conique fièrement planté côté droit. Le double échappement "saucisson" est lui aussi une belle tranche d'histoire, prompte à ne pas laisser sur sa fin sur ce style de vintage.
Ajoutons à la panoplie "façon vieille" les poignées lisses, les soufflets de la fourche classique (non réglable), les tampons de réservoir, les jantes à rayons de 19 pouces à l'avant et 18 à l'arrière, le dessin des pneumatiques et la selle bourrelée et l'on s'y croirait presque. Seuls anachronismes : le feu avant à LED, toujours aussi beau et déjà vu sur la Z900 RS, et le petit afficheur digital inclus dans l'obus gauche du tachymètre. Il faut dire qu'il n'est utile que pour le totalisateur, un odomètre et afficher l'heure, sans autre fonction supplémentaire. Même les clignotants coniques jouent la carte de l'ancien, avec une taille importante. L'ancien n'est jamais que le quotidien passé, dira-t-on, et il n'est jamais qu'histoire de cycle. De roue. Le passé tourne et revient, en force et en beauté avec cette W.
Compacte, séduisante, la W800 nouvelle génération suscite l'envie. Celle de profiter de son assise généreuse et ample paraissant basse malgré les 79. mm annoncés. Celle de pousser le petit bouton des commodos façon bakélite. Des éléments à look rustique, d'une compacité et d'une sobriété remarquables.
Plus que "faire ancienne", la Kawasaki W800 mixe modernité et tradition, comme si les japonais étaient à présent devenus détenteurs de la mémoire d'une génération de motos aujourd'hui (presque) disparues. Plus vraie que nature la nouveauté 2020 du constructeur ne manque ni de charme, ni de présence. Quant à savoir ce qu'elle vaut réellement, nous allons pouvoir le vérifier dès à présent.
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