2. Essai - Fantic Cabalerro 500 Scrambler : l'originale
Il y a les vibrations, bien présentes, que nous appellerons pour l’occasion des pulsations. Ensuite, il y a ce qui sort de cet échappement. Un véritable instrument de musique entre les vents et les percussions. Tout un programme en tout cas, qui ramène volontiers aux heures de gloire du monocylindre. Une époque à laquelle Fantic Motors existait déjà. C’est expressif, et ça ne laisse pas indifférent. Voilà une moto qui cause plus par le pot que par le moteur en lui-même. Quoi que.
Agile et bien équilibrée, la Cabalerro 500 Scrambler apparaît comme une évidence. Facile à emmener, à placer, légère, elle rappelle les bienfaits d’une moto de bien moins de 170 kg tous pleins faits. Surtout combiné avec les pneumatiques à pavés de 17 pouces de diamètre pour 110 de large à l’avant et 140 à l’arrière. On oublie la Ducati homonyme (Scrambler) et son moteur vif, et on sourit dans le casque. “C’est con comme c’est bon”. Et inversement. À quoi "bon" avoir plus lorsque l’on peut virevolter de la sorte, se balader tranquillement en ville jusqu’en 4 ou couper par les chemins ?
Au guidon de la Cabalerro Scrambler, on oublie immédiatement toute notion de performance au profit de l’agrément. Celui de la conduite naturelle d’une moto intuitive au possible. Idéale pour débuter, pour se faire, la main, la retrouver, en quelque sorte, avec classe et originalité. Idéale pour se balader sans sacrifier le bonheur simple. Celui de rouler. La Cabalerro 500 Scrambler, c’est un peu un trail qui aurait subi une homothétie en réduisant la hauteur tout en conservant le poids et la longueur. Ça aurait eu pour incidence d’élargir les gommes et de rabaisser la selle, sans rien sacrifier d'autre.
Forcément, il s’en trouvera parmi vous (n’est ce pas Lorenzozo, notre commentateur en chef ?) pour critiquer l’image, ou dire qu’un trail c’est léger, et ainsi de suite, mais instinctivement, on se sentirait comme ce que l’on imagine être sur une XT 500. Notamment du fait de la forme du réservoir, ou tout simplement du bruit et des sensations. Pourtant doté d’une platine à bandes anti dérapantes, destinée à accueillir une trousse un petit paquet, bref quelque chose, le réservoir participe à l’émotion générale. Nous voici à renouer avec une époque que l’on n’a pas forcément connue, mais parfois fantasmée, le tout au travers de sensations simples et essentielles que l’on sait difficiles à retrouver aujourd’hui : celles de faire de la moto. Celles de la Moto. Avec un grand M.
Alors on s’amuse, on freine n’importe comment tout en se disant qu’elle est décidément bonne, cette pince avant signée Bybre (le Brembo des “pauvres”), et qu’il est bien, ce disque “over size” de 320 mm de diamètre. On pousse le moteur jusque dans ses derniers tours minute, et la prise d’angle jusqu’à ce que le rapporteur nous fasse remarquer que les pneumatiques ont leur limite, eux. On sait qu’elle ne viendra pas nous déborder par sa puissance, cette Scrambler-là. Toujours raisonnable, cette Fantic, à la limite de ne pas l’être (raisonnable), enthousiasmante, donc, sans que ne retombe le soufflé. Alors on en remet, du moteur comme de l’angle, et on aime ça.
Elle s’emmène au guidon, au bassin et parfois aussi au moral, que l’on a toujours bon. Bien plus naturelle que la Flat Track, sa soeur de gamme, plus agréable dans le très sinueux que la Rally, on apprécie sa neutralité. Une italienne un peu suisse, en somme, dont la mécanique ne tourne cela dit pas tout à fait comme une horloge helvète. Parce qu’il se passe toujours un petit quelque chose pour venir rompre le ronron, le train-train, au guidon de cette Cabalerro.
Avec une Fantic, on sait aussi qu’on ne jouera pas la surenchère technologique et qu’elle ne cherchera pas à nous désarçonner. Cette cavalerie reste modeste, mais sensationnelle. C’est tout ce qu’on lui demande, après tout. Alors on roule. On roule. Et on roule. Alors oui, il en manque un peu parfois sous le poignet, oui ça patine et ça mouline, mais l’essentiel est ailleurs.
Même avec un petit réservoir de 12 litres joliment recouvert de plastique, on envisage des étapes de 200 kilomètres avant de faire le plein. On voit et on vit la moto autrement, avec d’autres référents, d’autres références. Pas forcément sur la route, tant elle est à l’aise dans les chemins, et tant on se sent bien. C’est mignon, une Cabalerro Scrambler, sincèrement. Et ça mérite que l’on se penche sur son cas. Comme une Zontes 310 T, tiens.
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