2. Essai : Ducati Hypermotard 796, pasta Al Dente

Avec une hauteur de selle de 865mm, la 796 n'est pas facilement accessible. Néanmoins cette dernière se rattrape par un angle de braquage très correct. Et cette aisance se révèle un bel allié dans le trafic. Bien épaulée par le Desmodue de 803 cc, allez comprendre..., docile et agréablement coupleux, on peut ouvrir les gaz à partir de 2000 trs/mn sans craindre les cognements du bi-cylindre et avoir recours à l'embrayage. Comme le précise David James, un technicien anglais responsable de la production de la famille Hypermotard : "Le nouveau Desmodue 796 n'est pas qu'un 696 à longue course." La course du moteur passe de 57,2 mm sur la Monster 696 à 66 mm sur l'Hypermotard 796. Les cotes internes sont donc de 88 mm x 66 mm et le taux de compression grimpe à 11:1 (contre 10,7:1 sur la Monster 696). En reprenant une partie des dessins des carters des 848, le moteur fait preuve d'une grande finesse et devient plus léger de1,9kg par rapport à la 696. Cette légèreté se retrouve au guidon avec une réponse immédiate à la moindre sollicitation de la poignée et la Ducati devient un jouet d'attaque et de maniabilité. A ce petit jeu, la consommation fait un bond et nous étions très souvent assez proche de 7l/100km sur des routes ou nous avons rarement passé les 2 derniers rapports. Cependant avec un réservoir de 12,4 litres, autant prévoir un abonnement à la pompe, vous allez y passer très souvent.

Ô Dieu des motards, faites que ça tourne !

Car le lieu de prédilection de cette machine, bien entendu, ce sont les virolos, les routes qui montent qui descendent et qui tournent. Sur ce terrain, la 796 se dévoile. Et son visage est nettement moins radical qu'elle nous le laissa entrevoir. Stable en courbe, efficace et pas piégeuse, les Pirelli Supercorsa mordent le bitume pour laisser de jolies petites virgules en entrée comme en sortie de courbe. Avec 81ch et un caractère affirmé à partir de 6000 trs/mn, la plage d'utilisation est large et peu importe le rapport avec lequel vous rentrerez, vous pourrez toujours compter sur des relances énergiques. Je me suis laissé dire qu'avec un pignon de 14 en lieu place du 15 d'origine, la HM devenait nettement plus « hargneuse », j'ai hâte d'essayer car le potentiel est incroyable.

Dans les enchaînements de la Vallée de Chevreuse, lieu de notre essai, et sur mauvais revêtement, l'Hypermotard ne se désunit pas. Malgré tout, les suspensions arrivent à manquer de rigueur si la route devient réellement bosselée. Plutôt typée « confort » pour la catégorie, elle privilégie la souplesse et permettra au pilote « normal » de rouler vite sans pour autant être au-dessus de ses pompes. Mais elle reste une italienne à dompter. Il faut que la confiance s'installe pour que le rythme puisse paraître naturel. Vive et agile grace à son grand guidon et à sa position légèrement basculée sur l'avant, la Ducati virevolte de virages en virages une fois le mode d'emploi assimilé. Ce qui arrive assez vite, il faut l'avouer. La garde au sol est on ne peut plus correcte et il faudra déjà un rythme soutenu et une vitesse que notre chère bleusaille désapprouve pour commencer à limer les cale-pieds. Mais le jeu en vaut la chandelle avec cette machine. L'envoûtante sonorité du twin qui monte dans les tours vous pousse à en rajouter. Tout comme la châssis très sain qui, bien que dodelinant parfois, en sortie de courbe sur des bosses mal signalées -vous m'appellerez la DDE par ailleurs..- vous permettra de remettre gaz sans vous faire peur.

En duo...ou pas ?

De plus, il se trouve que nous décidâmes, avec la charmante demoiselle en illustration sur les photos, oui oui je sais, ne bavez pas, de partir faire un bout de brousse en direction du Vigeant. Là, vous vous dites que j'envisageais clairement une rupture en bonne et due forme. S'enquiller 1000 bornes aller-retour sur un Hypermotard avec une passagère, faut être cinglé ! Et bien oui...et non ! Car la Ducati démontre de réelles aptitudes pour ce genre d'exercice. La selle ni trop dure, ni trop molle permet de ménager les susceptibilités et le positionnement des repose-pieds passagers permet d'avoir les genoux correctement placés et le dos droit. Merci encore au bagage arrière estampillée Ducati Performance ! Et comble du bonheur, elle obligera même votre passagère à vous tenir par la taille, les poignées de maintien étant inaccessibles à cause (ou grâce à cet accessoire – sourire !).

Malgré un manque apparent de protection, nous étions agréablement surpris de ne pas subir en masse les turbulences propre à ce genre de machine. Encore une bonne pioche ! Le gros défaut, c'est qu'il faudra rouler à bon rythme sur autoroute et nationales ou passer par de nombreux chemins de traverse pour rendre le voyage agréable. Et la, je crois que j'ai du allumer quelques boites à images sur le retour.