Essai - Aprilia RS 660 : enjeu majeur en poids mineur
Très attendue depuis sa présentation au salon de Milan l'année dernière, la RS 660 d'Aprilia fait ses premiers tours de roues sur route, en Italie et non loin de l'usine l'ayant vue naître. Coup de bluff, coup de poker ou bon coup ? Nous étions sur le coup.
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Note
de la rédaction
14,8/20
Il est coutume de dire que l'on voit l'importance d'un modèle au nombre de représentants de la marque présents lors d'un lancement. En l'occurrence, Aprilia jouait à domicile, mais plus d'une vingtaine de personnes avaient fait le déplacement, hors encadrement de l'événement. Sans parler de la présentation exhaustive du modèle, pendant laquelle nous avons eu droit à une succession d'intervenants venus défendre pièce par pièce leur bébé et l'ADN de la marque.
Et les objectifs sont aussi clairs que les enjeux : ce modèle est charnière. Aprilia semblait presque mettre son avenir en jeu, du moins entre les mains des testeurs présents. Tant par le fait qu'il s'agit d'une nouvelle base technique et mécanique, que par le fait qu'Aprilia joue très gros en investissant (dans) le segment de la moyenne cylindrée. Surtout en commençant par une niche, certes légitime : celle des GT sportives ou sportivo-GT représentant pourtant la part congrue d'un marché en désamour théorique pour ce genre. Des motos typées, injustement devenues synonymes de vitesse en un temps où elle est un tabou ou pire, un interdit.
Aprilia s'en défend : non, cette RS 660 n'est pas une moto de piste, mais bien une routière, au même titre que celle que les ingénieurs désignent comme "concurrente" directe : la Ninja… 650. Vous ne rêvez pas. Avec son tarif de 11 050 €, digne des ZX-R 636, le staff italien invoque davantage une position de conduite et un type de motorisation que tout autre argument pour trouver une adversaire. Évidemment, rien qu'en statique ou sur le papier, tout comparatif ne saurait aller qu'en faveur du modèle de la firme de Noale. Mais passons ce préambule un peu long et attaquons le vif du sujet.
Sur cette RS 660, tout est neuf, et tout a été conçu pour optimiser l'efficacité, le poids et surtout le comportement routier, revendiqué incisif et incroyable eu égard au poids annoncé : 183 kg tous pleins faits. Surtout, les caractéristiques du modèle donnent le tournis aux aficionados d'électronique, tandis qu'elle laisse songeurs les puristes, fatigués par autant de possibilités et d'interventions externes.
Le nouveau moteur, partie intégrante de la partie cycle en se montrant porteur, embarque donc une électronique de pointe et toute dernière génération, plus rapide, plus compétente et surtout capable de gérer beaucoup plus d'informations simultanément. Elle se révélerait digne de celle d'une RSV4, voire meilleure. Un comble, non ?
C'est bien simple, niveau moteur, tout ce qui peut être contrôlé, régulé, réglé à ce jour sur un moteur, l'est sur cette 660 (frein, frein moteur, accélération, comportement moteur, traction, cabrage, freinage y compris sur l'angle et même limitation de vitesse dans les voies de stand - pas sportive, disiez-vous ? -). On retrouve aussi un régulateur de vitesse sur l'imposant commodo gauche… lequel servira également à régler le niveau du contrôle de traction dans les deux modes sportifs accessibles via le menu (on y revient). Ils ont pensé à tout.
De plus, les feux de jour basculent immédiatement en position croisement si l'on passe sous un tunnel ou s'il fait nuit, et les freinages d'urgence activent automatiquement le clignotement rapide des feux de détresse. On retrouve également d'origine un shifter up&down apanage des motos haut de gamme et au comportement… sportif. Cela dit il se révèle particulièrement agréable en ville et bien géré. Autre chose ? Pas pour l'instant.
C'est officiel, ils ont mis le paquet chez Aprilia ! Sachant que chaque paramètre peut être très facilement ajusté sur 3 positions en moyenne, qu'il y en a 7, que l'on a 5 modes moteur, dont 2 réservés à la piste (pour laquelle elle n'est toujours pas faite, hein, n'oublions pas le discours officiel), on vous laisse imaginer le nombre de combinaisons rendues possibles pour le mode de comportement personnalisé (Individual), complétant les deux modes principaux dénommés Dynamic et Commute et les deux modes "cachés" dans les menus avancés : Challenge et Time Attack (tableau de bord spécifique et chrono en visuel principal). Idéal pour aller chercher le pain en toute décontraction, non ? "Chérie, j'ai amélioré le chrono de 0,3 centième ce matin. Au fait, les croissants sont chauds…". Vous avez raison, ce n'est pas une sportive… Mais ça y ressemble furieusement, non ?
L'instrumentation est connectable à une application smartphone pour augmenter grandement les possibilités offertes. Il sera ainsi envisageable de voir la consommation moyenne, la distance et le trajet aussi bien sur le téléphone, que l'écran TFT pourra afficher le GPS. De même, le smartphone accédera à toutes les données concernant la RS 660, ainsi qu'aux statistiques divers proposées par le logiciel. Enfin, un côté social est également inclus. Aprilia a toujours été en avance (dans le domaine, mais dans d'autres également) et cette nouvelle possibilité le prouve.
Finalement, l'enfant pauvre de cette première version de la RS 660, quelque peu surdimensionnée par moments, serait-il l'amortissement ? On peut se le demander tant les éléments se font discrets, aussi bien en matière de volume externe que de présentation statique (aspect) ou commerciale (on ne s'est pas épanché sur le sujet en présentation). Ainsi le mono amortisseur en prise directe n'est-il réglable qu'en pré charge, tandis que la "modeste" fourche inversée de 41 mm de diamètre propose toute la panoplie actuelle de bidouillages, mais se contente d'être sobre. L'accastillage Brembo dédié au freinage (et à l'embrayage), l'est également, se montrant en apparence sans excentricité au niveau de la gamme choisie ou du positionnement tarifaire. Bah alors, on fait des économies ? Pas si sûr, nous allons voir que c'est du brutal !
Dans la série "toujours pas faite pour la piste", mais bien sportive quand même, on retrouve les pneumatiques Pirelli Diablo Corsa II, qui, comme leur nom l'indique, sont totalement adaptées pour un usage quotidien. "C'est cela, ouiiiiiii". Elles chaussent des jantes légères et parachèvent la présentation - non exhaustive - de cette nouveauté 2020. Plutôt qu'un discours long comme la présentation presse du modèle, je vous invite à nous retrouver page suivante pour tout apprendre sur cette Aprilia RS 660, mais de manière dynamique cette fois.
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