Entre Tesla et les syndicats scandinaves, c’est le grand froid
Un conflit oppose les salariés de Tesla en Suède à leur direction depuis le 27 octobre dernier et il produit un étonnant effet boule de neige. Non seulement les syndicats d’autres secteurs du pays s’en mêlent, mais 3f Transport, la plus importante organisation danoise, entre elle aussi dans la danse. Récit d’un conflit qui risque de durer.
Elon Musk ose à peu près tout. Le milliardaire et patron de Tesla est même capable de refuser à ses salariés une convention collective qui, dans les pays scandinaves comme en France, constitue la base du modèle social. Du coup, depuis le 27 octobre dernier, les 130 techniciens des 10 shows rooms locaux de la marque, se sont mis en grève pour tenter d’infléchir le boss.
Mais rien n’y a fait et, en refusant ce geste, Musk a mis le doigt dans un engrenage plutôt infernal qui pourrait, au final, lui coûter plus cher que la signature d’une convention et la hausse de salaires qu’elle l’obligerait à verser.
La poste suédoise prive Tesla de courrier
Car l’affaire s’est propagée bien au-delà des Tesla Stores du pays. Quelques semaines après le début de la grève, la Poste suédoise s’en est mêlée, refusant d’acheminer le courrier de la marque vers ses officines. Après tout, des moyens numériques permettent de se passer de lettres. Sauf que certaines pièces détachées sont expédiées par ce biais. Et surtout, les certificats d’immatriculation suédois sont eux aussi envoyés par courrier. De quoi retarder les livraisons aux clients, et la réparation des autos déjà en circulation.
Pourtant, Tesla affirme avoir réalisé un mois de novembre exceptionnel en Suède, avec 858 autos livrées, soit une hausse de 55 % par rapport à la même période l’an passé. Soit, mais qu’en sera-t-il du mois de décembre, alors que le conflit entre dans le dur ? Car après la poste, contre laquelle Musk a porté plainte, gagnant en première instance et perdant en appel, c’est au tour des dockers d’entrer dans la danse.
Depuis plus d’une semaine, ils refusent de décharger les Tesla qui s’entassent sur un cargo. En tout, ce sont 11 syndicats suédois qui soutiennent la démarche de leurs collègues et se solidarisent pour faire pression sur le constructeur américain.
Dockers suédois et transporteurs danois s'en mêlent aussi
Difficile dans ces conditions de doper les ventes, d’autant plus que les organisations syndicales suédoises appellent leurs compatriotes à boycotter Tesla. La marque peut tenter de se convaincre qu’elle pourra toujours compter sur les autres pays scandinaves ou elle est également très présente, et avec succès. Sauf que le conflit gagne le Danemark. Le plus gros syndicat du pays, 3f Transport rejoint lui aussi la fronde et plus aucune Tesla n’est transportée par les routiers adhérents en provenance de Suède, ou en partance vers ce pays.
Évidemment, Musk n’entend pas céder au mouvement qui semble s’étendre, car il craint plus que tout de créer un précédent, lui qui a su s’affranchir de nombre de contraintes sociales dans nombre de pays ou sa marque est présente. Et une victoire à Stockholm pourrait donner des idées à Austin au Texas ou à Fremont en Californie.
Car aux États-Unis, les ouvriers de Tesla ne sont pas adhérents de l’UAW et, par conséquent, ne bénéficient pas des mêmes avantages salariaux, et des mêmes conditions de départ à la retraite que leurs collègues de General Motors, Ford et Stellantis qui viennent, en plus, d'obtenir une hausse de leur rémunération de 25 %. Si le milliardaire cède en Suède, c’est tout son système de moins-disant social qui tombe à l’eau. Autant dire que le bras de fer n’est pas près de s’achever.
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