Des bombinettes frugales : Fiat Punto II JTD100 ou Peugeot 206 HDI110 ?
Moins de 4 m, à peine plus d’une tonne, mais moteurs très musclés, ces deux citadines étonnent par leur punch et ne consomment presque rien. De petites machines à plaisir qui ne coûtent presque rien ! Mais laquelle choisir ?

C’était une époque un peu folle, où l’on se passionnait pour un type bien précis de motorisation, économique à l’usage et peu émettrice de CO2 : le diesel. Au début des années 2000, grâce à la révolution common-rail, il a énormément progressé en performances, en agrément et en économie. Les constructeurs l’ont décliné à toutes les sauces, pensant même qu’une petite sportive au mazout avait du sens.
Ainsi, chez Fiat France, en 2003, on n’hésite pas à baptiser Abarth la Punto restylée équipée du moteur JTD 1,9 l de 100 ch. Chez Peugeot, un an plus tard, la 206 bénéficie d’un 1,6 l HDi 16 soupapes délivrant 110 ch. Et devinez quoi : elle a droit au badge S16. Dynamiques, bien présentées et richement équipées, ces deux citadines performantes s’affichent à des prix similaires : dès 2 500 €.
Les forces en présence

Fiat Punto II JTD100 (2003- 2005) berline 3 portes, 5 places, 4-cylindres 1,9 l turbo-diesel, 100 ch, 1 075 kg, 185 km/h, à partir de 2 500 €.

Peugeot 206 HDi110 (2004- 2007) berline 3-5 portes, 5 places, 4-cylindres 1,6 l turbo-diesel, 110 ch, 1 065 kg, 186 km/h, à partir de 2 500 €.
Présentation : deux diesels puissants dans de petites carrosseries

Lancée en 1999, la Fiat Punto II, est une évolution profonde de la Punto I. Très nettement améliorée sur le plan de la sécurité passive mais moins charismatique par son look plus anguleux, elle remporte pourtant un grand succès. Son rapport encombrement/habitabilité (elle ne mesure que 3,87 m), son équipement, ses moteurs modernes et ses prix placés la servent bien, mais Les Renault Clio II et Peugeot 206 ne lui font pas de cadeaux.

Cette dernière lui damera le pion en étant quelques mois plus tôt la première citadine à bénéficier d’un moteur diesel à rampe commune en avril 1999 : un comble sachant que ce principe a été inventé par Fiat ! Mais lors de son restylage de 2003, la Punto II réplique avec un moteur plus puissant que celui de la 206 HDi : un 1,9 l JTD poussé à 100 ch et surtout un couple monstrueux de 260 Nm grâce à une nouvelle injection à jets multiples, dite Multijet. Le poids s’en tenant à 1 075 kg, les performances sont très intéressantes : 185 km/h au maxi, 0 à 100 km/h en 9,5 s et une conso moyenne de 5,3 l /100 km officiellement. Sans oublier les reprises canon !

Une seule version est proposée en France, pompeusement baptisée Abarth par l’importateur alors qu’il ne s’agit que d’une HGT. Outre une présentation sportive, elle bénéficie d’un équipement riche : ESP, clim auto bizone, radio CD, vitres et rétros électriques, projecteurs antibrouillard, jantes de 15 en alliage, sièges sport, volant cuir, 4 airbags…
Le tarif demeure compétitif, à 16 150 €, soit 22 900 € actuels. Une seule finition en une seule carrosserie à trois portes est proposée chez nous. Mais la clientèle Fiat plébiscitant les modèles à prix plancher, cette version haut de gamme se vendra peu. Elle est retirée en 2005, à l’arrivée de la Grande Punto.

Peugeot a eu le plus grand mal à renouveler la 205. Initialement, le sochalien a pensé en remplacer les versions basses avec la 106 et les hautes avec la 306, à l’en croire. Mais du côté des ventes, il ne s’y retrouve pas. Alors, il met en chantier celle qui deviendra en 1998 la 206. Remarquablement dessinée, celle-ci remporte un succès intense et immédiat. Dès 1999, elle bénéficie comme on l’a vu plus haut d’un diesel common-rail, un 2,0 l HDi de 90 ch, puis, après son léger restylage de 2002, adopte un nouveau bloc.

Un ultramoderne HDi, mais plus petit (1,6 l) et coiffé d’une culasse à 16 soupapes, le DV6 conçu avec Ford. Dérivant du 1,4 l apparu en 2001, il se dote d’un filtre à particules : une première sur une citadine. Surtout, il développe quelque 110 ch pour 240 Nm de couple, portés à 260 Nm temporairement quand se déclenche l’overboost, pour améliorer les reprises.
Le poids de 1 065 kg étant légèrement inférieur à celui de sa rivale, en découlent des performances attractive : 186 km/h au maxi, un 0 à 100 km/h en 10,8 s et des reprises fumantes, officiellement. Le tout pour 4,8 l/100 km en conso mixte normalisée. Sacré combo !

Contrairement à la Punto JTD 100, la 206 est commercialisée dans une pléthore de finitions : XS (clim, radio CD), Quicksilver (XS + clim auto et jantes en alliage), Griffe (cuir, peinture métal, carrosserie 5 portes), et S16 (sellerie mi-cuir, look sportif), voire la Sport, série limitée de lancement, une S16 sans chargeur CD ni sellerie mixte. Notons aussi les séries spéciales Navteq et Roland Garros, tandis qu'en 2005, le Hdi 110 ch s'associera à la carrosserie CC !
En 2004, les prix varient de 15 800 € (XS) à 20 050 € (Griffe break SW), soit de 21 950 € à 27 850 € selon l’Insee. Bien placés ! Aussi le moteur HDi 110 sera-t-il assez largement diffusé, d’autant qu’il restera au catalogue jusqu’en 2007, soit après le lancement de la 207, remplaçant la 206.
Fiabilité : cœurs vaillants, accessoires flanchant

Le moteur 1,9 l JTD de la Punto est d’une très grande robustesse. Bien entretenu (changement de courroie de distribution vers 100 000 km), il passe les 500 000 km sans panne majeure. On fera surtout attention à la vanne EGR qui peut s’encrasser et au capteur de PMH. Sur les versions restylées, les soucis d’assistance de direction, fréquents avec les premières Punto II, sont bien plus rares et surviennent surtout passé 200 000 km.
Les ennuis sont plutôt périphériques : débitmètre, pannes de clim, frein à main un peu lâche… Rien de bien grave. Attention, ces autos ayant plus de 20 ans, la corrosion peut se manifester sur les exemplaires utilisés dans des zones largement salées l’hiver, et les projecteurs en polycarbonate s’opacifient rapidement.

Si le 2,0 l HDI 90 ch est increvable, le 1,6 l 110 ch est intrinsèquement solide mais globalement pas aussi endurant. Ses injecteurs et son turbo sont plus sensibles, tout comme la vanne EGR et le FAP, qui se change à 120 000 km ou 180 000 km suivant les millésimes. En sus, outre la courroie de distribution à changer régulièrement, il faut surveiller la chaîne synchronisant les arbres à cames.
Par ailleurs, les roulements des bras tirés à l’arrière prennent du jeu avec l’âge, ce qui peut nécessiter un changement complet de l’essieu. Comme sur le Fiat, les ennuis sur les accessoires ne sont pas rares, tout comme les allumages de témoin intempestifs, et la corrosion peut faire son apparition pour les mêmes raisons.
Avantage : Fiat. Plus solide par son moteur et n’étant pas sensible du train arrière, la Punto rafle ici une victoire logique.
Vie à bord : Fiat pratique, Peugeot charmeuse

Dans la Punto, on ne peut pas dire que le dessin un rien torturé du tableau de bord soit séduisant, d’autant que ce dernier se taille dans des plastiques assez laids. Cela dit, ils ne bougent pas avec les années. Les assemblages étant de surcroit peu précis, la finition s’avère donc médiocre.
En revanche, malgré la faible longueur, l’habitabilité étonne, surtout à l’arrière, et l’on dispose de très nombreux rangements : coiffe de tableau de bord, bord extérieur des sièges, boîte à gants… Les sièges sport se révèlent fort agréables, par leur dessin comme leur revêtement, que l’on retrouve sur les panneaux de portes rembourrés, étrangement flatteurs. Le coffre, variant de 264 l à 1 000 l banquette rabattue, est suffisant.

Dans la 206, le dessin du tableau de bord, fluide, séduit nettement plus que celui de la Fiat, et le plastique employé, certes peu engageant, présente un aspect plus agréable. De plus, l’assemblage se révèle davantage soigné, sans toutefois devenir une référence. Cela dit, le vieillissement n’est pas meilleur que dans l’italienne, non que l’habitabilité, moins bonne à l’arrière. Et les rangements semblent un peu moins nombreux.
Ici aussi, la sellerie apparaît plaisante et relativement confortable, alors que variant de 245 l à 1 130 l banquette rabattue, le coffre vaut celui de l’italienne. Et si on a besoin de davantage d’espace, on peut opter pour la version SW. Quant à l’équipement, il n’est supérieur à celui de l’italienne, déjà complet, que sur la rare variante Griffe.
Avantage : égalité. Si la Punto se distingue par ses aspects pratiques et son habitabilité arrière, la 206 réplique par une présentation davantage soignée et un chargement maxi supérieur.
Sur la route : costaude Punto, douce 206

A bord de la Punto, le siège est confortable et la position de conduite très convenable, même si le volant reste un peu loin (il ne s’ajuste pas en profondeur). Au démarrage, ça vibre : c’est un bon gros diesel qui s’assume. Le niveau sonore en accélération se révèle important, mais alors ce moteur, quel punch ! Souple, il reprend fort vers les 2 000 tr/min, sans jamais donner l’air de forcer, même s’il se révèle étonnamment nerveux pour un mazouté.
La boîte, moyennement agréable à manier, le seconde correctement, d’autant que le 5e rapport, très long (49 km/h pour 1 000 tr/min) ne grève pas les reprises, étonnantes, mais abaisse le bruit du moteur à vitesse stabilisée. Cela dit, cette Punto ne sera jamais silencieuse…
Malgré son assistance électrique, la direction propose un feeling et une consistance bien jugés, tout en agissant sur un train avant relativement précis. Mordant ? Non. La Fiat offre une tenue de route fort saine et prévisible, limite ses mouvements de caisse, donc se révèle plutôt efficace, mais reste foncièrement sous-vireuse. Par ailleurs, son amortissement perfectible ne profite ni au confort ni au dynamisme. Heureusement, elle freine énergiquement.

Dans la Peugeot, on est tout aussi bien installé que dans la Fiat (malgré ici aussi au volant qui ne se règle qu’en hauteur), même si on trouvera le tableau de bord envahissant. Au démarrage, le moteur se révèle bien mieux filtré que celui de la Punto et se révèle davantage insonorisé en accélération.
S’il manque un poil de souplesse à très bas régime, il rivalise avec le bloc italien en reprises, grâce notamment à une boîte plus courte. De surcroît, le levier de celle-ci se révèle plus agréable à manier. Revers de la médaille, le niveau sonore sur autoroute est aussi élevé que celui de l’italienne globalement.
Mais la française profite d’un châssis plus abouti. Outre une direction un peu plus informative, on note un train avant plus accrocheur, de sorte qu’on peut s’amuser à jouer avec la poupe de la 206 au transfert de masse. Le fun est supérieur ! Le confort ? Pas forcément, car l’amortissement se révèle sec, mais sans compromettre l’efficacité dynamique. Enfin, la Peugeot freine un poil plus court que la Fiat.
Avantage : Peugeot. C’est par son châssis et son niveau sonore un peu plus contenu que la 206 prend ici l’avantage sur une Punto au moins aussi rapide.
Budget : économiques à l’achat et à l’usage

Très rare sur notre marché, la Punto se dégotte dès 2 500 € en très bon état et avec un contrôle technique valide. Evidemment, le kilométrage avoisinera les 200 000 km. Les plus beaux exemplaires à moins de 150 000 km ne dépasseront pas 4 000 €. Côté consommation, tablez sur 5,8 l /100 km en moyenne.

En très bon état et à environ 200 000 km, la 206 HDi 110 se déniche de 2 500 € à 3 800 € selon finition (Quicksilver à S16). Les plus beaux exemplaires pourront flirter avec les 5 000 € en tombant sous les 150 000 km. La consommation ? Comptez 5,5 l/100 km.
Avantage : égalité. Prix maxi inférieur sur la Fiat, consommation encore plus basse sur la Peugeot, pas de vainqueur ici.
Verdict : un choix difficile

Si on est raisonnable, on optera pour la Punto, légèrement moins chère et surtout plus fiable à long terme. Elle profite aussi d’une belle praticité générale et d’une habitabilité un chouia meilleure que celle de la 206.
Mais voilà, celle-ci est plus douce à l’usage, plus amusante à conduire, consomme un peu moins et laisse davantage de choix en matière de carrosseries, voire d’équipements : on peut l’obtenir avec du cuir par exemple. Enfin, on la trouve bien plus facilement. A vous de voir.

Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | Fiat |
Vie à bord | Egalité |
Sur la route | Peugeot |
Budget | Egalité |
Verdict | Egalité |
Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : Fiat Punto JTD et Peugeot 206 HDi 110.
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