3. Dans une Director’s chair

Chez Caradisiac, nous rencontrons fréquemment des patrons de marque, des designers ou encore des pilotes. Mais, jusqu’à aujourd’hui, nous n’avions jamais soumis un réalisateur à nos questions.

Pour cette première, nous avons visé haut. Dans la Director’s chair, cette chaise pliante typique du monde du cinéma sur laquelle est inscrit le nom du réalisateur, qui se trouve face à nous, une pointure hollywoodienne : Neil Blomkamp.

À son tableau de chasse, District 9, Elysium ou encore Chappie. Habitué à faire jouer des pointures du cinéma américain, tels que Hugh Jackman ou Matt Damon, ce Sud-Africain a, pour la première fois, délaissé la science-fiction pour donner vie aux protagonistes de Gran Turismo. Cinq minutes passées en sa compagnie sont donc fort enrichissantes.

Caradisiac : on vous connaît comme réalisateur de films de science-fiction. Qu’est-ce qui vous a convaincu de changer totalement de style avec Gran Turismo ?

Neil Blomkamp : je pense qu’il y a deux choses. Je pense qu’il y a le fait que Gran Turismo était un film très optimiste, un film très inspirant. Les rebondissements de l’histoire de Jann m’ont vraiment beaucoup inspiré. Il y a aussi le fait que mes films de science-fiction étaient assez sombres et assez pessimistes. Aussi, je voulais faire quelque chose de plus optimiste pour changer. Et puis, j’adore les voitures. Et, jusqu’à présent, je n’avais jamais pensé à faire un film sur elles. Alors tous les ingrédients semblaient réunis pour faire quelque chose de cool.

Qu’est-ce que vous avez changé dans votre façon de filmer pour Gran Turismo ?

J’ai utilisé une façon totalement différente de filmer. Je veux dire qu’il s’agit d’un film plus traditionnel. Je voulais donc que ce soit quelque chose de beaucoup plus ouvert visuellement, plus grand public, avec une approche plus traditionnelle. Mais j’ai, avec joie, beaucoup eu recours aux drones, ce qui est beaucoup moins traditionnel.

Dans tous vos films, vous faites passer un message. Quel est celui de Gran Turismo ?

Gran Turismo était l’opportunité de mettre du piquant dans ma façon de réaliser. Il me rappelle des films que j’ai vus lorsque j’avais 12 ou 13 ans, l’âge où j’ai commencé à me sentir inspiré par le feeling particulier du cinéma. Et je voulais réaliser quelque chose qui avait pour message cette sorte d’idée positive que, si tu t’en tiens à un rêve, à un but, tu dois et tu vas y arriver. Avec ce film, j’ai voulu ôter ce doute.

Est-ce que vous vous êtes inspiré d’autres films automobiles ?

Pas vraiment. Je veux dire que le mien… Ma principale inspiration est venue du monde réel, des sports extrêmes, des courses de drones, des X-Games ou des évènements Red Bull, des vols en Wingsuit, du Rallye Cross, du moto-cross… Ce genre de choses. J’ai aussi regardé Le Mans de Steve Mac Queen et cela a été l’un des films auxquels je me suis référé lorsque j’ai tourné Gran Turismo.

Avec les progrès des effets spéciaux, il n’est plus nécessaire de casser des voitures dans ce genre de films. Est-ce que c’est frustrant ?

(Rires) Ah, c’est une bonne question. Je veux dire que j’aurais probablement aimé casser des voitures. Oui, maintenant que j’y pense, j’aurais aimé ça. Cela aurait été amusant de casser quelques voitures. Mais, en fait, tout était très contrôlé. C’est le problème de la course. La course est vraiment très, très contrôlée. Il faut trouver le moyen de rendre ça visuellement intéressant parce que ce sont juste des voitures qui font des tours de circuit. Il faut être très précis dans la façon de filmer et de réaliser les scènes, et ne pas laisser les voitures "exploser" dans tous les sens.