Dakar 2012 : Interview David Castera, "De très grands cordons de dunes"
David Castéra a roulé son premier Dakar à moto en 94 avant d'être intégré à l'équipe Yamaha l'année suivante, il a la charge du parcours de la première course de l'année.
Avec un emploi du temps digne d'un premier ministre à cette période, nous avons pu joindre le directeur technique ce lundi à quelques jours de son départ pour l'Argentine.
Cette année, plus que des 450cc en moto et 750cc maximum chez les quads.
Le parcours 2012 vous avait été révélé début mai, les dernières étapes se feront au Pérou.
Depuis notre visite en éclaireur sur le port du Havre, vous avez eu un aperçu des motos qui seront en Argentine le 1er janvier.
Bonjour David, Iquique, Arica puis Lima en 2012, toujours plus haut !
Oui, on peut dire « toujours plus haut », on peut dire ça. On essaie en tout cas, l'idée est de proposer d'autres pays, d'autres paysages, d'autres cultures, continuer la découverte. Se renouveler, nous découvrons l'Amérique du Sud peu à peu en montant vers le Nord.
Que vont trouver les concurrents au Nord d'Arica ?
Ils vont trouver des dunes beaucoup de dunes. Les trois-quatre dernières étapes seront compliquées avec ce sable qui sera difficile à franchir, cela devrait nous entretenir le suspens jusqu'à l'arrivée à Lima. C'était un peu notre volonté, mais le Pérou nous a beaucoup aidé en cela de par sa nature et un terrain propice au rallye-raid.
Il y aura de la navigation avec peu de points GPS, on va jouer avec les vallées, on a mis beaucoup de cap. Nous avons trouvé de très grands cordons de dunes très longs, ce sera compliqué pour les concurrents.
Coté météo, c'est ,du beau, chaud bien sûr, entre 30 et 40° voir un peu plus, mais la proximité de l'océan amène malgré tout une influence océanique qui donne une légère sensation de fraicheur.
Tu m'avais dit vouloir continuer à séparer quand c'est possible les parcours voitures et motos.
Nous n'en avons pas fait plus, mais mieux que ça encore, on a réussi à faire une spéciale totalement en dehors des autos. Plutôt que de séparer certaines parties, la spéciale 5 pour les motards sera sur près de 300 kilomètres totalement à part de celle des voitures. D'autre part nous avons gardé en début de rallye surtout, des dédoublements de pistes pour limiter les dépassements. Il y a aussi des endroits où l'on peut aller en moto, pas en auto.
Le début, San Juan, Santa Rosa devient-il un parcours déjà vu ?
Pas vraiment, nous avons réussi à faire de petites variantes, surtout sur la région de San Juan, c'est très beau, nous avons trouvé quelques nouvelles vallées. Globalement ce sont des territoires que l'on commence à connaître, c'est vrai que les participants arrivent dans des parties un peu connues quand ils entendent, St Raphael, San Juan etc. Mais on a réussi à trouver quelques petites nouveautés, des rios asséchés.
Comment va être le rythme cette année ?
Cette nouvelle édition n'est pas faite avec une difficulté qui va crescendo, je dirais plutôt le mot
« fractionnée ». Cela pourra être destabilisant pour les concurrents, une journée, l'étape pourra sembler facile, le lendemain de nouveau une journée très dure, une alternance de difficultés qui est assez étonnante. L'étape après la journée de repos sera facile, et le lendemain on a remis un « coup de collier », il faudra toujours être prêt et rester sur ses gardes.
Les différences de températures entre les « recos » et la course peuvent-elles être un problème sur la densité du sable ?
C'est assez compliqué par rapport à l'Afrique, là je passe à des périodes froides qui sont l'hiver là-bas, il faut arriver à comprendre ce qui va se passer lorsqu'il fera chaud, on s'est fait un peu piéger voici deux ans. Avec l'expérience en Argentine, on comprend bien, je dois dire qu'au Pérou si cela devenait très mou, ça pourrait devenir bien compliqué pour les concurrents !
D'une manière générale plus c'est chaud plus le sable est mou, plus c'est brassé par les passages plus ça enfonce mais cela dépend aussi s'il a fait très chaud les semaines précédentes. Le sable n'est pas une science exacte. Les dunes du Pérou en février dernier, c'était déjà très chaud et ça passait bien, on verra, on a pris le risque, il faut bien avancer.
Comment gères-tu le public un peu inconscient au bord de la piste ?
Nous avons découvert cette problématique en Argentine, qui est moindre au Chili, comme le parcours est secret, on communique deux jours avant sur des points connus. On peut avoir sur une journée 5-6 points avec des milliers de spectateurs, 6 000 au même endroit, et là on met en place des moyens pour assurer la sécurité. On a un dossier sécurité bien épais, mais on n'est pas à l'abri de spectateurs ingérables, nous avons un peu une épée au dessus de la tête.
Suite aux suspicions de tricherie qui empoisonnent la course, tu en es où ?
Moi, il me faut des preuves, il y a de la spéculation, on ne m'amène pas de photo, on a eu des doutes, je demande à ce que l'on m'amène des preuves. Nous avons des brigades en place, nous aurons sur place des camping-cars accrédités. Nous avons par ailleurs travaillé le coté technique en embauchant une personne qui va faire des marquages beaucoup plus précis sur les moteurs, les roues etc…
Les budgets moto s'envolent vers le haut(ne parlons pas de ceux de l'auto )
Et oui, une moto, ce n'est pas moins de 20 000 €, l'engagement 14 000, et puis tout le reste, la plupart des pilotes arrivés à ces sommes préfèrent remettre au bout pour s'offrir une assistance (environ 15000€) pour mettre plus de chances de leur coté, c'est un nouveau budget, certains sont encore au dessous de 40 000. C'est vrai qu'il y a un business qui s'est installé autour de cela.
La Bolivie est toujours d'actualité ?
Oui bien sûr et pas seulement, nous y avons envoyé des équipes de reconnaissances, on avance, doucement, après il faut que cela s'intègre dans le parcours, on est toujours dessus, mais aussi l'Uruguay, le Paraguay ou le Brésil où nous sommes allés, il faudra faire des choix.
Merci de nous avoir accordé un peu de ton temps, je sais qu'il est précieux en ce moment.
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