Dakar 2010 : Interview ; David Frétigné partait pour la victoire, il revient sur sa course et parle déjà de 2011
David Frétigné a terminé 5ème du Dakar, David avait tout rassemblé autour de lui pour tenter la victoire.
Une condition physique exceptionnelle, une moto qui va bien, mais une troisième étape qui le chasse du podium.
Ses adversaires ont été solides, pour preuves, les écarts de temps au général très faibles depuis la journée de repos, mais aucun n'a craqué.
J'ai pu joindre David au téléphone, avec sa simplicité habituelle, nous avons discuté de sa course. Je lui ai dit que sur France Télévision, nous l'avions vu, couché derrière la bulle à 160, faire un signe de la main au caméraman de l'hélico, je lui ai dit ce que je pensais de ces images…David va sourire en lisant cela. A ce moment là, il contrôle à 200% !
David, tu partais avec des ambitions de victoire sur ce Dakar 2010, la deuxième étape était faite pour toi, jusque là tout va bien.
Oui, le but, c'était la victoire, cette seconde étape, c'est du type WRC, avec beaucoup de technique, beaucoup de virages, beaucoup de trajectoires, beaucoup de glisse. Il ne fallait pas se faire prendre au piège de virages qui se refermaient.
On est parti sous la pluie avec du gros brouillard, c'était dangereux, je n'ai pas pris de risque à ce moment là, j'ai roulé avec la visibilité que ce brouillard me donnait. Après cela s'est découvert, j'ai pu mettre en application mon pilotage et finalement gagner cette spéciale. Pour moi, j'étais deuxième du général, ma course se construisait comme je le souhaitais.
Le troisième jour, on te voit arrêté, carénage démonté en plein soleil, tu y laisses une heure et demie.
J'ai eu des problèmes électriques, dus, à ce que m'a dit Franck, à des court-circuits à cause de l'iritrack. Ca m'a fait sauter les fusibles de la moto, çà m'a grillé l'allumage, heureusement j'avais sur moi un CDI, je pars toujours avec un CDI d'avance, çà grille pratiquement jamais, mais si çà arrive, t'es mal.
J'ai passé beaucoup de temps à déterminer la panne. Et je finis à plus d'une heure et demie du premier. Le soir, Franck a tout vérifié, on a dit que c'était l'iritrack, on nous a répondu que ce n'était pas possible, mais ils sont venus me le changer quand même.
Après c'est compliqué de se remettre en route, d'une position de second, en position de gagner une course, il a fallu répartir loin. Ne pas tout compromettre en voulant aller trop vite et chuter.
Au soir de cette 3ème étape où tu perds 1h35, tu te dis quoi, c'est fini, ou alors tu penses que perdre une heure et demie, c'est beaucoup, mais c'est en début de rallye, les autres peuvent avoir leurs soucis, tout est jouable, mais j'ai joué mon joker ?
C'est exactement cela, je me suis dit, mon joker est joué. Tu passes par deux phases, la première, tu es dégoûté, c'est fini, t'es plus dans ton objectif. Moi, je suis quelqu'un de très positif, çà n'a pas duré longtemps.
La deuxième phase, je me suis dit, « Attends David, ton Dakar, ce n'est que la 3ème étape, t'as eu ton petit problème, tout le monde va avoir son problème, donc à toi de remonter, de faire ta course, tu oublies cette 3ème journée et tu fais ce que tu sais faire. »
Et donc pour moi, trois jours après, c'était oublié. J'ai vu que je roulais bien, que je remontais. Et puis il y a une chose essentielle, quand tu te fais plaisir sur ta moto, avec ton équipe, on roule dans des paysages, dans un contexte où l'on est privilégié, c'est grandiose.
Et quand tu as toute ton équipe derrière toi, qu'elle te soutient, moi, je pouvais pas être mieux que cette année.
A la journée de repos, tu es revenu 6ème à 2h05 de Despres, à 46 minutes du second, tout le classement peut éclater à tout moment, à chaque étape. Tu peux reprendre 2-3 places sur une seule journée, mais devant, ils ont été réguliers.
Ils savent que je suis tenace, l'intérêt pour moi était de les pousser, donc ils ne pouvaient pas gérer, tout le monde était en bagarre pour sa place. Moi, j'ai mis la pression pour les pousser à la faute, mais ce n'est pas passé.
Tu finis 5ème, à 1h55 de Cyril, mais à 53 minutes de Ullevalseter qui est deuxième, ta 3ème étape te coûte chère. Pas trop déçu de ne pas avoir gagné ?
Non, j'ai fait tout ce qu'il fallait, l'important, c'est que je sais que je peux gagner, une victoire, c'est pas si facile. Ca fait partie du jeu et du métier, maintenant au contraire, il ne faut pas baisser les bras, je veux repartir avec plus de tests rallye-raid, je vois Jean-Claude Olivier mardi. Je souhaite savoir ce qu'il en est de l'avenir et des 450 sur le Dakar, parce que maintenant, on y est.
Est-ce qu'il y a un vrai engagement de Yamaha officiel, avec d'autres rallye-raids. Moi, je peux gagner, mais si on ne me met pas les outils pour gagner, je peux rien faire de plus.
Qu'est-ce qui te manque encore, tu m'avais dit en décembre que physiquement, tu étais au top, et ta moto bien préparée ?
Tout ce que je gère, je suis au top, ce qui me manque, c'est faire de la course, des rallyes. Il faudrait que j'ai au moins deux rallyes de préparation du championnat du monde dans l'année, çà veut dire se retrouver en configuration avec des pilotes du Dakar, faire de la navigation, parce que, c'est encore ce qui me manque actuellement. Je suis le seul pilote à faire un seul rallye.
Ton programme 2010 est-il concrétisé ?
Oui, en enduro, je fais le championnat de France et toutes les grandes classiques, la Grappe, le Trèfle, le Rand'Auvergne et le Val de Lorraine. Çà, c'est clair, mais je voudrais aussi impliquer Yamaha dans une nouvelle moto de rallye, maintenant on a la nouvelle 450 à injection, il faut travailler avec une nouvelle moto, çà veut dire, faire de la mise au point, faire des courses, comme je viens de dire, au moins deux rallyes avant le Dakar. Ca, c'est mon souhait.
Merci David, félicitation pour ta course, à bientôt.
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